Les habitants des zones rurales de Tissemsilt et de la région de l'Ouarsenis restent fortement attachés à leurs traditions et coutumes pour célébrer l'Achoura, 10ème jour du mois de Mouharram marquant l'avènement de la nouvelle année hégirienne. Cette fête est célébrée dans la joie et la convivialité. Dans les zones comme la Mactâa de Bordj Bounaama, Kedadra de Sidi Slimane et Béni Djemaa de Boukaïd, l'Achoura est marquée par la préparation du couscous que l'on sert et distribue aux pauvres et nécessiteux. Des plats sont également servis dans les mosquées aux fidèles. Cette occasion religieuse est également une opportunité pour les cheikhs, notables et sages des agglomérations rurales de l'Ouarsenis pour initier des rencontres de réconciliation entre les familles ou pour célébrer des mariages de jeunes nécessiteux. Hadj Mansour, un des notables de la zone de Metidja de la commune de Bordj Bounaama, souligne que le jour de l'Achoura est particulier. «Toutes les familles participent à la préparation du plat de couscous que l'on distribue aux convives et aux pauvres. Les habitants du village procèdent également à la collecte de denrées alimentaires et de quartiers de viande que l'on distribue aux familles démunies des localités avoisinantes», a-t-il expliqué. Il a ajouté que cette journée particulière «permet aussi aux sages et chouyoukh de la région de régler les différends entre membres d'une même famille, entre voisins et entre amis. La mosquée de Metidja et la zaouiïa de cheikh Moulay Larbi Benatia Touil ont un grand rôle à jouer en cette occasion». Dans les foyers des zones rurales de l'Ouarsenis, des traditions restent ancrées pour célébrer le jour de l'Achoura, notamment l'incontournable cérémonie du henné, supervisée et dirigée par les vieilles personnes du village. Hadj Arbia d'El Mactaa fait remarquer que la cérémonie du henné est une tradition héritée des aïeux. Des poètes du melhoun et conteurs animent des «halqa» pour déclamer des poèmes et narrer des contes sur la portée de cet événement religieux. Par ailleurs, outre les traditionnelles manifestations de solidarité et d'entraide entre les membres de la communauté, l'Achoura est également synonyme d'activités commerciales. Celles-ci ne se limitent pas seulement aux denrées alimentaires et aux produits d'artisanat mais s'étendent aussi aux parfums et essences traditionnelles, aux encens, aux plantes médicinales et aux jouets pour enfants. «Tout un bric-à-brac où chacun trouve ce qu'il cherche au niveau des ruelles de Tissemsilt, notamment à Haï Sebaa où une activité inhabituelle est relevée en ce jour», note Othmane, vendeur artisan dans ce quartier. Il souligne que la célébration du jour de l'Achoura reste une occasion pour vendre des produits d'artisanat, notamment en poterie et céramique, ainsi que le pain traditionnel. D'autres sites de la ville de Tissemsilt, dont la cité 119 logements, abritent un grand nombre de vendeurs d'ustensiles en poterie, en bois et en céramique ainsi que des tapis. Ces produits sont très demandent et s'écoulent facilement, a-t-on constaté. Par ailleurs, le boulevard «1er novembre» du centre-ville se transforme, en l'espace de quelques jours, en un vaste espace où les commerçants d'épices naturelles, utilisées dans la préparation du couscous et du pain traditionnel enregistrent un fort engouement des citoyens qui viennent également s'approvisionner en figues séchées, en essences et parfums et en encens, chacun voulant donner à l'Achoura une «saveur» particulière.