Des centaines de feux de forêts ravagent en permanence les surfaces arborescentes en Algérie menaçant ainsi le patrimoine forestier. C'est un constat alarmant relevé par les pompiers et les services de la Protection civile qui font face à une recrudescence des départs de feux de forêts dans plusieurs wilayas du pays, depuis le début de l'été. Plus de 923 incendies ont été enregistré et plus de 6.058 hectares de végétations détruites, endommageant l'écosystème à plus de 46%. Les pertes causées par ces feux de forêts se comptent à des milliards de dinars. C'est du moins ce qu'a fait savoir, hier, le directeur général des forêts, Abdelghani Boumessaoud qui a tiré la sonnette d'alarme sur la situation, notamment, en absence de moyens adéquats pour faire face à l'avancée des flammes qui menacent les habitations comme c'était le cas dans la wilaya de Tissemsilt qui a vu partir en fumée plus de 1.450 hectares après le déclenchement de plus de 167 incendies dans plusieurs régions de la région dont 110 hectares de broussailles et de chênes verts ont été détruits. Aucune victime n'est à déplorer, mis à part le préjudice causé à la flore de la région qui prendra des années pour se ressusciter à nouveau. Même constat dramatique est relevé du côté de la wilaya de Tissemsilt, une zone aride de nature a vu partir en fumée plus de 1.104 hectares après le déclenchement de 28 feux de forêts, maîtrisés difficilement, en raison des vents qui soufflaient et qui ont compliqué l'intervention des pompiers. D'une ampleur moindre, mais avec de grand dégâts matériels, ont été enregistrés dans la wilaya d'Ain Defla. Les trois régions suscitées sont les wilayas qui ont souffert des feux de forêts et ont subi des pertes à plus de 50%. La plupart des incendies de végétations recensés se sont produits dans les forêts et des zones arbustives, étanchées par les températures caniculaires de l'été, qui ont dépassé les 45° et ont facilité le départ des feux. Depuis plusieurs semaines, les incendies se sont multipliés de façon anormalement atterrante et suscitant la colère des habitants à proximités des zones sinistrées ravagées pour quelques unes à 100%. Entre colère et indignation, les citoyens dénoncent un crime contre la faune et la flore qui sont les principales victimes des feux de végétation et alimentant même le doute sur les origines de ces déclenchements, concentrés dans des régions rapprochées. Comme c'est le cas pour les wilayas de Tizi-Ouzou, Bouira et Béjaïa, Jijel qui brûlent depuis des semaines sous le silence des autorités et le travail herculéen des pompiers qui ont du mal à éteindre ces feux qui se propagent à une vitesse extraordinaire. En plus de mise en péril de toute la flore, les espèces animales vivant dans ces zones ne sont pas sorties indemnes. A l'exemple de la wilaya de Bouira, notamment dans sa partie nord-est, à Tikjda et à Tala Rana, des dizaines d'espèces animales ont été décimés par les flammes. La situation s'amplifie de jour en jour en raison de l'explosion des températures qui ont atteint les 47° dans certaines régions, ainsi que par les vents qui sévissent dans les montagnes, accidentées. Constantine, Alger, Chlef, Jijel, Tissemsilt, Médéa et Blida n'ont pas été épargnées par les incendies qui ont embrasé plusieurs endroits, mais à des niveaux disparates. Avec une moyenne de 17 départs de feux par jour, les inquiétudes des citoyens sont de plus en plus grandissantes, alors que l'été est encore à ses débuts et pourrait se prolonger jusqu'au mois de septembre ou octobre. Avec le dérèglement et le réchauffement climatique, la succession des saisons ne répond à aucune logique. La sécheresse et le manque d'eau de pluie, le risque d'amplification des feux de forêts est croissant. De surcroît, l'absence de moyens matériels pour soutenir les pompiers dans leur mission afin de vaincre les flammes qui dévorent chaque jour une zone forestière précise. Sans oublier l'impact de la déforestation sur la montée du désert vers le Nord, menaçant ainsi l'espace réduit de verdure existant, en Algérie. Les habitants de ces régions endommagées par les incendies n'hésitent pas à pointer de doigt l'absence des autorités pour venir en aide à ces régions incendiées. Ce qui soulève la suspicion de certains citoyens quant à l'origine de ces feux de forêts, qualifiés par la plupart d'acte criminel, plus que naturel.