L'Algérie enregistre depuis plusieurs mois une baisse significative dans la production du gaz en raison du repli des exportations et de la hausse de la demande locale en la matière. Ce trend baissier est, par ailleurs, antérieur à la crise sanitaire du nouveau Coronavirus qui a, certes, eu sa part de responsabilité dans l'instabilité du marché gazier à travers le monde. La signature par l'Algérie de plusieurs accords gaziers avec des partenaires étrangers et la hausse prévisionnelle de la part du gaz dans le mix énergétique mondial qui devrait passer «d'un taux de 23 % actuellement à 28 % d'ici 2050», selon le ministre de l'Energie, Abdelmadjid Attar, pourrait offrir de «bonnes perspectives à l'Algérie», a-t-il affirmé, en marge du Forum sur des pays exportateurs de gaz (GECF), assurant que «l'Algérie ne concède rien dans ses accords de partenariats et la Sonatrach prévoit de maintenir ses parts dans le marché européen». Revenant sur la situation du marché du gaz, actuel, et l'impact de la crise du Coronavirus sur l'économie mondiale plongée depuis longtemps dans la récession, le ministre a évoqué une situation qui est allé crescendo, notamment, dans les pays dépendant des exportations des hydrocarbures. «Les exportations des pays membres du GECF ont baissé de 16 % par canalisation et de 2,5 % concernant le gaz liquéfié», a indiqué M. Attar qui a expliqué ce repli par «la baisse de la consommation dans le monde qui a diminué durant 2020 (jusqu'au mois d'octobre), de 3,5 % qui a particulièrement touché les marchés spots, enregistrant une diminution des prix a été comprise entre 38 et 42 %», a détaillé le ministre de l'Energie. Depuis le mois de juillet dernier, «les prix du gaz ont retrouvé une tendance haussière», selon les données du GECF. Ce rebond relatif dans les prix du gaz est soutenu en parallèle par la reprise des prix du pétrole sur le marché mondial et le retour progressif dans certains pays à l'activité économique stratégie. Malgré cette reprise, la marge de manœuvre de l'Algérie sur le marché mondial des hydrocarbures est très faible en raison des prévisions peu «réconfortantes» introduites dans le projet de loi de Finances 2021 qui prévoit la baisse des recettes des hydrocarbures. Cette situation d'impasse financière due au manque de perspectives et d'alternatives engagées pour diversifier les financements des caisses, pousse l'Etat à revoir ses priorités et surtout à penser à la planification d'une stratégie efficace pour préserver les ressources souterraines et réfléchir à la phase après pétrole. La fluctuation des prix des hydrocarbures et la course engagée par les autorités contre une éventuelle crise énergétique «impose à l'Algérie de diversifier ses marchés en visant notamment les pays d'Afrique où la consommation va augmenter de 147 %», a souligné M. Attar évoquant le gaz comme étant un «composant important dans la stratégie de développement énergétique national». Le ministre de l'Energie poursuit, dans ce sens, «les perspectives confirment que le gaz naturel a parfaitement sa place dans les prochaines années, notamment dans le cadre de la transformation énergétique qui fait du gaz un associé important aux énergies renouvelables». L'énergie durable est un rempart contre les tergiversations qu'enregistrent continuellement le marché de l'énergie fossile, ces dernières années, en parallèle, M. Attar a affirmé que toute augmentation même légère, faisant référence aux prévisions du GECF «doit être mise en perspective de l'augmentation de la consommation énergétique mondiale» ainsi profiter des opportunités qu'offre marché mondial. Les pays exportateurs du gaz devront ainsi profiter de la hausse, même légère, de la consommation de gaz «en Asie pacifique prévue à 99% d'ici 2050, en Amérique du nord de 35 % et dans les pays du Golfe de 53 %». Des marchés qui représentent un important potentiel pour compenser le recul de la demande du marché européen dont le taux de «la consommation devra connaître une baisse de 10 % d'ici 2050», selon les mêmes données. Lors de cette réunion, les participants par visioconférence ont discuté et débattu de la situation actuelle du marché gazier et de son évolution dans l'avenir afin de réagir et d'agir à tout imprévu. Quant à la question sur la création d'une «Opep de gaz», M. Attar a estimé que «le moment n'est cependant pas opportun pour que le GECF puisse s'ériger un OPEP du gaz au vu de la conjoncture actuelle marquée par une baisse de la consommation mondiale et une surproduction de gaz», estimant que «les données du GECF sont de plus en plus prises en considération par les différentes instances énergétiques dans le monde».