Cette contribution est un hommage au feu le Professeur Majid Ait Habouche décédé en ce mois de septembre 2019, qui a été mon étudiant à l'université d'Oran et dont j'ai eu l'honneur de diriger sa thèse de magister en 1983 sur l'aménagement du territoire et qui depuis a mis en place un des plus grands laboratoires de recherches en Algérie dans ce domaine. Comme j'ai eu à le rappeler dans différentes contributions nationales et internationales, largement diffusées entre 1976/2018 afin de rapprocher l'Etat du citoyen se pose l'urgence d'une manière claire pour nos gouvernants de comprendre le fonctionnement de la société loin des bureaux climatisés. L'action des Chambres de commerce, lieu de concertation mais surtout d'impulsion pour la concrétisation de projets serait quadruple : - Premièrement, dynamiser les infrastructures de base et préparer des sites confiés à des agences de promotions immobilières publiques et privées ; Deuxièmement, l'avenir appartenant à la science et ce dans tous les domaines économiques et militaires, sans laquelle aucun développement n'est possible en ce XXIème siècle, mettre à la disposition des sociétés une main-d'œuvre qualifiée grâce à un système de formation performant et évolutif allant des ingénieurs, aux gestionnaires, aux techniciens spécialisés et ce, grâce aux pôles universitaires et des centres de recherche, évitant ce mythe d'une université par wilayas. Exemple la chambre de commerce offrirait un poste pour 10 candidats en formation, les 90 % non retenus ne constituant pas une perte pour la région. L'apprentissage en dynamique est un capital humain pour de futures sociétés qui s'installeraient dans la région, une société installée payant des impôts qui couvriront largement les avances en capital de la formation avancée. Cette formation devra être adaptée pour tenir compte de la norme qualité standard, le label qualité étant exigé pour tout exportateur (y compris le Maghreb) en direction de la CEE, des USA ou de l'Asie. Ainsi, nous assisterons à une symbiose entre l'université et les entreprises. Car les sociétés ont besoin de l'accès aux chercheurs, aux laboratoires pour les tests d'expérimentation et l'université a besoin des sociétés comme support financier et surtout d'améliorer la recherche. Les étudiants vivent ainsi la dialectique entre la théorie et la pratique. (Pour ce point voir l'expérience du pole régional de Greenville USA www.google –Mebtoul 1995 suite à une large tournée que j'ai effectuée aux USA ). c- la troisième action est de favoriser des entreprises souples reposant sur la mobilité et les initiatives individuelles. Des tests ont montré que l'initiative personnelle, pour certains produits, permet d'économiser certains équipements (donc d'avoir un amortissement moindre dans la structure des coûts) et de faire passer le processus de sept (7) minutes (420 secondes) à 45 secondes soit une économie de temps de plus de 90 % améliorant la productivité du travail de l'équipe . Ce qu'on qualifie d'équipes auto- dirigées ; La quatrième action, la chambre de commerce intensifierait les courants d'échange à travers différentes expériences entre les régions du pays et l'extérieur et l'élaboration de tableaux de prospectifs régionaux, horizon 2020/2030. La mise à la disposition des futurs investisseurs de toutes les commodités nécessaires ainsi que des prestations de services divers (réseau commercial, loisirs) est fondamentale Cette symbiose entre ces différentes structures et certains segments de la société civile doit aboutir à des analyses prospectives fondamentales, à un tableau de bord d'orientation des futures activités de la région, afin de faciliter la venue des investisseurs. En résumé, le dialogue productif est l'outil par excellence de la bonne gouvernance et le Conseil économique et social (Cnes) en léthargie depuis des décennies avec la même composante, depuis consacré par la Constitution » comme « conseil du gouvernement » est le lieu approprié pour aplanir les divergences et proposer des solutions opérationnelles. Les prix Nobel de sciences économiques montrent que les institutions ont un rôle stratégique de régulation de la société, déterminant la structure fondamentale des échanges humains, qu'elles soient politiques, sociales ou économiques. Elles constituent un des facteurs déterminants du développement économique de long terme. Sur le plan opératoire, la version actualisée des indicateurs de gouvernance dans le monde, montre que certains pays progressent rapidement dans le domaine de la gouvernance tout en reconnaissant que les données font aussi apparaître des différences sensibles entre les pays. Les progrès sont en rapport avec les réformes dans les pays où les dirigeants politiques considèrent la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption comme des facteurs indispensables à une croissance durable et partagée. Je pense que l'aménagement du territoire plaçant l'homme pensant et créateur au cœur du développent doit réaliser un triple objectif : une société plus équilibrée et plus solidaire, la croissance au service de l'emploi et mettre l'Algérie au cœur du développement de la Méditerranée et de l'Afrique espace naturel de l'Algérie, afin de favoriser une prospérité partagée. Pour les riverains subsahariens, il s'agit d'imaginer des zones tampons de prospérité, de ne pas voir ces zones sous des angles négatifs d'assistance financière (assistanat) mais en privilégiant le co- développement. La pleine réussite de ce processus complexe éminemment politique implique de poser le rôle de l'Etat et son articulation avec le marché dans la future stratégie socio- économique ce qui renvoie au mode de gouvernance tant local qu'international. Il existe un lien dialectique entre sécurité et développement, entendu développement multidimensionnel, à ne pas le circonscrire uniquement à l'Economique, vision bureaucratique matérielle du passé ce qui serait une grave erreur politique. L'on devra impérativement prendre en compte les facteurs sociaux et culturels en s'orientant vers une véritable décentralisation qui favorisera une société plus participative et citoyenne, existant un lien dialectique entre démocratie et développement. (Suite et fin) Professeur des universités, Dr Abderrahmane Mebtoul ancien haut magistrat