L'épidémie du coronavirus et la chute du cours des hydrocarbures a mis en évidence la vulnérabilité de l'économie algérienne assise essentiellement sur la rente des hydrocarbures qui irrigue toute la société. Dire qu'aujourd'hui que la situation économique et sociale en Algérie est préoccupante constitue un euphémisme, expliquant actuellement les vives tensions sociales (voir notre interview parue dans le quotidien international lemonde.fr Paris- 05/02/2021). La banque d'Algérie procède au dérapage du dinar par rapport au dollar et à l'euro ce qui permet d'augmenter artificiellement la fiscalité hydrocarbures ( reconversion des exportation hydrocarbures en dinars) et la fiscalité ordinaire ( via les importations tant en dollars qu'en euros convertis en dinar dévalué), cette dernière accentuant l'inflation des produits importés ( équipements, matières premières, biens finaux), montant accentué par la taxe à la douane s'appliquant à la valeur dinar, étant supportée en fin de parcours, par le consommateur comme un impôt indirect, l'entreprise ne pouvant supporter ces mesures que si elle améliore sa productivité. A un niveau de 10/15 milliards de dollars de réserves de change , sans dynamisation de l'appareil productif, la banque d'Algérie serait contrainte de dévaluer le dinar à plus de 200/220 dinars un euro début 2022 avec un cours sur le marché parallèle d'environ 300 dinars un euro. Cela induira .forcément une inflation importante pour tous les produits importés biens de consommation, biens intermédiaires et équipements, l'ONS. Ainsi le prix des légumes secs importés, des pièces de voitures, les ordinateurs et les composants depuis début janvier 2021 ont connu une hausse entre 20/40% selon les produits. Pour les importations de voitures, si on achète à 100 euros arrivé au port d'Alger, le prix sera multiplié par 160/170 dinars un euro , plus les droits et taxes appliqués à la partie dinar plus la marge du concessionnaire, donc un prix au consommateur très élevé et qui sera fonction de la marque et du gabarit et de la structuration du pouvoir d'achat . Ainsi, malgré les subventions de certains produits, la majorité des produits connaissent une hausse vertigineuse ayant un impact sur le pouvoir d'achat des Algériens. Le FMI estime que l'inflation est de 3,5% en 2020, mais devant relativiser ce chiffre qui contient des produits entrant dans le panier-type de consommation des ménages servant à calculer l'évolution de l'indice dont la composition du panier n'a pas été actualisé depuis 2011 , donc sous estimant le taux d'inflation. Or, le besoin est historiquement daté, évoluant avec le nouveau comportement de consommation des ménages, devant l'éclater par produits selon le modèle de consommation par couches sociales, fonction de la stratification du revenu national . La perception de l'inflation est différente d'une personne qui perçoit 200 euros par mois de celle qui perçoit 5.000 euros ou plus n'ayant pas le même modèle de consommation.. Aussi, une interrogation s'impose : comment est-ce qu'un Algérien, qui vit au SNMG, fait face aux dépenses incontournables : alimentation, transport, santé, éducation. Face à cette situation le . SMIG qui était de 8000 dinars en 2001, à 15.000 dinars en 2010 et à 18.000 dinars en 2012, le Conseil des ministres le 03 mai 2020, a décidé la revalorisation du salaire national minimum garanti (SNMG) de 20.000 dinars; soit 125 euros par mois au cours officiel de 160 dinars un euro de février 2021., Pour pouvoir subsister, en ce mois de février 2011, un ménage avec deux à trois enfants, sans voitures, a besoin d'un salaire minimum net par mois de 300 euros au cours officiel ( 160 dinars un euro) et de 400 euros au cours du marché parallèle (210 dinars un euro). Le travail au noir (sphère informelle) de certaines catégories de la sphère réelle après les heures de travail, parfois la petite corruption de ceux qui détiennent certains segment sud pouvoir économique au niveau local , la cellule familiale, paradoxalement, la crise du logement (même marmite, même charges) et les subventions et transferts sociaux mal ciblées et mal gérés jouent temporairement et imparfaitement comme tampon social. Nous sommes dans un cercle vicieux : l'inflation accélère les revendications sociales pour une augmentation des salaires qui à leur tour en cas de non productivité accélère l'inflation.. Lorsque l'Etat a les moyens financiers, l'importation de produits subventionnés joue comme tampon transitoire. Qu'en sera t-il avec l'éclatement de la cellule familiale et en cas de chute du cours des hydrocarbures ? Le processus inflationniste est amplifié par les tendances monopolistiques tant au niveau commerce extérieur qu'au niveau interne où les circuits entre le