Plus de criminalisation des actes économiques à l'avenir. C'est la promesse faite par Tebboune aux opérateurs économiques. Un nombre important d'actes considérés comme délictueux et régis par le code pénal seront désormais dépénalisés et relèveront du ressort des textes régissant les contentieux commerciaux. Le code du commerce sera révisé et le nombre des tribunaux commerciaux augmenté. Une exception, cependant : la corruption et le blanchiment d'argent ne sont pas concernés. Il fait savoir que les lettres de dénonciation anonymes ne seront plus prises en compte et que le principe de présomption d'innocence doit prévaloir. Second message de Tebboune : le pays n'est « pas à genoux » et n'étouffe pas en dépit de la crise économique. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Le message se veut rassurant : les opérateurs économiques de bonne foi, commettant néanmoins des « erreurs » lors de leurs transactions ne seront, à l'avenir, plus menacés par des poursuites judiciaires. De nombreux actes purement économiques seront dépénalisés pour être sous le régime du contentieux commercial. Le président de la République affirmait, hier mardi, que ces dispositions excluaient le blanchiment d'argent et la corruption qui resteront toujours sévèrement punis. Il ne sera désormais plus question de prendre en compte les lettres de dénonciation anonymes. Une instruction sera adressée à la justice et aux services de sécurité dans ce sens. Les gestionnaires du secteur public sont également destinataires d'un signal rassurant : beaucoup d'actes de gestion seront dépénalisés, alors qu'une directive sera envoyée aux services de sécurité et à la justice, leur demandant de ne pas prendre en compte les lettres de dénonciation anonymes dont la « seule destination sera le broyeur ». Les personnes détenant des informations sur des infractions sont appelées à avoir le « courage » de les dénoncer publiquement dans les colonnes des journaux, à charge pour la justice d'ouvrir des enquêtes. Il s'agit de créer les conditions pour un climat plus « serein », en mesure de permettre la réalisation des objectifs. Ces derniers sont fixés par Tebboune et ont pour leitmotiv, la récurrente problématique de la sortie de la dépendance au pétrole. « Pas question d'endettement » En prononçant un discours à l'ouverture de la Conférence nationale sur le plan de relance pour une économie nouvelle, le président de la République a, une fois de plus, pointé du doigt l'économie rentière qui, dit-il, a fini par tuer « l'intelligence et l'esprit d'initiative ». Il fixe un délai de dix ans pour en sortir totalement et deux ans pour réduire la dépendance aux hydrocarbures à 80% au lieu des 98% actuelles. Second objectif : atteindre 5 milliards de dollars d'exportations hors hydrocarbures à la fin 2021 contre 2 milliards actuellement. Il s'agira surtout de passer du simple slogan à une véritable stratégie. « Cela n'est pas impossible », assure le président de la République pour qui la piste du marché africain est à explorer sérieusement. Des conditions devront néanmoins être réunies pour ce faire, notamment l'accompagnement bancaire. Il est anormal, assure Tebboune, qu'il n'y ait aucune banque algérienne présente en Afrique, ajoutant ne pas être opposé à la création d'associations entre privés et publics avec des partenaires africains. Le système bancaire est sévèrement critiqué par le Président pour qui une révision s'impose : « On a affaire à des guichets et pas des banques .» S'il reconnaît que la situation financière du pays est « difficile », le pays, dit-il, «n'étouffe pas » et les réserves de change actuelles permettent de tenir une année ou deux s'il n'y a pas de gaspillage, en attendant la redynamisation de l'économie nationale. «Le recours au financement extérieur sous de fallacieux prétextes ne se reproduira plus jamais», annonçant l'affectation au niveau des banques de 1 900 milliards de dinars jusqu'à fin 2020 pour « quiconque souhaitant investir ». Pas d'objection pour l'ouverture du transport aérien au privé Au sujet d'investissements, Tebboune dira que rien n'empêchait l'apport du privé dans le secteur de l'aérien ou du maritime pour diminuer les coûts de transport et ne pas rester dépendant de compagnies étrangères. La facture d'importation des services, rappelle-t-il, s'élève à 12,5 milliards de dollars annuellement, dont 3,4 milliards pour les frais du transport maritime de marchandises. Pour booster les importations, la diplomatie doit passer à la diplomatie économique à travers les chambres de commerce et une politique plus offensive pour sortir de la dépendance aux importations qui sont, ajoutera-t-il, devenues « une course au gain facile et un gaspillage organisé » et une porte ouverte à la surfacturation. Comment expliquer sinon, poursuit-il, le « suicide économique » que constitue l'inexistence de coordination entre le secteur de l'agriculture et celui l'industrie de la transformation ? Le contexte est particulier, avec une double crise économique qui ne sera dépassée que grâce à un investissement obéissant aux critères de la sincérité économique et de l'intégration économique, loin de toute opacité et dans le cadre d'une économie qui « profite à tous avec égalité des chances ». N. I.