L'accord de cessez-le-feu au Yémen, arraché à Stockholm après d'intenses efforts diplomatiques, est de nouveau menacé suite aux affrontements enregistrés samedi à Hodeida et l'attaque meurtrière au drone jeudi menée par les Houthis contre un défilé de l'armée yéménite. Malgré l'accord de trêve conclu entre les deux camps sous l'égide des Nations unies en décembre dernier, en Suède, les belligérants continuent à s'affronter notamment à Hodeida, ou transite l'essentiel de l'aide humanitaire internationale qui arrive dans le pays. Selon des témoins cités par des médias locaux, des tirs d'artillerie et des rafales d'armes retentissent chaque jour dans la ville depuis le 18 décembre dernier, date d'entrée en vigueur de l'accord de cessez-le-feu. Les éléments du mouvement «Ansarullah» (Houthis) ont accusé l'aviation de la coalition arabe, sous commandement saoudien, d'avoir mené des raids et violé la trêve à Hodeida. Mais, l'attaque au drone de jeudi dernier contre un défilé militaire de l'armée yéménite, revendiquée par les éléments d'Ansarullah, a porté un coup dur à l'accord de cessez-le-feu signé à Stockholm. L'attaque au drone risque, en outre, de relancer les hostilités entre les deux pays, alors que l'ONU s'est engagée il y a quelques jours à réunir les deux parties en conflit pour de nouveaux pourparlers avant la fin du mois de janvier à Amman (Jordanie). Au cours de cette attaque au drone qui a visé un défilé militaire organisé sur la base aérienne d'Anad (sud), au moins sept militaires ont été tués sur le coup et 11 autres ont été blessés, selon les autorités yéménites. Le général de brigade Saleh Tamah, grièvement touché lors de cette attaque, a succombé dimanche matin à ses blessures, ont annoncé des sources médicales précisant que le défunt avait subi plusieurs opérations chirurgicales dans un hopital d'Aden, mais sans succès. Parmi les blessés figuraient également le chef d'état-major adjoint du Yémen Saleh Zendani, le commandant de la 4e zone militaire Fadel Hassan et le gouverneur de Lahj, Ahmed Abdallah Turki. M. Turki et Zendani ont été transportés en Arabie saoudite pour y être soignés, a indiqué un responsable yéménite. Le médiateur de l'ONU appelle à la «retenue» Condamnée par la communauté internationale, cet attentat a provoqué déception et consternation, d'autant plus que l'émissaire de l'ONU pour le Yémen, Martin Griffiths, tente ces derniers jours de relancer les pourparlers de paix pour la résolution diplomatique du conflit ayant provoqué plus de 10 000 morts et une grave crise humanitaire. Le médiateur de l'ONU pour le Yémen s'est dit inquiet par l'escalade de la violence et a appelé les belligérants à la «retenue» pour maintenir «la dynamique positive» des récents pourparlers. Exhortant toutes les parties au conflit à exercer de la retenue et à éviter toute escalade supplémentaire», Martin Griffiths a insisté sur la création d'une «atmosphère propice pour maintenir la dynamique positive générée par les consultations en Suède et la reprise du processus de paix yéménite». En dépit de cet appel, les éléments Houthis ont refusé dimanche de prendre part une réunion sur l'accord de trêve à Hodeida, en signe de mécontentement contre le chef des observateurs de l'ONU Patrick Cammaert. Selon des sources médiatiques, les Houthis ont boycotté une réunion du comité mixte avec le gouvernement, présidée par le général Cammaert à Hodeida (ouest). Dans un tweet, Mohammed Abdelsalam, qui a dirigé en décembre la délégation des Houthis aux pourparlers de paix en Suède, a accusé le général néerlandais de «poursuivre un autre objectif» que celui de progresser vers la consolidation de la trêve dans cette ville stratégique sur la mer Rouge. «Le peu de progrès dans l'application de l'accord sur Hodeida s'explique en grande partie par l'attitude du chef des observateurs de l'ONU», a-t-il affirmé, sans autres précisions. Il a appelé l'émissaire de l'ONU pour le Yémen, Martin Griffiths, à «remédier à cette situation». Une source onusienne a refusé de commenter ces déclarations. Le comité présidé par le général Cammaert est supposé organiser des redéploiements des combattants Houthis et des forces gouvernementales. Les premiers sont supposés se retirer des ports de Hodeida, de Salif et de Ras Issa. Les forces des deux parties devraient ensuite se retirer de la ville même, mais aucun de ces redéploiements n'a encore eu lieu.