La célébration, ce 5 juillet 2020, du 58 ème anniversaire de l'indépendance, se déroule dans une ambiance particulière dominée par l'émotion créée par l'arrivée en Algérie des crânes des résistants algériens à l'invasion et la colonisation française, conservés depuis plus d'un siècle et demi, au Musée d'histoire naturelle de Paris. L'avion militaire transportant les restes mortuaires des 24 résistants algériens, escorté par des avions de chasse, en provenance de France, a atterri hier, en début d'après-midi, à l'aéroport international Houari Boumediene. La cérémonie d'accueil des cercueils a été présidée par le Président Abdelmadjid Tebboune, en présence de hauts cadres de l'Etat dont le président du Conseil de la Nation par intérim, Salah Goudjil, le président de l'Assemblée populaire nationale, Slimane Chenine, le Premier ministre Abdelaziz Djerad, le Chef d'état-major de l'ANP, le Général-major, Saïd Chanegriha, le Général d'armée, Commandant de la Garde républicaine Ali Ben Ali, ainsi que des membres du gouvernement. Les restes mortuaires rapatriés, conservés depuis plus d'un siècle et demi au Musée d'histoire naturelle de Paris, sont ceux de Mohammed Lamjad ben Abdelmalek, dit Chérif Boubeghla, Cheikh Ahmed Bouziane, chef de l'insurrection de Zaatcha, Cherif Bou Amar Ben Kedida, Si Mokhtar Ben Kouider Al-Titraoui et d'autres de leurs frères, dont un jeune résistant d'à peine 18 ans de la tribu de Beni Menasser, nommé Mohamed Ben Hadj. Ils seront exposés au public durant la journée du samedi dans le hall du Palais de la Culture pour un dernier hommage, avant d'être enterrés dimanche au carré des martyrs du cimetière d'El-Alia. Les funérailles auront lieu dimanche 5 juillet au Carré des Martyrs, au cimetière d'El Alia, en présence du président Tebboune. Mohammed Lamjad ben Abdelmalek, dit Chérif Boubeghla, et Ahmed Bouziane dont les crânes ont été rapatriés, avec 22 autres, sont deux icônes de la résistance populaire contre l'occupation française. Leurs têtes ont été prises comme des trophées de guerre avant d'atterrir dans les réserves du musée de l'Homme à Paris où elles sont «conservées» depuis un siècle et demi. Le Président de la République avait annoncé, jeudi, lors d'une cérémonie officielle organisée à l'occasion du 58e anniversaire du double anniversaire de l'indépendance et de la jeunesse qu'il s'agit d'une première étape de rapatriement des restes mortuaires des résistants algériens, en faisant part de la détermination de l'Etat de poursuivre cette opération jusqu'au rapatriement de l'ensemble des restes des résistants algériens pour qu'ils soient enterrés sur la terre pour laquelle ils se sont sacrifiés. C'est le chercheur algérien Ali Farid Belkadi qui a révélé en 2011, l'affaire des crânes de résistants algériens retrouvés à Paris. Historien et anthropologue, il est l'auteur du livre Boubaghla, le sultan à la mule grise. La résistance des Chorfas. Les crânes de nombreux résistants algériens se trouvaient au Musée d'histoire naturelle de Paris. Ils appartiennent notamment à Mohamed Lamjad Ben Abdelmalek, dit Cherif Boubaghla, qui a mené une insurrection populaire dans la région du Djurdjura, en Kabylie, au Cheikh Bouziane, le chef de la révolte des Zaâtcha (région de Biskra en 1849), à Moussa El-Derkaoui, son conseiller militaire, et à Si Mokhtar Ben Kouider Al-Titraoui. La tête momifiée d'Aïssa El-Hamadi, qui fut le lieutenant de Cherif Boubaghla, et le moulage intégral de la tête de Mohamed Ben-Allel Ben Embarek, lieutenant de l'Emir Abdelkader, y étaient également conservés. Lors du siège de Zaâtcha (30 km au sud-ouest de Biskra), les résistants algériens de cheikh Bouziane s'étaient opposés aux troupes de la colonisation française du général Emile Herbillonet. Le siège s'était terminé par l'extermination de la population de l'oasis. La restitution des crânes de ces résistants avait fait l'objet d'une demande officielle de l'Algérie à la France et la question avait été soulevée lors d'entretiens entre les plus hautes autorités des deux pays. Une commission technique composée d'experts algériens avait été mise en place pour procéder à l'identification des crânes de ces résistants algériens. En décembre 2017, en visite à Alger, le président Emmanuel Macron avait annoncé sa décision de restituer les crânes des résistants algériens. Le président français a montré qu'il était disposé à franchir ce pas historique dans les relations algéro-françaises.