«Qu'elles sont belles ces filles et qu'ils sont beaux ces garçons, innocents et sans calculs monétaires, habillés du drapeau Algérie». Non l'équipe nationale algérienne n'a pas démérité. Lié à ce processus de développement indissociable, pour bénéficier véritablement de son intégration au marché international, le football algérien doit absolument construire un modèle économique dont la professionnalisation lui permettant de conserver ses meilleurs joueurs plus longtemps supposant des mécanismes de régulation qui arbitrent de manière plus équilibrée entre recherche du profit et les aléas des compétitions. Et quelque soit le résultat à la finale en Egypte, en ce mois de juillet 2019, elle aura réalisée ce qu'aucun gouvernement depuis des décennies n'a réussi, à l'image de tous ces vendredis AL Hirak, réconcilier les Algériens avec eux mêmes. Jamais de mémoire depuis l'indépendance politique une fièvre de liesse populaire en faveur du drapeau national, des immeubles, des maisons, des voitures, bus et camions décorés de drapeaux, n'a eu lieu, et ce de l'Est à l'Ouest en passant du Centre au Sud.. Pour la première fois, le 05 juillet 2019, jamais, auparavant pendant les fêtes de l'indépendance passées, on n'a pas vu cela, fête ces dernières années inaugurées par des officiels au sein de salons climatisés, passée presque inaperçu. Cela ne signifie pas que les Algériens n'accordent pas une importance à cette importante fête mais qu'ils la fêtent à leur manière, la plus sure et la plus sincère dans le cœur.. Qu'elles sont belles ces petites filles et qu'ils sont beaux ces petits garçons, innocents et sans calculs monétaires, habillés du drapeau Algérie. Ainsi, l'Algérie se trouve réconcilier avec elle même grâce à cette jeunesse qui renoue avec celle de 1962 (le même âge bien que l'Algérie soit indépendante depuis plus de 57 ans) qui avait fêté l'indépendance nationale ou celle de la guerre de libération nationale, en brandissant avec fierté également le drapeau Algérie. L'équipe nationale réconcilie également l'Algérie avec sa communauté émigrée, montrant qu'un Algérien sportif, intellectuel, ou opérateurs économiques, évoluant dans un autre environnement, loin des tracasseries bureaucratiques s'épanouit. On ne peut faire revenir les «génies», il ne faut pas se tromper de cibles, que si on améliore d'abord le sort de ceux qui sont sur place pour éviter également leur départ par leur revalorisation et surtout par la considération supposant un renversement des échelles de valeur reposant sur la morale,le savoir et non sur les rentes, où hélas les pratiques sociales contredisent souvent les discours des responsables dont nombre se retrouvent inculpés après leurs discours démagogiques trompeurs. Cette mobilisation citoyenne est donc sans pareille, que les autorités devraient méditer avec une extrême attention au lieu de se contenter d'une distribution passive de la rente des hydrocarbures, pour une paix sociale éphémère, car ne relevant pas d'une bonne politique socio- économique hors rente, ni d'une bonne gouvernance, partage de surcroît inégalitaire comme en témoigne les enrichissements sans efforts et la course aux rentes. Et oui, qui a dit que les Algériens n'aimaient pas leurs pays puisque la leçon vient de jeunes qui donnent des leçons aux adultes. Or, la leçon que l'on peut tirer de ces déclarations de jeunes sans arrières pensées, est que ce serait une grave erreur politique de certains partis politiques- pouvoir et opposition- ou de certaines personnes en mal de publicité de faire de cette mobilisation spontanée une adhésion à leur politique et s'il y a eu cette immense mobilisation, c'est que le politique est hors jeu. Car, selon l'adage l'espoir fait vivre, la majorité des Algériens s'attache, faute de mieux avec la détérioration de leur niveau de vie sur le plan socio-économique, à des signes d'espoir et que la leçon des harragas témoigne d'une situation de désespoir que certains responsables malveillants tentent de banaliser alors qu'ils constituent un social profond. Aussi, comment ne pas penser à donc à l'avenir de cette jeunesse car l'Algérie dans 15/20 ans c'est -à dire demain, avec une population qui dépassera 50 millions d'habitants avec l'épuisement des ressources en hydrocarbures, l'âge moyen de nos filles et garçons d'environ 18 ans en 2019, auront 33 ans et entre temps ayant une exigence comme tout Algérien avoir un emploi, un logement, se marier, avoir des enfants, donc une demande sociale croissante, donc une obligation, supposant de préparer l'ère de l' après pétrole pour les générations futures. Après l'euphorie sportive, la majorité de la population algérienne sera donc à nouveau confrontée à la dure réalité économique et sociale c'est dire le niveau de leur pouvoir d'achat et le gouvernement de trouver des solutions adéquates pour un développement durable. On ne peut isoler le sport d'une vision d'ensemble. Les joueurs la majorité étant des émigrés retourneront à l'étranger, et où est donc