Donnant suite au Rapport Stora, le Président Emmanuel Macron a décidé de faciliter l'accès aux archives françaises classifiées de plus de 50 ans, qui concernent donc également la Guerre d'Algérie. En effet, selon un communiqué de l'Elysée repris par les médias, le Président français a pris la décision de «permettre aux services d'archives de procéder dès demain (aujourd'hui mercredi) aux déclassifications des documents couverts par le secret de la Défense nationale (...) jusqu'aux dossiers de l'année 1970 incluse». La même source indique que «cette décision sera de nature à écourter sensiblement les délais d'attente liés à la procédure de déclassification, s'agissant notamment des documents relatifs à la Guerre d'Algérie». Mercredi 3 mars 2021, en recevant, au Palais de l'Elysée, la famille du chahid Ali Boumendjel, le Président Macron a affirmé «sa volonté de poursuivre le travail engagé depuis plusieurs années pour recueillir les témoignages et encourager le travail des historiens par l'ouverture des archives, afin de donner à toutes les familles des disparus, des deux côtés de la Méditerranée, les moyens de connaître la vérité». L'ouverture des archives devrait contribuer à répondre aux questions restées sans réponses concernant les militants algériens assassinés durant la Guerre d'indépendance nationale dans les multiples centres secrets de tortures et dont les corps n'ont jamais été retrouvés ainsi que les moudjahidine qui sont morts dans les combats et dont les corps auraient été emportés par l'armée française. En septembre dernier, lors de l'entrevue qu'il a accordée à des responsables de médias nationaux, le Président Abdelmadjid Tebboune a abordé le volet mémoriel en réaffirmant que l'Algérie ne renoncera point à la récupération des restes mortuaires des résistants à l'occupation française, dont le nombre avoisine la centaine, ni aux archives relatives à cette période de son histoire. En octobre, à l'occasion de la commémoration des massacres d'Algériens qui étaient sortis le 17 octobre 1961 à Paris, manifester pacifiquement contre le couvre-feu qui leur a été imposé exclusivement par le préfet Maurice Papon, une association française (association républicaine des anciens combattants, des combattants pour l'amitié, la solidarité, la mémoire, l'antifascisme et la paix ‘'ARAC'') a exigé le libre accès à l'ensemble des archives relatives à ces massacres. L'ARAC a fait constater qu'»il n'a pas été possible jusqu'ici de connaître combien de personnes sont mortes dans ces massacres». C'est pourquoi elle demande «le libre accès à l'ensemble des archives relatant des travaux des chercheurs et historiens français sur ces massacres. Par cette disposition l'Etat français arriverait à rompre le silence et provoquerait par la voix de son parlement, la reconnaissance des crimes du 17 octobre 1961». L'ARAC a souligné dans sa publication intitulée : «17 octobre 1961-17 octobre 2020: Obtenir la reconnaissance du crime par l'Etat», que «ce fut un événement d'une gravité exceptionnelle de la répression d'Etat, la plus violente qu'ait jamais provoquée une manifestation de rue en Europe occidentale dans l'histoire contemporaine». Les archives de la police française relatives à la répression des manifestants algériens, le 17 octobre 1961 à Paris, sont toujours secrètes et n'ont pas été versées dans les archives nationales françaises pour qu'elles puissent être consultées par le public.