producteur et le consommateur (les grossistes informels) ont tendance à se rallonger, la marge commerciale pouvant représenter 2 à 3 fois le prix de production (surtout dans le domaine agricole), ce qui ne peut que décourager le producteur immédiat et l'orienter vers des activités spéculatives. Ainsi, la politique bureaucratique autoritaire d'encadrement des prix s'avère d'une efficacité limitée, sinon il faudrait des milliers de contrôleurs, ne résolvant d'ailleurs pas le problème dans la mesure où le contrôle des prix repose sur le détaillant qui ne fait souvent que répercuter ces surcoûts de distribution alors que s'impose un nouveau système de régulation transparent. Les raisons essentielles de ce dérapage du dinar qui induit l'inflation importée est la faiblesse de la production et la productivité interne, l'injection de monnaie sans contreparties productives engendrant l'inflation. Mais soyons réaliste , toute Nation ne peut distribuer que de ce qu'elle a préalablement produit quitte à aller vers la dérive politique, sociale et économique Face à cette situation quelle est l'évolution du taux d'emploi et le taux de chômage réel en Algérie ? L'on devra éviter faire un bilan sans passion de tous les organismes chargés de l'emploi avec tous avantages accordés, ayant assisté à du saupoudrage social, le bilan étant mitigé. L'annonce du directeur général de l'Agence nationale d'appui et de développement de l'entrepreneuriat en ce mois de janvier 2021 , qu'environ 220. 000 micro-entreprises en difficultés financières recensées et l'adoption de nouvelles procédures visant à échelonner les dettes de ces entreprises et à effacer les pénalités de retard est –elle une solution pérenne comme l'assainissement des grandes entreprises publiques, qui selon le ministre délégué auprès du Premier ministre chargé de la Prospective le 03 janvier 2021, l'équivalant de près de 250 milliards de dollars ayant été alloué par l'Etat au secteur public marchand sur les 25 dernières années ? Le ministre du Travail, de l'emploi et de la Sécurité sociale, devant le parlement courant janvier 2021 a révélé que pour l 'année 2020 , en raison de la propagation de la pandémie du nouveau coronavirus a eu des impacts négatifs » sur le monde de l'emploi. Ainsi, l'activité de médiation (l'ANEM) dans le marché de l'emploi a connu une baisse de 30% dans les offres d'emploi en 2020, et par conséquent le nombre de placements des demandeurs d'emploi a reculé de 31%. Ce constat renvoie au couple taux de croissance faible et pression démographique galopante, la population totale ayant a évoluée en 2000 de 30,87 millions d'habitants, à 44,7 millions d'habitants en 2020 avec un e projection de 51,309 millions en 2030 , nécessitant de créer plus de 350.000 emplois par an qui s'ajoute au taux de chômage actuel. Concernant la répartition de la population occupée par secteur d'activité, en 2019, il est constaté que les plus gros employeurs sont le secteur de la construction avec 1,9 million de travailleurs (17,2% de l'ensemble de la population occupée), suivie de l'administration publique (hors secteur sanitaire) avec 1,73 million d'employés (15,7%), du commerce avec 1,71 million (15,5%), de la santé et l'action sociale avec 1,56 million (14,1%), des industries manufacturières avec 1,33 million (12%) et de l'agriculture avec 1,14 million (10,4%), alors que les travailleurs des autres services sont au nombre de 819.000 Plus précisément, la structure de l'emploi, selon le secteur d'activité, fait ressortir un secteur tertiaire (commerce et service –administration, le salariat constituant la forme d'emploi dominante avec 65,3% tant au niveau du secteur privé formel qu'au niveau du secteur public mais avec d'importantes disparités salariales et également selon le sexe. l'emploi féminin se caractérisant par une plus grande concentration dans le secteur public (61,2% de l'emploi. Concernant les retraités, où cohabitent deux systèmes, l'un régissant les cadres de la nation et l'autre concernant la majorité , selon le ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale sont au nombre en mai 2020 de 3.266.000 personnes retraitées et selon le DG du Trésor Public d'ici fin 2020, le déficit de la CNR a atteint les 700 milliards de dinars. C'est que la CNR connaît de sévères contraintes où actuellement, seuls 2 personnes sont actives pour 5 retraités. Face à ce constat, l'Exécutif a dû recourir au financement non conventionnel (planche à billets) où 500 milliards de dinars a été injecté dans la CNR, dont une partie a servi à rembourser la CNAS. Qu'en est-il de l'impact sur le taux de chômage ? Le taux officiel officiel fortement biaisé par les surjectifs dans les entreprise publiques/administration, les emplois précaires à