La mémoire n'est pas très bien conservée dans la wilaya de Boumerdès, c'est le moins que l'on puisse dire, et pourtant, l'ex-wali, en l'occurrence Brahim Merad avait dit et qualifié Boumerdès de wilaya «sans esprit», et pour cause, l'absence d'un musée dans la région a fait que le patrimoine, les trésors trouvés où l'histoire de la région sont préservés ailleurs, de même que les vestiges, des hauts lieux d'histoire sont en dégradation et les sites des camps coloniaux sont menacés d'effondrement. Mais le plus grave, c'est l'omerta infligée aux chahids qui ont vus leurs plaques épitaphes des ruelles totalement ôtées et remplacées par d'autres, à l'image de celle de Abbas Abdelkader et tant d'autres. Et pourtant, il est impératif de protéger le legs matériel immatériel des hommes et des communautés pour en assurer la pérennité. Et dire qu'en 2010, un projet de réalisation d'un musée est tombé à l'eau et personne n'en parle. Pourquoi un tel silence sur un projet aussi important qu'un musée dédié à la consevation de l'histoire de Boumerdès, celle qui, autrefois, était surnommée le «Rocher noir», qui fut historiquement le siège du premier gouvernement provisoire d'Algérie (GPRA), la première ville à abriter cette organisation. Alors, il est grand temps d'y remédier et de remettre les pendules à l'heure, alors comment se fait-il qu'en 2008, un important trésor de 703 pièces de monnaie fut découvert par un habitant, alors qu'il s'attelait à des travaux d'aménagement dans son domicile familial, à Legata (ex-Isserbourg. A défaut d'un musée, ce trésor datant de l'époque fatimide, fut acheminé vers un musée de l'algérois. Aussi, cela fait plusieurs décennies que des familles continuent de vivoter dans des camps coloniaux à travers plusieurs localités de Boumerdès. Elles évoluent dans des conditions déplorables au péril même de leurs vies. Dans la commune de Bordj-Ménaiel, ce sont une centaine de familles qui continuent à habiter le camp de torture appelé Cortesse, datant de l'époque coloniale, idem de celui de la «Ferme Germain», des camps construit dans les années 1955, ou plutôt des fermes de colons dont les propriétaires ont offert à la soldatesque française pour mater la révolution algérienne et torturer nos valeureux moudjahidine, nos valeureux militants de la cause algérienne. Le camp de la comtesse, dans la localité de Bordj-Ménaiel, est habité encore par plusieurs familles, ce tristement célèbre camp où les moudjahidine furent torturés par l'armée française menace ruine et risque de s'effondrer sur les citoyens. Il n'y a pas si longtemps, on a découvert des cadavres qui seraient des martyrs, des prisonniers de l'armée française furent déterrés suite à des travaux de creusement d'une entreprise qui entamait des travaux de raccordement au réseau d'assainissement. Boumerdès est une ville moderne, cosmopolite digne de son statut de wilaya qui mérite plus d'égard et beaucoup d'attention et dont le wali (et son exécutif) veille au grain en lui accordant une touche à la «Yahia Yahiaten», nouveau wali, et qui selon lui, «un bon programme de développement est en cours de concrétisation pour la région, lequel permettra de combler tous les déficits en matière de développement, à condition de laisser les gens travailler», tout en réitérant à chacune de ses sorties que «les portes de l'administration ont pourtant toujours été ouvertes pour écouter les doléances des citoyens» Il est grand temps que Boumerdès retrouve son statut de ville urbaine et cosmopolite à l'instar des grandes localités tels que Bordj-Ménaiel, Dellys, Khemis El Khechna, Boudouaou, Chabet El Ameur, Hamadi, Naciria, Baghlia, Cap-Djinet, Zemmouri et tant d' autres localités. Yahia Yahiaten, wali de la trente-cinquième wilaya d'Algérie, va-t-il conserver le nouveau look de la ville, une identité, une touche propre au chef-lieu de wilaya et aux trente-deux communes dont il a la responsabilité en sa qualité de commis de l' État. L'idée avait germé dans la tête du Premier magistrat de la wilaya, en l'occurrence, M. Madani Fouatih Abderahmane, lors d'un conseil de wilaya qui a instruit les services concernés en vertu d'une circulaire datée du 27 décembre 2016 dans le but de prendre en considération la préservation de l'intégrité esthétique des peintures décoratives