Le Conseil de sécurité s'est réuni sous la présidence du président de la République Abdelmajid Tebboune au moment où la région connaît un véritable bouleversement géostratégique sans précédent sans compter les tensions en Syrie, en Irak et dans d'autres contrées du monde. Troisièmement, les contraintes qui jouent lors d'échanges transnationaux complexes de marchandises illégales ; des échanges qui impliquent souvent d'autres parties intermédiaires et de certains segments de l'administration corruptibles Trafic aux frontières et terrorisme Le terrorisme international a des caractéristiques en commun. Il repose largement sur des réseaux souvent établis dans de vastes zones géographiques où les personnes, les biens et l'argent circulent. Les réseaux facilitent aussi le commandement, le contrôle et la communication. Une autre caractéristique importante est leur besoin de traiter de grandes quantités d'argent, de les blanchir et les transférer à travers les pays et les continents. Criminels et terroristes ont tendance à se doter d'armées privées, d'où un besoin de formation, des camps et du matériel militaire. En outre, terroristes et criminels de la zone sahélienne partagent les caractéristiques communes : pratique fréquente d'opérations clandestines cherchant la légitimité dans le soutien des populations et débouchant sur le contrôle de territoires importants ; création ou développement d'un appareil voué aux opérations illégales (ainsi, l'entité terroriste, criminelle ou hybride obtient des armes, des moyens de communication et de renseignement ; elle sécurise le territoire qu'elle contrôle) ; mépris pour les normes internationales, la primauté du droit, ou la notion de Droits de l'Homme, et volonté de tuer ceux qui s'opposent à eux ; usage de guérillas durables pour pouvoir contrôler un territoire et des populations ; et ces guérillas créent en outre des cellules spécialisées dans l'usage des médias et de l'Internet pour diffuser leur propagande et leurs revendications. Nous avons différentes formes de criminalité transnationale organisée qui est une industrie en constante évolution, qui s'adapte aux marchés et crée de nouvelles formes de délinquance s'agissant d'un commerce illicite qui transcende les frontières culturelles, sociales, linguistiques et géographiques, et qui ne connaît ni limites, ni règles. La multiplication des enlèvements combinés aux divers trafics et à la montée en puissance d'un prosélytisme salafiste extrémiste bousculant les équilibres des confréries traditionnelles, la persistance de dynamiques irrédentistes et plus spécifiquement la combinaison de ces divers éléments selon des schémas extrêmement complexes, induisent un climat d'insécurité croissant propice à la déstabilisation des Etats sahéliens. Rappelons différents éléments de trafics. Nous avons le trafic d'armes Le marché «noir» des armes et de leurs munitions, issu nécessairement du marché «blanc» puisque, chaque arme est fabriquée dans une usine légale, est une thématique qui permet de comprendre les volontés de puissance des divers acteurs géopolitiques à travers le monde. Tandis que le trafic de drogues est réprimé internationalement, le trafic d'armes est réglé par les Etats qui en font leurs bénéfices. La vente d'armes s'effectue régulièrement entre plusieurs partenaires privés et publics. L'avantage que représente le trafic d'armes pour des terroristes est qu'ils peuvent à la fois s'en servir et faire du profit. La meilleure prévention reste un contrôle des ventes, un encadrement contractuel des ventes, c'est-à-dire définir préalablement l'emploi des armes et la mise en place de conventions internationales sur les ventes d'armes à feu automatiques ou non. Nous avons le trafic de drogues. La montée en puissance du trafic de drogue en au niveau de la région sahélienne a des implications sur tout l'Afrique du Nord où nous pouvons identifier les acteurs avec des implications géostratégiques où les narcotrafiquants créent de nouveaux marchés nationaux et régionaux pour acheminer leurs produits. Afin de sécuriser le transit de leur marchandise, ces narcotrafiquants recourent à la protection que peuvent apporter, par leur parfaite connaissance du terrain, les groupes terroristes et les différentes dissidences, concourant ainsi à leur financement. Si les trafiquants de drogues étaient un pays, leur PIB les classerait au 21è rang mondial, juste derrière la Suède. Le trafic de drogues, il continue d'être, pour les criminels, l'activité la plus lucrative, avec un chiffre d'affaires estimé à 320 milliards de dollars en 2016, ce trafic de drogue assurant une marge de bénéfice très élevée : un gramme de coca, qui coûte 1 $ à la production, est vendu de 200 à 300 dollars. Nous avons la traite des êtres humains qui est une activité criminelle internationale dans laquelle des hommes, des femmes et des enfants sont soumis à l'exploitation sexuelle ou à l'exploitation par le travail. Bien que les chiffres varient. Nous avons le trafic de migrants qui est une activité bien organisée dans laquelle des personnes sont déplacées dans le monde en utilisant des réseaux criminels, des groupes et des itinéraires. De nombreux passeurs ne se préoccupent pas de savoir si des migrants se noient en mer, meurent de déshydratation dans un désert ou suffoquent dans un conteneur. Nous avons le trafic des resources naturelles qui inclut la contrebande de matières premières telles que diamants et métaux rares (provenant souvent de zones de conflit) et la vente de médicaments frauduleux potentiellement mortelle pour les consommateurs, provoquant des maladies infectieuses mortelles telles que le paludisme et la tuberculose. Nous avons la cybercriminalité lié à la révolution dans le domaine des systèmes d'information qui peut déstabiliser tout un pays tant sur le plan militaire, sécuritaire qu'économique. Il englobe plusieurs domaines exploitant notamment de plus en plus l'Internet pour dérober des données privées, accéder à des comptes bancaires et obtenir