Une première dans les annales judiciaires en Algérie, un ancien Premier ministre, il s'agit d'Ahmed Ouyahia, est placé sous mandat de dépôt et se trouve depuis hier à la prison d'El Harrach où il a été conduit à bord d'un fourgon de la sûreté nationale après avoir été entendu par le juge enquêteur de la Cour Suprême. L'ancien ministre des Travaux publics et des Transports, Abdelghani Zaâlane, également, a été placé sous mandat de dépôt et se trouve à la prison d'El Harrach. L'ancien Premier ministre Ahmed Ouyahia était arrivé, hier en début d'après midi, à la Cour suprême pour être auditionné par le juge enquêteur de la Cour sur des soupçons de corruption, d'obtention et d'octroi d'indus avantages, de dilapidation du denier public et d'abus de pouvoir. Cette information avait défilé sur le bandeau «important» au bas de l'écran sur la chaîne A3 de la télévision nationale hier à 14h00. Les journalistes des différents médias se trouvaient sur les lieux au moment de l'arrivée d'Ahmed Ouyahia et ils s'attendaient à l'arrivée d'autres personnalités anciennement haut placés dans le système. Effectivement, deux heures après l'arrivée d'Ahmed Ouyahia, c'était au tour de l'ancien ministre des Travaux publics et des Transports, Abdelghani Zaâlane, de se présenter à la Cour Suprême pour être entendu par le juge d'instruction près ladite Cour. On sait que l'ex-Premier ministre, Ahmed Ouyahia a comparu dimanche devant le tribunal de Sidi M'hamed, mais aucune information n'avait filtré sur le motif de cette convocation. Il avait déjà comparu, avec plusieurs autres, à la mi-mai devant le procureur de la République, dans le cadre de la poursuite des enquêtes concernant l'affaire de l'homme d'affaires, Ali Haddad. Il y a deux semaines, un communiqué du parquet général avait fait savoir que le parquet général près la Cour d'Alger a transmis au procureur général près la Cour suprême, le dossier d'enquête préliminaire instruite par la police judiciaire de la gendarmerie nationale d'Alger, pour des faits à caractère pénal, à l'encontre des nommés: Zaalane Abdelghani, Tou Amar, Talaï Boudjemaa, Ghoul Amar, Benyounes Amara, Bouazgui Abdelkader, Djoudi Karim, Bouchouareb Abdesslam, Zoukh Abdelkader, Khanfar Mohamed Djamel, Sellal Abdelmalek et Ouyahia Ahmed. Par ailleurs, le sénateur Djamel Ould Abbes, ancien Secrétaire général du FLN, a rédigé sa demande de levée d'immunité et l'a déposée emboîtant ainsi le pas à Saïd Barkat, qui a renoncé lui aussi à son immunité parlementaire. La séance programmée pour le 19 juin prochain au Conseil de la nation pour trancher dans cette question a donc été annulée. D'autre part, selon des sites d'informations, le ministère de la Justice a notifié officiellement au Conseil de la nation et à l'Assemblée populaire nationale sa demande de levée d'immunité parlementaire du sénateur Amar Ghoul, qui a été plusieurs fois ministre, et du député Boudjemaâ Talaï, ex-ministre des Transports et des Travaux publics. Depuis plus de deux mois, la Justice a convoqué de nombreux responsable dans le cadre de ces enquêtes. Le Parquet général de la Cour d'Alger avait expliqué que la lutte anti-corruption "est inscrite au titre des priorités de la politique pénale que le Parquet veille à mettre en œuvre". Il avait également souligné qu'il tient à se conformer, au secret de l'enquête et de l'instruction, à la présomption d'innocence consacrée par la Constitution en son article 56 et à la réunion de toutes les garanties de défense à travers les différentes étapes de l'action publique.