Pour faire face à une éventuelle crise énergétique à l'horizon de 2030, l'Algérie cherche des alternatives à l'impasse pétrolière et envisage, ainsi, le développement en urgence des énergies renouvelables pour couvrir la demande locale. La consommation énergétique des ménages a enregistré une forte hausse, depuis le début de la pandémie du Covid-19, influencée principalement par le dispositif de confinement mis en place dans le cadre de la lutte contre ce virus. L'adoption du mode de travail à distance (télétravail), l'utilisation accrue des appareils électroniques et électroménagers ont contribué à la hausse de la consommation énergétique. Une raison parmi d'autres qui poussent les autorités à se tourner vers l'énergie verte ou le renouvelable. De plus en plus l'énergie durable prend l'avantage sur l'énergie fossile. L'Etat veut profiter de la situation exceptionnelle que vit le pays depuis une année afin d'accélérer l'exécution du Plan de relance et de développement de ce secteur. En priorité produire plus d'électricité pour répondre aux besoins du consommateur qui fait face depuis des mois à une charge supplémentaire. «Un avis d'appel d'offres pour la production de 1.000 mégawatts (MW) de source photovoltaïque sera lancé le mois de juin prochain. Ce projet concerne dix wilayas du Sud avec 100 MW pour chacune», a fait savoir, avant-hier, à Alger le ministre de la Transition énergétique et des Energies renouvelables, Chems Eddine Chitour lors d'un point de presse, en marge de la cérémonie officielle d'inauguration du Salon de l'électricité et des énergies renouvelables (SEER). «La concrétisation de ce projet permettra à l'Algérie de franchir un pas considérable vers les énergies renouvelables», a-t-il souligné, expliquant que «si on arrive à produire 1.000 MW, nous allons gagner 300 millions de mètres cubes de gaz». Le recours à l'énergie solaire et l'utilisation des photovoltaïque permettra, durant la période d'hiver en particulier ou de crise comme celle du Coronavirus de rationaliser la consommation énergétique. Egalement, garantir l'efficacité énergétique et avec le temps, l'Algérie pourra exporter son surplus d'énergie. «Nous avons préalablement préparé ce programme avec des experts qui ont fait des études d'impact sur l'agriculture et l'environnement dans les dix wilayas concernées et nous avons eu l'accord de principe des autorités locales pour le lancement de ce projet», a indiqué M. Chitour, mettant en évidence pour la énième fois, la nécessité d'encourager ces initiatives, soulignant la limite des énergies fossiles qui s'épuise au fur et à mesure de sa surexploitation. Erosion des zones d'exploitation. «Nous avons consommé de l'énergie fossile durant 50 années, le moment est venu pour nous d'adopter une politique énergétique basée sur la rationalisation de la consommation et la promotion des énergies renouvelables», a-t-il argumenté, ajoutant, que «l'Algérie n'est pas en mesure de continuer à consommer 800 millions de m3 de gaz par semaine. Sachant que près de 80 % de la consommation énergétique était engloutie par le secteur des Transports, de l'Habitat et du résidentiel». Par anticipation stratégique, l'Algérie doit développer en urgence les énergies renouvelables pour éviter la crise énergétique et surtout l'importation de cette énergie, appelant, à l'occasion, à l'implication des deux grandes entreprises nationales de l'Energie dans le développement de l'énergie propre. M. Chitour a interpellé les sociétés publiques Sonatrach et Sonelgaz pour mettre en œuvre la stratégie de développement de cette énergie alternative, indiquant que «son département oeuvre pour le lancement d'une société dédiée aux énergies renouvelables» . «Il faut que cette société naisse. C'est une obligation. Si la transition énergétique a des chances de réussir en Algérie ce sera grâce à Sonatrach et Sonelgaz», a-t-il assuré. Il lance aux deux entreprises le défi de l'innovation et de diversification de leurs activités. Rappelant que la Sonatrach a déjà exprimé son ambition d'investir dans l'énergie verte. «L'Algérie a besoin plus que jamais d'innovation dans tous les secteurs et particulièrement dans le secteur énergétique», a-t-il assuré, en mettant en avant l'importance de la collaboration entre tous les secteurs, notamment, des entreprises innovantes. Lors de ce point de presse avec les médias, M. Chitour est revenu sur son ambition de révolutionner le secteur de l'automobile qui devra, selon lui, rouler avec l'énergie électrique, moins polluante. Plusieurs actions sont «menées entre son département et plusieurs institutions afin d'intégrer la locomotion électrique en Algérie», a-t-il indiqué, estimant que «le pays préparait son modèle énergétique en faisant des projections sur 2030 afin de définir les modèles de consommations appropriées. Ce plan inclusif a besoin de toutes les compétences du pays». L'Algérie doit rattraper son retard accumulé dans le développement de ce secteur et basculer vers les énergies renouvelables afin de se libérer de l'énergie fossile et, surtout, détenir sa propre expertise en la matière.