frauduleusement parfois des données stratégiques pour le pays. Selon Steve Grobman, expert de la société McAfee, spécialisée dans la protection contre les attaques informatiques, dans un rapport paru en février 2018, la cybercriminalité coûte en 2017 600 milliards de dollars par an à travers le monde, un chiffre en augmentation en raison de la compétence grandissante des pirates et l'essor des cryptomonnaies. Selon ce rapport, le vol de propriété intellectuelle a représenté environ un quart du coût total de la cybercriminalité en 2017. Et enfin , nous avons le blanchiment d'argent décrit comme un processus durant lequel l'argent gagné par un crime ou par un acte illégal est lavé. Il s'agit en fait de voiler l'origine de l'argent pour s'en servir après légalement (investissement, achats, etc.). Les multiples paradis fiscaux, des sociétés de clearing (aussi Off Shore) permettent de cacher l'origine de l'argent. L'Afrique voit s'échapper chaque année 192 milliards de dollars causés par des flux illicites contre seulement 30/40 milliards de dollars d'aide au développement avait révélé le 30 novembre 2016 à Dakar Amath Soumare, président fondateur de Sopel International et président du centre africain de la Nouvelle économie Cane Executive renvoyant à la gouvernance L'Algérie face aux défis géostratégiques Les nouvelles mutations géostratégiques mondiales actuelle devraient conduire à de profondes reconfigurations socio-économiques, technologiques mais également sécuritaires. En effet, privilégiant en premier lieu ses intérêts stratégiques propres, partie prenante du dialogue méditerranéen (DM), l'Algérie agit en fonction d'un certain nombre de principes et à partir d'une volonté avérée de contribuer à la promotion de la sécurité et de stabilité dans la région. Entre la lointaine et très présente Amérique et la proche et bien lointaine Europe, entre une stratégie globale et hégémonique, qui possède tous les moyens de sa mise en œuvre et de sa projection, et une stratégie à vocation globale qui se construit laborieusement et qui peine à s'autonomiser et à se projeter dans son environnement géopolitique immédiat, quelle attitude adopter et quels choix faire pour l'Algérie? Interpellée et sollicitée, l'Algérie s'interroge légitimement sur le rôle, la place ou l'intérêt que telle option ou tel cadre lui réserve ou lui offre, qu'il s'agisse du dialogue méditerranéen de l'Otan ou du partenariat euro- méditerranéen, dans sa dimension tant économique que sécuritaire. L'adaptation étant la clef de la survie et le pragmatisme un outil éminemment moderne de gestion des relations avec autrui, l'Algérie dont son devenir segment de l'Afrique Nord Maghreb, pont entre l'Europe et l'Afrique doit faire que celui que commandent la raison et ses intérêts. Car l'Algérie est confrontée actuellement à la sécurité dans la zone sahélo-saharienne. Rappelons que les relations entre les deux rives du Sahara et les dynamiques de la conflictualité saharienne actuelle interpellent l'Algérie qui doit être attentive aux futurs enjeux géo stratégiques qui se dessinent dans la région. Pour l'Algérie, existant des trafics de différentes marchandises subventionnées comme le lait, la farine achetées en devises fortes. Cela est lié globalement à la politique des subventions généralisées sans ciblage et à la distorsion des taux de change par rapport aux pays voisins, et à l'importance de la sphère informelle contrôlant 40% de la masse monétaire en circulation et plus de 65% des segments de produits de première nécessité. C'est que l'Etat algérien généralise les subventions, subventionne un grand nombre de produits de première nécessité, comme les céréales, l'eau et le lait, l'électricité et le carburant. En Algérie de celui qui gagne le SNMG au chef d'entreprise national ou étranger, bénéficient des prix subventionnés, n'existant pas de système ciblé de subventions. Dans ses différents rapports entre 2011/2017, la Banque mondiale fait remarquer qu'en moyenne dans le monde, 20% des plus riches bénéficient six fois plus que 20% des plus pauvres des subventions recommandant que les programmes d'aide sociale doivent être ciblés de manière à aider les ménages pauvres et vulnérables à y faire face. Dans ce contexte d'instabilité régionale, l'Algérie fournit des efforts de guerre sans être en guerre. Dans le contexte des crises libyenne et malienne, la sécurité aux frontières est devenue une préoccupation majeure des autorités algériennes. Cette question fait aussi l'objet d'un processus de construction et de sécuritisation, à des fins internes et externes. Selon les experts militaires, la stratégie algérienne se déploie sur trois niveaux : premièrement, la mise en place d'un dispositif de sécurité aux frontières et la restructuration des forces armées et de sécurité ; deuxièmement, l'amorce de processus bilatéraux de coopération avec les pays voisins ; troisièmement, le développement d'un processus multilatéral à travers l'initiative des pays de Champ. Cette stratégie est guidée par trois principes fondamentaux : non ingérence dans les affaires intérieures des Etats ; non intervention de l'armée algérienne hors du territoire ; prise en charge endogène de la sécurité régionale. Dans cette perspective, le commandement militaire algérien a adopté un plan de sécurité concernant les zones frontalières portant plus précisément sur quatre axes : rencontres bilatérales entres structures en charge de la protection de la frontière commune ; coordination des actions sur le terrain et la mise en place d'une coopération opérationnelle pour lutter contre le terrorisme, la contrebande et la criminalité transfrontalière ; instauration d'un partenariat en matière d'échange de renseignements ; échange des expériences dans les domaines de la sécurité des frontières, de la lutte contre la criminalité et la formation spécialisée au profit des cadres militaires afin d'accroître leurs compétences. (A suivre) Dr Abderrahmane Mebtoul, professeur des universités, expert international