cette équipe locale témoignant de l'échec de la politique sportive, malgré des sommes folles dépensées, ayant favorisé, comme pour d'autres secteurs, le départ de l'élite qui à l'étranger. Pourtant, au vu de cette immense énergie de la population, l'Algérie a toutes les potentialités pour devenir un pays pivot et relever les défis du développement face à la mondialisation, en ce monde en perpétuel mouvement, impitoyable où toute Nation qui n‘avance pas recule. Le patriotisme économique ne saurait s'assimiler au tout Etat bureaucratique des années 1970, car dans des pays comme les USA, la France, l'Espagne, l'Italie, la Corée du Sud, l'Afrique du Sud, les citoyens sont fiers d'être américains, français, allemands, espagnols, italiens, sud-coréens ou sud africains. Pour le cas de notre pays chacun est fier est d'être algérien et personne n'a le monopole du patriotisme, d'où l'importance d‘un dialogue productif rassemblant tous els algériens en tolérant nos différences, l'unanimisme étant le signe de la décadence de toute société.. Remercions donc vivement l'équipe nationale pour ce renouveau d'espoir qu'elle a suscité au profit exclusif de l'Algérie, en souhaitant qu'ils se déroulent dans la sérénité et l'esprit sportif qui a toujours animé notre équipe nationale. Car, la leçon principale que l'on peut tirer est que la population algérienne d'une manière générale et notre jeunesse d'une manière particulière (70% de la population) est capable de miracles pour peu que on lui tienne un discours de vérité grâce à une nouvelle communication et une gouvernance rénovée, et ce grâce à une mobilisation citoyenne, condition pour le développement de l'Algérie., cette jeunesse dynamique bien plus importante que toutes les ressources en hydrocarbures. Car, le véritable patriotisme se mesurera à l'avenir par la contribution de chaque algérien à l'accroissement de sa participation à la valeur ajoutée mondiale et aux gouvernants une moralité sans faille. En fait, la population algérienne à travers cette mobilisati demande plus de liberté, plus de justice sociale récompensant le travail et l'intelligence et non les rentes en contrepartie de soumissions de clientèles, en un mot un Etat de droit et la démocratie sans renier ses valeurs culturelles. Face à des mesures autoritaires bureaucratiques centralisées sans adhésion et concertation, l'autosatisfaction source de névrose collective, la faiblesse de contrepoids politiques et économiques, la société enfante ses propres règles qui lui permettent de fonctionner dans un Etat de non droit. Or seuls, le dialogue permanent, le respect du contrat gouvernants/gouverné, la réorientation de la politique socio-économique conciliant l'efficacité économique et une profonde justice sociale, évitant ce manque de cohérence et de visibilité permettront le dépassement du statut quo et de la crise multidimensionnelle, qui caractérisent actuellement l'Algérie. En résumé, il ya urgence de solutionner la crise politique, sur la base d'un dialogue productif avant la fin de l'année 2019, afin d'éviter la déflagration économique et sociale de l'Algérie ce qu'aucun patriote ne souhaite. Les derniers évènements et mesures biaisées montrent clairement que certains segments des pouvoirs publics (central et local), du fait de l'ancienne culture bureaucratique et administrative, n'ont pas une appréhension claire de l'essence de la crise actuelle. La lutte contre la corruption implique un véritable Etat de Droit une nouvelle gouvernance si l'on veut la combattre efficacement alors qu'elle constitue le plus grand danger, pire que le terrorisme qu'a connu l'Algérie entre 1990/2000. Mais ne soyons pas pessimiste vis-à-vis de la situation actuelle. Comme j'ai eu à l'affirmer dans l'interview donnée à Jeune Afrique ParisFrance le 24 juin 2019 «notre jeunesse et l'Armée nationale populaire ont montré une maturité sans faille, malgré certains dépassements mineurs. Il faut aller vers un climat apaisé avec des concessions de part et d'autres afin de dépasser le statut quo par des élections transparentes. Une longue période de transition, en économie, le temps perdu ne se rattrapant jamais conduit inévitablement le pays droit au FMI avec l'épuisement des réserves de change. Dans moins de deux ans et dans ce cas personne, vni pouvoir, ni opposition, ni Al Hirak, ne pourra parler d'indépendance politique et économique. Le dialogue productif, au profit exclusif de l'Algérie, assorti à une profonde restructuration des partis et de la société civile sur la base de nouveaux réseaux, est la seule voie de sortie de la crise actuelle. L'Algérie a besoin qu'un regard critique et juste soit posé sur sa situation, sur ce qui a déjà été accompli de 1963 à 2019, et de ce qu'il s'agit d'accomplir encore au profit exclusif d'une patrie qui a besoin de se retrouver et de réunir tous ses enfants autour d'un même projet, d'une même ambition et d'une même espérance. Dr Abderrahmane Mebtoul, professeur des universités, expert international