C'est en l'absence du premier magistrat de la commune hôte de Annaba et de six élus représentatifs de la wilaya à l'Assemblée Nationale Populaire ainsi que ceux tout aussi représentatifs à l'APW que s'est déroulée, au siège de la Cour de justice, la cérémonie d'installation de deux nouveaux magistrats. Il s'agit de Filali Bensakrane et Ghazali Kamel respectivement président de la Cour de justice d'Annaba et procureur général à la même cour. Ces deux cadres ont été officiellement installés à leur poste par l'inspecteur général auprès du ministère de la Justice et Garde des Sceaux Hamdane Abdekader. La cérémonie s'est déroulée en présence du wali de Annaba Tewfik Mezhoud et des autorités locales à l'exception du premier magistrat de la ville ou de son représentant, l'un et l'autre, étrangement absents. Elle est intervenue au moment où, à quelques dizaines de mètres, des centaines de pères et mères de familles tentaient de prendre d'assaut le siège de la daïra. Tous n'avaient d'yeux et d'oreilles que pour la liste des 2.000 logements sociaux appelés à être attribués dans les prochaines 24 heures. Pour la cérémonie d'installation des deux premiers cadres dirigeants de la magistrature locale, celle-ci est en charge d'une multitude de dossiers judiciaires où se mêlent banditisme, escroquerie, abus de confiance, faux et usage de faux et autres actes délictuels passibles des différents tribunaux. Le tout dernier a pour auteurs des syndicalistes et des députés. Les plaignants ont appelé au retrait de la qualité des députés incriminés. C'est dire que les deux nouveaux magistrats ont du pain sur la planche d'autant que les dossiers déposés au tribunal de Annaba sont lourds et argumentés. D'où la longue intervention du représentant du ministre de la Justice et Garde des Sceaux. Dans son intervention faite devant de nombreux de ses pairs, les avocats et les hommes et femmes en toge noire, Abdelkader Hamdane a tenté d'éviter de s'attarder sur des questions liées à la situation du corps de la magistrature objet du mouvement décidé récemment par le chef de l'Etat Abdelkader Bensalah. Ce qui ne l'a pas empêché de donner un large aperçu des missions dévolues à chacun de ces deux responsables. De même qu'il a souligné que le mouvement dont il est fait état, précise les contours des charges et des nouvelles missions confiées à l'ensemble des cadres et des fonctionnaires du secteur de la Justice. «Lors de cette étape décisive que traverse le pays actuellement où la lutte contre la corruption sous toutes ses formes et le recouvrement des fonds détournés constituent l'une des priorités urgentes». Comme il l'a fait dans le même cadre un peu partout dans les régions où il est passé, l'envoyé spécial a jugé utile de reprendre les directives de sa hiérarchie le ministère de la Justice. Ce qui lui a permis de souligner a volonté de celui-ci de : «Parvenir à un système judiciaire moderne œuvrant avec flexibilité, facilité et précision. Un système qui assurera la protection des citoyens et les rassurera tout en réalisant la complémentarité avec le reste des institutions de l'Etat». Dans son discours apparemment bien pensé, l'envoyé spécial du ministre de la Justice et Garde des Sceaux a repris les mêmes propos que ceux exprimés par sa hiérarchie. Il précisait, à chaque fois la mission des magistrats quant à «la nécessité d'œuvrer à l'indépendance du pouvoir judiciaire et à s'acquitter de leurs devoirs constitutionnels et juridiques avec objectivité, transparence et impartialité, tout en respectant l'éthique professionnelle». L'intervenant a, dans son discours, fait l'éloge du travail réalisé par Nahnouh Miloud et Saadaoui Abdelkader qui assuraient respectivement la fonction de procureur général et président de Cour depuis leur arrivée à Annaba. Wilaya classée dans le lot de celles où la corruption sévit à grande échelle dans la majorité des secteurs, Annaba est judiciairement très difficile à gérer. Elle représente un lourd fardeau au plan judiciaire. La cause en est des opérateurs économiques sans foi ni loi ayant pour seule arme de développement, la corruption des fonctionnaires.