S'achemine-t-on vers une période de transition qui requiert, pour reprendre Fatiha Benabou, spécialiste en droit constitutionnel, des solutions politiques en vue d'éviter l'impasse ? Tout porte à le croire. Au vu, notamment de la décision du Conseil constitutionnel d''ajourner l'examen des deux dossiers de candidature à la présidentielle du 4 juillet, massivement rejetée par la rue, après expiration du délai légal de dépôt des candidatures, fixé au 25 mai 2019. Surtout que le Conseil constitutionnel peut, en l'absence de candidats ou de rejet des dossiers de candidats ne réunissant pas les conditions légales, suspendre ce scrutin. Et que cette même Constitution, autorise le chef de l'Etat intérimaire à convoquer, à nouveau, le corps électoral et de fixer une nouvelle date en cas de déclaration, par le Conseil constitutionnel, de la suspension de ces élections et non leur annulation. Sur la scène politique nationale, partis et personnalités nationales ont formulé des propositions de sorties de crises dont certains se proposent une période de transition et d'autres un processus profond de changement de régime politique. Le Front des forces socialistes (FFS) plaide pour la tenue d'une conférence nationale de concertation et de dialogue pour élaborer un pacte politique consensuel qui devra préciser les contours du processus de transition démocratique pour régler la crise politique. Le plus vieux parti de l'opposition estime qu'il n'y a pas de fatalité historique car les solutions existent, le vide constitutionnel est éphémère devant la gravité de la situation et l'impérative nécessité de prévoir des solutions politiques pacifiques et démocratiques. « Il est plus que temps aujourd'hui de se conformer à la volonté populaire, en engageant le pays dans une transition démocratique qui verra l'élection d'une Assemblée constituante souveraine et l'avènement de la IIe République», dit-il, appelant, au passage, à l'organisation d'une conférence nationale de concertation et de dialogue, sans préalables, afin de cerner les contours d'un pacte politique consensuel. Ali Benflis, président de Talaie Al Hourryet, propose, quant à lui, la tenue d'un dialogue aux objectifs, dit-il, clairs pour dégager, dans les meilleurs délais, une solution politique consensuelle qui répond, observe-t-il, aux aspirations du peuple et qui évite au pays un vide constitutionnel, politique et institutionnel aux conséquences imprévisibles. Un dialogue, dont le succès, dépend, insiste Ali Benflis, de la qualité des participants qui doivent être crédibles et qui recueille ce qu'il a qualifié d'assentiment populaire. Insistant sur la nécessité à ce que la partie invitante à ce dialogue soit d'une autorité morale et politique incontestable, irrécusable. Ce dialogue, a poursuivi le président de Talaie Al Hourryet, doit aboutir à l'adoption d'un plan global pour régler la crise et assurer au pays une continuité institutionnelle transitoire jusqu'à l'élection du prochain président de la République avec, notamment, la création d'une instance indépendante pour l'organisation des élections. De leur côté, les Forces du changement regroupant partis politiques, syndicats et personnalités, suggèrent l'organisation d'une rencontre nationale avec la participation de tous les acteurs de la société, pour débattre des solutions à la crise politique. Une rencontre devant instituer une courte période de transition avec la désignation d'une instance présidentielle composée de personnalités nationales connues pour leur crédibilité, probité et compétence. Pour sa part, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) propose une courte transition de rupture avec le départ du chef d'Etat par intérim, le Premier ministre et la dissolution des deux chambres du Parlement. Le parti plaide pour l'élection d'une instance présidentielle provisoire qui désignera un gouvernement de salut national pour gérer les affaires courantes et préparer les conditions pour la création d'une instance nationale indépendante pour l'organisation des élections. Enfin, le Parti des travailleurs (PT) a, quant à lui, opté pour l'élection d'une Assemblée constituante pour gérer la période de transition aux fins de répondre à la volonté du peuple qui veut changer le système, de concrétiser la souveraineté populaire, d'aller vers la refondation politique et institutionnelle et élaborer une nouvelle Constitution, issue d'un large débat national, d'une large délibération nationale.