Dans son bilan annuel relatif aux exactions commises contre les journalistes dans le monde, Reporters sans frontières (RSF) a indiqué que 49 journalistes ont été tués, 389 sont actuellement en détention et 57 sont otages. Jamais le nombre de journalistes tués n'avait été aussi peu élevé depuis 2003. Selon son bilan, Reporters sans frontières a recensé 49 journalistes assassinés, soit une baisse spectaculaire de 44 % par rapport à l'année précédente. Reporters sans frontière a indiqué que ce chiffre «historiquement bas», en comparaison avec la moyenne de 80 morts enregistrée ces deux dernières décennies, traduit essentiellement la baisse du nombre de journalistes tués sur les terrains de conflits armés. La couverture des conflits en Syrie, au Yémen, en Afghanistan s'est ainsi avérée deux fois moins meurtrière pour les journalistes : 17 journalistes ont été tués dans l'ensemble de ces trois pays en 2019, contre 34 l'année précédente. Reporters sans frontière a ajouté : « Cette baisse inédite ne saurait occulter une réalité qui perdure. Le nombre de journalistes tués dans les pays dits «en paix» reste aussi élevé d'une année sur l'autre. Ainsi, le Mexique compte, comme l'année dernière, 10 journalistes tués. Plus largement, l'Amérique latine, avec un total de 14 tués sur l'ensemble du continent, est devenue une zone aussi meurtrière pour les journalistes que le Moyen-Orient meurtri par ses conflits fratricides. L'organisation reporters sans frontière a fait savoir que cette double tendance des lignes de front moins meurtrières et des pays en paix toujours aussi dangereux a une conséquence. «Il y a désormais proportionnellement plus de morts dans les pays en paix (59%) que dans les zones de conflit et une hausse de 2% du nombre de journalistes assassinés ou sciemment visés», a ajouté RSF. Cependant, le secrétaire général de RSF M. Christophe Deloire a fait savoir que pour les journalistes, la frontière entre les pays en guerre et en paix est en train de disparaître. « S'il convient de se réjouir d'une baisse inédite du nombre de journalistes tués dans les zones de conflit, nous constatons parallèlement que de plus en plus de journalistes sont sciemment assassinés pour leur travail dans des pays démocratiques, ce qui constitue un véritable défi pour les démocraties dont ces journalistes sont issus», a-t-il ajouté Arrestation des journalistes : «Une élévation du nombre de détentions arbitraires» Reporters sans frontière (RSF) n'a pas caché son désarroi sur un fait jugé inquiétant, à savoir le nombre élevé révélé des journalistes arbitrairement détenus dans le monde qui ne cesse d'augmenter. En cette fin d'année, 389 journalistes se trouvent emprisonnés pour avoir exercé leur fonction, soit 12% de plus que l'année dernière, a indiqué RSF. L'organisation a ajouté que près de la moitié des journalistes prisonniers sont détenus dans seulement trois pays : la Chine, l'Egypte et l'Arabie saoudite. La Chine, qui a intensifié sa répression contre la minorité ouïghoure, détient à elle seule un tiers des prisonniers dans le monde. Violences commises envers les journalistes en France : RSF tire la sonnette d'alarme Les dernières journées de mobilisation contre la réforme des retraites ont été marquées par un niveau inégalé de violence contre les journalistes, a écrit RSF. Dans un papier publié sur son site le 17 Décembre 2019, reporters sans frontière a écrit à ce sujet : «A l'aube d'une nouvelle journée de manifestation, Reporters sans frontières (RSF) exhorte le ministère de l'Intérieur à adresser des consignes fortes à l'attention des forces de l'ordre, les enjoignant à respecter le travail des journalistes. Plus d'un an après le début du mouvement des Gilets jaunes, marqué par un nombre élevé d'incidents impliquant journalistes et forces de l'ordre, 12 jours de mobilisation contre la réforme des retraites ont révélé une banalisation des violences à l'égard de la profession, sous toutes leurs formes. On ne compte plus les témoignages de séquelles physiques - hématomes causés par des coups de matraques, brûlures causées par l'explosion de grenades de désencerclement- ou les récits d'entraves à l'exercice du journalisme après des destructions de matériel ou des placements en garde à vue». Pauline Adès-Mével, responsable de la zone Union européenne de RSF. RSF a ajouté qu'à l'aube d'une nouvelle journée de mobilisation, Il est urgent que le ministère de l'Intérieur qui planche depuis des mois sur un schéma du maintien de l'ordre, adresse enfin des consignes fortes à l'attention des forces de l'ordre les enjoignant à respecter l'exercice du journalisme dans les manifestations. Sur le même article, reporters sans frontières a indiqué qu'il a soumis son expertise et ses préconisations au groupe en charge de cette réflexion et ne saurait tolérer plus longtemps ce manque de volonté et cette hypocrisie. L'ampleur inédite des violences policières et des incidents ne peut s'expliquer par la durée inhabituelle des mouvements de protestation et un climat social tendu. «Les manifestations du 5 décembre à Paris ont été marquées par leur niveau de violence record : pour la première fois, un photojournaliste Mustapha Yacine de l'Agence Anadolu (AA) qui couvrait la manifestation rue de Magenta à Paris, a été grièvement blessé par une grenade de désencerclement et très probablement perdu l'usage d'un œil, malgré le port d'un casque de protection», a écrit RSF. Dans ce même contexte, RSF a fait savoir que «les photos prises par ses collègues immédiatement après l'incident montrent le choc de l'impact. Plusieurs témoignages recueillis par RSF, le 5 décembre, témoignent de ce même niveau de violence. Pourtant aguerri aux zones difficiles, le photographe indépendant Corentin Fohlen casque marqué TV vissé sur la tête, boîtiers photo au poing, fait le même récit d'un terrain de guerre dans les rues de la capitale». A ce même sujet, RSF a également ajouté : « Non loin de lui, au même moment, Gaspard Carpentier, caméraman indépendant et identifié presse est touché par une grenade de désencerclement à la cuisse gauche. Il poursuit son chemin et rejoint un groupe de reporters. Rue vieille du temple il s'accroupit, quand il sent une deuxième grenade exploser sous sa jambe. Son reportage s'arrête là. La blessure est suffisamment grave pour qu'il soit pris en charge et écope de quatre jours d'incapacité de travail temporaire (ITT).» En somme, RSF devait conclure que depuis le début de la mobilisation, les manifestations se succèdent partout en France, sans que la violence ne perde en intensité. A Nantes, Toulouse, Bordeaux ou Lille où deux étudiants en journalisme de l'ESJ ont été interpellés et placés en garde à vue jeudi 12 décembre pendant plus d'une nuit, le bilan de ces douze jours de manifestations est particulièrement inquiétant». Enfin, la France se situe à la 32e place dans le rapport 2019 du classement mondial de la liberté de la presse, selon reporters sans frontière.