Grâce à l'exportation du phosphate et du fer à l'état brut ou semi-brut, l'Algérie fera-t-elle face à la baisse du prix du pétrole comme le stipulent certains experts ? Or, tant pour le phosphate que pour le fer (brut ou semi-brut), la commercialisation dépend tant des contraintes d'environnement, du management stratégique interne, de la teneur chimique donc de leur pureté qui déterminent le coût d'exploitation, de la croissance de l'économie mondiale et surtout de sa future structure avec la quatrième révolution industrielle qui se met progressivement en place 2019/2030 fondé sur les nouvelles technologies et l'intelligence artificielle posant la problématique du fondement du développement, la bonne gouvernance et l'économie de la connaissance. Le prix du fer est fluctuant… Si l'on s'en tient aux statistiques internationales, le prix de la tonne, tout dépendant surtout de la relance de l'économie chinoise, les aciéries chinoises absorbant 70 % de la demande mondiale du minerai de fer, dont le prix entre mai/ juin 2019, a été en moyenne coté à 100 dollars la tonne, en hausse par rapport aux années 2016/2017, coté le 27 juillet 2016 à 56 dollars la tonne métrique, puis 2017/2018 entre 70/80 dollars la tonne. A un cours optimiste de 100 dollars la tonne le fer brut, pour une exportation brute de 3 millions de tonnes /an, nous aurons un chiffre d'affaire de 300 millions de dollars et pour 30 millions de tonnes, 3 milliards de dollars. Mais à ce montant il faudra retirer plus de 50% de charges (le cout d'exploitation est très élevé) restant entre 150 millions de dollars pour 3 millions de tonnes et 1,5 milliards de dollars pour 30 millions de tonnes. Ce montant est à se partager selon la règle des 49/51%, avec le partenaire étranger restant à l'Algérie en cas de 30 millions de tonnes, moins de 800 millions de dollars. C'est que l'exploitation du fer de Gara Djebilet nécessitera de grands investissements dans les centrales électriques, des réseaux de transport, une utilisation rationnelle de l'eau, des réseaux de distribution qui font défaut du fait l'éloignement des sources d'approvisionnement, tout en évitant la détérioration de l'environnement, car les unités étant très polluantes et surtout une formation pointue. Et là on revient à la ressource humaine, pilier de tout processus de développement. Donc, comme pour le phosphate, seule la transformation en produits nobles peut procurer une valeur ajoutée plus importante à l'exportation. Ainsi, le cours de l'acier, existant plusieurs catégories d'acier, est très fluctuant s' est établi à 650 dollars la tonne métrique entre mai/juin 2019 et pour le cuivre environ 6018 dollars, l'inox à 2371, l'aluminium 1781,le plomb à 1815, le zinc à 2743, et la ferraille 245 dollars la tonne Du fait de la structure oligopolistique de la filière mines, au niveau mondial, la seule solution, si on veut exporter ces produits nobles, est un partenariat gagnant/ gagnant avec les firmes de renom qui contrôlent les segments du marché international qui n'accepteront pas la règle restrictive des 49/51% avec les lourdeurs bureaucratiques, la souplesse et les décisions au temps réel régissant le commerce international. 3- Quelle conclusion en tirer ? Attention aux utopies comme cette déclaration d'un ancien ministre de l'Industrie courant 2014 reproduites par l'APS que l'Algérie économiserait 30 milliards de dollars durant les trois ou quatre années grâce aux Mines, alors que l'économie productive de 2019 est embryonnaire, l'Algérie dépendant directement et indirectement pour ses entrées en devises à environ 98% des hydrocarbures brut et semi brut ayant délaissé la pétrochimie. Tout cela pose la problématique des limites de la dépense publique via la rente et renvoie, pour l'Algérie, à la maitrise du management stratégique pour éviter les surcoûts, la mauvaise gestion et surtout le pilotage à vue, ignorant les nouvelles mutations mondiales où l'initiation de projets non muris risquent de faire faillite à terme. Comme cette dérive du montage de voitures où l'on constate actuellement que c'était un montage pour trafic de transfert de devises. où l'on recensé des dizaines de constructeurs qui n'existent nulle part dans le monde, allant à des faillites prévisibles, après avoir perçu des avantages financiers et fiscaux considérables. Comme cette utopie de dizaines de complexes de ciment où nous assistons actuellement à la