Le ministère de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire, comporte dans son intitulé de quoi justifier son intervention sur les atteintes à l'environnement qu'il s'agisse de pollutions des milieux naturels, de nuisances (notamment sonores) à la tranquillité des citoyens, ou de dilapidation et dégradation des ressources naturelles (eau, sols, forêts, littoral…). C'est, sans doute, dans cet esprit que le ministre, Salaheddine Dahmoune, a adressé une instruction aux walis au niveau des villes côtières, dans laquelle il les enjoint à prendre «les mesures coercitives» contre les entreprises industrielles à l'origine du déversement de polluants notamment au niveau des plages et Oueds et qui menacent la santé du citoyen. Le communiqué du ministère qui donne l'information a précisé que cette instruction fait «suite à l'action des comités d'inspection dépêchés dans les plages de 14 wilayas côtières, et après exploitation des rapports relatifs à l'opération. Le ministre de l'intérieur a souligné la nécessité d'intensifier l'action sur le terrain, de mener des opérations inopinées d'inspection et de contrôle de la conformité de l'activité des entreprises industrielles aux permis d'exploitation, et de prendre des mesures coercitives en toute fermeté, allant jusqu'à la fermeture de l'infrastructure industrielle dans le cas où l'implication de cette dernière dans la pollution de l'eau de mer est avérée. La mise en œuvre de cette instruction concerne directement les directions de l'environnement qui font partie des exécutifs de wilayas. Le ministre a, également, appelé à accorder tout l'intérêt nécessaire aux bureaux d'hygiène municipaux qui sont liés aux Assemblées populaires communales (APC). La volonté du ministère de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire, d'agir dans le domaine de la protection de l'environnement est confirmée par l'annonce sur la page Facebook de Salaheddine Dahmoune, de la création de «la spécialité protection de l'environnement relevant directement de la police judiciaire», indiquant que «le Gouvernement a pris récemment une série de décisions relatives à la protection de l'environnement, lesquelles doivent être accompagnées d'actions anticipatives et préventives menées par les autorités publiques, en premier lieu la police, en vue de dissuader toute personne qui tenterait de porter atteinte à l'environnement ou à la santé du citoyen». Selon la même source, le ministère de l'Intérieur travaille en coordination avec le directeur général de la Sûreté nationale pour insuffler une nouvelle dynamique au corps de la police dans divers domaines, notamment la formation, et lui confier de nouvelles missions. A titre d'exemple, le spectacle, en ville, du gaspillage de l'eau par le lavage sur la voie publique de voitures ou de façades de magasin ou de trottoirs, est particulièrement choquant durant la saison estivale. Cette eau produite à l'aide de moyens financiers considérables pour répondre aux besoins de la consommation de la population et des activités économiques, est jetée en pure perte. La démarche d'économie d'eau s'impose comme une urgence compte tenu de la chute des recettes extérieures due à la baisse des prix du pétrole et compte tenu aussi des aléas climatiques. Mais, de toute évidence, les APC ne s'intéressent pas à cette question, sinon elles auraient publié l'arrêté sur l'économie d'eau, avec certaines interdictions comme cela se fait dans les autres pays. En outre, la police de l'eau est invisible et la police de l'environnement reste encore inefficace, ce qui explique la dégradation du cadre de vie à travers les déchets éparpillés ça et là, et les nuisances sonores, jour et nuit, impunies pour une raison inconnue, ainsi que les véhicules polluants qui dégagent des fumées noires bien visibles empoisonnant l'air respiré par les passants. Pourtant, tous savent que la qualité de la vie est essentielle, qu'elle ne demande que la propreté (pas de déchets sur la voie publique) et un minimum de tranquillité (pas de bruit incommodant). Il faut rappeler que les instruments existent déjà : la police de l'environnement qui relève de la Sûreté nationale, les cellules spécialisées dans la protection de l'environnement mises en place par la Gendarmerie, et tout un corps d'inspecteurs du ministère chargé de l'environnement.