faible valeur ajoutée qui deviennent dominants et de faux emplois comme faire et refaire les trottoirs et en plus, ce taux incluant l'emploi de la sphère informelle : 2012, 11,0%- 2013, 9,8%- 2014, 10,6% 2015, 11,2%- 2016 10,5%- 2017, 11,6%- 2018, 13,1%- 2019, 14,3%- 2020, 15,0%- et les prévision 2021 15,8% Les chiffres de l'ONS précisent que pour l'année 2019, 45,8% de la totalité des chômeurs algériens ne sont détenteurs « d'aucun diplôme »; tandis que les 62,9% restants, soit six chômeurs sur dix, sont des chômeurs de longue durée à la recherche d'un emploi depuis au moins une année. Chez les personnes dont l'âge est compris entre 16 et 24 ans, le taux de chômage est estimé à 26,9% en mai 2019. Dans le cadre de la cohésion sociale et face à la détérioration sociale amplifiée par l'épidémie du coronavirus, il est prévu que le maintien des transferts sociaux budgétisés inchangés par rapport à 2019, s'établissant à 14,04 milliards de dollars au cours de 128 dinars un dollar au moment de l'établissement de la loi de finances , soit 8,4% du PIB. Sans être exhaustif, nous avons les subventions du prix du pain, de la semoule et du lait, les subventions des carburants et de l'électricité, l 'Algérie étant classée parmi les pays où le prix du carburant est le moins cher au monde, les subventions de l'eau, les subventions de la santé avec la médecine gratuite et la distribution de la carte Chiffa à la majorité de la population pour le remboursement des médicaments , les subventions dans le transport, les subventions pour le soutien au logement social et à l'emploi, des subventions à certaines entreprises publiques déficitaires par l'assainissement, l'octroi d'avantages financiers et fiscaux pour les nouvelles créations et nous avons l'éducation gratuite avec la prise en charge financière du transport des étudiants, de la restauration et de l'hébergement y compris certains CEM et lycée. Y- a-t-il risque d' une implosion sociale avec la révolte de la jeunesse ? La jeunesse qui représente plus de 70% de la population algérienne ouverte sur le monde, connectée aux réseaux sociaux outre bien entendu le volet économique, avoir un emploi et une vie décente , a d'autres aspirations comme plus de libertés, être respecté et entendu, cela renvoyant aux analyses anthropologues et sociologiques pour diagnostiquer la cartographie sociale. Elle est angoissée vis-à-vis de son devenir face à des promesses non tenues par la majorité des dirigeants depuis l'indépendance politique et pas seulement de la période actuielle, accentuant sa méfiance et donc les révoltes que connaissent certaines wilayas , celles les plus déshéritées.. D'où le mirage de fuir le pays « les harragas » pour d'autres contrées du monde » aspirant à un avenir meilleur, les enquêtes menées montrant que cela touche toutes les catégories sociales y compris les plus aisées et diplômés. Concernant certaines zones déshéritées « dites zones d'ombre », le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, courant mai 2020 a révélé que le décompte des zones d'ombre qui a eu lieu au niveau des wilayas a permis le recensement d'environ 8,5 millions d'Algériens vivant dans 15 000 zones , les autorités algériennes s'étant engagées à résoudre ce problème qui est un scandale où des populations vivent encore la période antérieure à l'indépendance politise. Cependant ce chiffre est sous estimée puisque subsistent des zones déshéritées au niveau des grandes et moyennes villes périphériques (bidonvilles) sans routes, ni électricité, ni gaz où des jeunes rasent les murs sans emplois. Mais le problème de l'emploi du chômage et les préoccupations de la jeunesse parabolée, frustrée en référence aux inégalités sociales croissantes, voulant avoir le même niveau de vie que les pays développés , expliquant ce mirage de l'immigration clandestine, renvoyant aux nouveaux comportements donc aux analyses psychiatres, anthropologiques et sociologiques dans un monde incertain en pleine mutation. Pour l'Algérie du fait qu'en dehors des hydrocarbures sur une population active dépassant approchant en 2021 environ 13 millions, nous avons près de 45/50% de l'activité concentrée dans la sphère informelle, plus de 6 millions de personnes, sans protection sociale, principalement dans les services/,les petits boulots, plombiers, électriciens maçons et l'agriculture pour les saisonniers. Les mesures de confinement ayant accru la précarité, touchent tous les secteurs de l'économie mais à des degrés d'impact différents. Les entreprises font face à des pertes substantielles qui menacent leur fonctionnement et leur solvabilité, notamment les petites entreprises et une grande partie de travailleurs risque d'être exposée à des pertes de revenus et à perdre leur travail.