sous- utilisation de capacités avec le risque du refroidissement si le stockage est de longue durée, accroissant les coûts, alors inutilisables pour la construction, excepté Lafarge qui a des points d'appui en Afrique à travers ses filiales étant difficile pour les autres unités d'exporter avec une rentabilité certaine notamment vers l'Europe où, contrairement à certains discours ne reposant sur aucune étude de marché séreuses, les parts de marché étant déjà pris avec de nombreux complexes en voie de réalisation. Pour ce cas, de nouvelles méthodes de construction au niveau mondial sont en cours économisant le rond à béton, le ciment et l'énergie et selon les experts consultés la seule solution, comme en Allemagne, est d'utiliser le béton pour construire les routes revenant souvent moins cher que le bitume importé (voir nos contributions www.google.com sur l'incohérence de la politique économique 2013/2018). L'Algérie a besoin d'une vision stratégique au sein de laquelle doit s'insérer la politique industrielle (institutions, système financier, fiscal, douanier, domanial, système socio-éducatif, le marché du travail, le foncier ect.), afin de s'adapter aux nouvelles filières mondiales en perpétuelles évolutions poussées par l'innovation. Sans cette nécessaire adaptation au nouveau monde en perpétuelle mutation, renvoyant à une nette volonté politique d'accélérer les réformes, donc à un renouveau culturel pas seulement des responsables mais de la société, l'Algérie ayant toutes les potentialités pour dépasser le statut quo actuel, il est vain de pénétrer le marché mondial et encore moins la filière minière contrôlée par quelques firmes internationales. Il ne faut pas vendre des rêves : l'Algérie dépendra encore pour de longues années des hydrocarbures. Les autres matières premières permettent de réaliser tout juste un profit moyen, Comme je le rappelais dans mes précédentes contributions, aucun pays dans le monde qui a misé uniquement sur les matières premières, n'a réalisé un développement durable. .Comme il faut éviter ce mythe de la puissance du capital-argent n'étant qu'un moyen. Remémorons-nous le déclin de l'Espagne pendant plus d'un siècle, après avoir épuisé ses stocks d'or venu d'Amérique. Voyez l'expérience de la Roumanie communiste de Nicolae Ceausescu avec une dette nulle mais une économie, une corruption généralisée et une économie en ruine. Que l'on prenne les pays exportateurs d'hydrocarbures qui ont eu des centaines de milliards de dollars depuis les trois dernières décennies qui ne sont pas des pays émergents. Depuis que le monde est monde, et cela s'avère plus vrai avec la quatrième révolution économique mondiale 2020/2030/2040 la prospérité des différentes civilisations a toujours reposé sur la bonne gouvernance, le travail et la recherche théorique et appliquée. Un exemple : d'ici 2020/2025, le Centre national chinois des superordinateurs, situé à Tianjin, envisage, en collaboration avec l'Université des sciences et de la technologie de défense de l'Armée populaire de libération, située dans la ville de Changsha (centre de la Chine), de créer un superordinateur de nouvelle génération qui pourra effectuer un quintillion (million de quadrillions) d'opérations par secondes. Et on revient à l'économie de la connaissance qui est l'investissement le plus sur, un pays sans son élite étant comme un corps sans âme. En résumé il y a urgence, pour des raisons de sécurité nationale, de mettre en place un nouveau modèle de consommation énergétique, et surtout une stratégie de développement hors hydrocarbures dans le cadre des valeurs internationales, supposant de profondes réformes structurelles. Une longue période de transition que certains proposent -le temps ne se rattrapant jamais en économie- conduira à la régression économique et sociale avec des réserves de change tendant vers zéro et le retour à la tutelle du FMI dans moins de deux ans ? avec une extrapolation, au cours du baril 60/65 dollars et 4/5 dollars se MBTU pour le gaz, représentant 33% des recettes de Sonatrach, 58 milliards de dollars fin 2019, 37 en 2020 et 16 milliards de dollars fin 2021. (voir Africapresse-Paris 23 juilletn2019). Comme conséquence, nous aurons des incidences géostratégiques, politiques, sécuritaires, sociales et économiques aboutissant à une déstabilisation de l'Algérie. Dr Abderrahmane Mebtoul, professeur des universités, expert international (Suite et fin)