des façades extérieures des bâtisses en optant pour le choix des couleurs et teintes blanc cassé (0w 21-b) et le bleu (A 31- C) qui constituera un tout homogène que les pouvoirs publics ainsi que le privé sont censés préserver. Si la capitale est surnommée «Alger la blanche», Boumerdès devrait, quant à elle, avoir son nouveau look, sa propre teinte avec sa propre identité avec son blanc cassé et son bleu. Depuis son installation dans la wilaya de Boumerdès, il y a de cela moins d'une année, M. Yahia Yahiaten n'a pas encore taté le poul de la wilaya par des sorties à travers les trente-deux communes. Il n'a pas encore commencé ses sorties pour inspecter plusieurs projets en cours de réalisation, à l'image des grands transferts d'eau potable et d'aménagement urbain ; ainsi les recommandations premières sont de prendre acte du projet de raccordement de la commune de Timezrit, Chabet El-Ameur et des villages avoisinants aux réseaux d'eau potable via le système des grands transferts à partir de Cap-Djinet par le dessalement de l'eau de mer. Ce projet couvrira les besoins de ces communes montagneuses en eau potable, le projet avance actuellement avec un rythme appréciable. «J'insiste pour le délai de réalisation car vous ne devriez pas pénaliser les citoyens.» Le wali et la ville de Dellys M. Yahia Yahiaten connaît la valeur historique des communes dont il a la charge de gérer, il sait qu'une ville comme Dellys recèle des vestiges de toutes les dynasties qui s'y sont succédées, depuis les Romains jusqu'à la colonisation française et dont le cœur de la ville est truffé d'empreintes, de forts, de murailles, de fortins et dont un SOS est lancé car des dégradations affectent cette ancienne citadelle qu'est La Casbah, supposée être prise en charge dans le cadre du plan de sauvegarde permanent, donne un pincement au cœur, les dégradations qui affectent le patrimoine historique sont si patentes qu'elles appellent à une restauration d'urgence. Bordj-Ménaiel, patrimoine historique en péril Même topo pour la ville de Bordj-Ménaiel (le fort bleuté) qu'on surnomme par un étrange hasard «Bordj-Ménaiel», ou le «Fort bleuté». Coïncidence oblige puisque la couleur choisie pour les façades des bâtiments aussi bien étatiques que privés est la couleur bleue, qui a tendance à partir en lambeaux, si ce n'est totalement, sans oublier la Ferme Cortès, ancien camp de concentration, de tri et de tortures dont la majorité de la ferme est occupé par des familles guère mieux loties, car un ancien prisonnier moudjahid de la région se désole de cette situation catastrophique qui ne le fait pas moins tressaillir au passage, lorsque son regard balaie ce lieu inoubliable des événements de la Guerre de libération nationale. Cortès nécessitait une prise en charge et également une prise de conscience, une adhésion pleine et entière de la part de l'Organisation nationale des moudjahidine de la wilaya de Boumerdès. Cortesse est un lieu qui mérite un meilleur sort, un monument historique que l'armée française a utilisés pour torturer les moudjahidine. Quelle torture ! Des sévices inoubliables. On a voulu que la mort de cette ferme soit programmée, il s'ensuit que, le site dans son ensemble, (garnison, cellules, salles de torture et caserne militaire),un tout homogène que les pouvoirs publics, une fois l'indépendance acquise étaient censés préserver, avant que la dégradation ne fasse disparaître une page glorieuse de l'histoire de la ville et de la mémoire collective. Un peuple qui renie son histoire n'a pas droit à l'existence. Khemis El Khechna, autrefois Fondouk, allusion faite au «fendek», (hôtel) qui existait dans cette région avec les «Khachnas» des montagnes (une population très solidaire et unie) et dont les vestiges historiques sont omniprésents mais abandonnés, une ville qui compte des vestiges vivants, non seulement de la période coloniale mais également de l'antiquité. Khemis El Khechna possède une longue histoire qui actuellement se trouve à la dérive. Le wali exhorte la population à la sagesse pour une bonne prise de conscience et une adhésion pleine et entière pour la sauvegarde de nos villes. Chaque ville, chaque village, chaque douar, chaque dechra de la wilaya de Boumerdès à sa propre histoire et sa propre touche qu'il faut savoir protéger.