Le conflit yéménite boucle en ce mois de juillet sa cinquième année consécutive plongeant le pays le plus pauvre de la péninsule arabique dans une grave crise humanitaire tandis que les efforts diplomatiques sont de plus en plus fragilisés par la poursuite des combats entre les deux camps sur le terrain. Le 8 juillet 2014, le mouvement Ansarullah occupait Amrane qui fut la première grande ville du pays à être sous le contrôle des Houthis qui se sont ensuite emparés de vastes pans du territoire lors d'une offensive éclair lancée depuis Saada (nord). Le conflit a fini par embrasé la plupart des régions du Yémen, plongeant le pays dans un chaos meurtrier qui ne semble pas devoir s'achever aujourd'hui, en dépit des efforts menés par la communauté internationale. Des dizaines de milliers de morts et de blessés, dont de nombreux civils, ont été recensés par diverses organisations humanitaires. Environ 3,3 millions de personnes sont toujours déplacées et 24,1 millions, soit plus des deux tiers de la population, ont besoin d'assistance, selon l'ONU. La situation du pays ne cesse de se détériorer, alors que l'intervention de la coalition internationale conduite par l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis en 2015 pour bloquer l'avancée des Houthis est loin d'avoir atteint ses objectifs. Les Houthis ont résisté face aux forces progouvernementales soutenues par la coalition arabe. Les forces d'Ansarullah contrôlent toujours étroitement la capitale Sanaa et une majorité de villes dans le nord, le centre et l'ouest du pays, dont Hodeida, ville portuaire sur la mer Rouge, principal point d'entrée de l'aide humanitaire. Malgré d'intenses bombardements aériens lancés par la coalition, les éléments d'Ansarullah sont parvenus à riposter notamment à l'aide d'attaques de drones et de missiles atteignant des villes et des infrastructures vitales d'Arabie saoudite provoquant d'importants dégâts, des morts et des blessés parmi des civils. Sur le plan diplomatique, la mission de médiation menée par l'Envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU, Martin Griffiths est de plus en plus fragilisée par la poursuite du conflit. La mission de médiation onusienne de plus en plus fragilisée Après les avancées obtenues sur le terrain suite aux accords de Stockholm en décembre 2018, la mission onusienne est aujourd'hui dans une situation d'impasse, notamment après les critiques qu'elle avait essuyées de la part du gouvernement yéménite. M.Griffiths a été, en effet, accusé de permettre aux Houthis de rester dans la ville stratégique de Hodeida (ouest) et dans son port, contrairement à ce que prévoient les accords conclus en Suède sous l'égide de l'ONU. Les responsables gouvernementaux yéménites avaient dénoncé une «manipulation» quant au retrait des Houthis des trois infrastructures, accusant les éléments d'Ansarullah d'en remettre le contrôle à des garde-côtes leur étant favorables. La levée de boucliers contre l'envoyé spécial de l'ONU a provoqué des incertitudes quant à l'avenir de cette mission, d'autant plus que trois émissaires onusiens se sont succédés depuis près de cinq ans pour tenter de mettre un terme au conflit. M.Griffiths, en fonctions depuis février 2018, avait pris la suite du Mauritanien Ismail Ould Cheikh Ahmed, avec lequel les Houthis avaient rompu les contacts et dont le prédécesseur, le Marocain Jamal Benomar, avait démissionné en 2015 après l'entrée en guerre de l'Arabie saoudite. Dans le but d'encourager les parties en conflit à poursuivre les contacts et les négociations, les Nations unies ont fait état en mai dernier de «progrès positifs» dans cette optique. L'organisation a relevé notamment le retrait des Houthis du port de Hodeida et de deux autres ports proches, renouvelant son «plein soutien» à Martin Griffiths. Dans ce contexte, le Conseil de sécurité a appelé, en outre, les parties en conflit à pleinement respecter un cessez-le-feu autour de Hodeida et à s'engager dans l'échange de prisonniers. Cette voie diplomatique est jugée indispensable, par des observateurs internationaux en raison des conséquences de cette guerre qui a fragmenté le pays. «Il faudra beaucoup plus de cinq années pour revenir au degré de cohésion interne de 2014», estime-t-on.