La fiscalisation de l'économie informelle et l'élargissement des impositions pour diversifier la fiscalité ordinaire au-delà de l'Impôt sur le revenu global (IRG) sont à la lumière des premières assises nationales sur la fiscalité qui ont démarré hier. Lors de son allocution d'ouverture, le Premier ministre, Abdelaziz Djerad a reproché à l'économie informelle d'être à l'origine de l'absence de conformité fiscale en raison de la répartition inégale des charges fiscales sur le contribuable. Il a pointé du doigt le manque d'engagement et d'honnêteté de nombreux opérateurs économiques qui ne s'acquittent pas de leurs droits exigibles, mais aussi contribuent à la prolifération du marché de l'informel dans le pays. En effet, la transparence de l'administration fiscale, la lutte effective contre la fraude fiscale et l'informel, qui ont eu des conséquences profondes et délétères sur l'économie nationale, permettront de relancer l'investissement économique. Dans cette perspective, la nécessité de revoir en urgence le système fiscal du pays s'affirme et les assises nationales sur la réforme fiscale devront définir les critères à prendre en compte pour réformer l'informel et les impositions. Il en ressort du taux de recouvrement fiscal de la fiscalité ordinaire que la contribution de l'IRG est insignifiant en raison des inégalités relevées dans la gestion de l'administration fiscale. «La réforme fiscale nationale doit intégrer le principe d'équité mais aussi la numérisation et l'efficacité de l'administration concernée afin que l'impôt puisse être en adéquation avec les défis de la nouvelle vision économique du pays», a-t-il souligné, insistant sur l'impératif «de passer par la lutte contre l'économie parallèle qui constitue un préjudice pour la conformité fiscale». Sachant que l'argent informel qui circule hors le circuit bancaire s'élève à plus de 80 milliards de dollars, ce qui constitue un crime financier contre l'Etat et le contribuable. Il a, dans ce sens, critiqué «l'absence de contribution aux recettes fiscales des opérateurs activant dans le circuit parallèle ce qui oblige les opérateurs activant dans la légalité à supporter l'ensemble de la charge fiscale», les accusant «de réduire l'efficacité des politiques publiques dans le cadre du soutien de l'investissement car cela constitue un obstacle à la bonne marche de l'économie nationale». Pour M. Djerad l'avenir de la relance de l'économie nationale repose sur la réforme fiscale qui permettrait, selon lui, de «relever les défis économiques futurs devant être relevés dans le cadre du nouveau programme économique, nécessitent d'intégrer dans cette réforme, un système fiscal en accord avec la nouvelle vision économique du pays», citant l'exemple «de la promotion des start-ups, basée sur la numérisation et pouvant permettre à notre pays de sortir de sa dépendance aux produits d'extractions et l'intégrer dans la chaîne de valeurs internationales». La remise à plat du système financier permettra de mettre fin à l'érosion de la base des impositions qui est «anormale» en termes de contribuables, reposant particulièrement sur l'IRG. Quant au recouvrement de la fiscalité ordinaire, il est plombé par les «fuyards» d'impôts qui profitent des failles de l'administration fiscale. De son côté, le ministre des Finances, Aymen Benabderrahmane a indiqué que «ces assises doivent permettre de personnaliser le système fiscal et de trouver les outils et méthodes d'améliorer la fiscalité en accord avec les objectifs fixés par les autorités du pays et les exigences des citoyens».