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«El djidar el khames» et «Saha l'Artiste» entrent en compétition
FNTP
Publié dans La Nouvelle République le 16 - 03 - 2021

La pièce de théâtre «El djidar el khames» (le cinquième mur), une comédie sociale sur la rivalité destructrice entre individus d'un même collectif, est entrée, samedi à Alger, en compétition du 14e Festival national du théâtre professionnel (FNTP), devant un public nombreux.
L'assistance du Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi (TNA), astreinte au strict respect des mesures sanitaires contre la propagation de la pandémie du coronavirus, a pu apprécier, 65 mn durant, une comédie sociale de caractères, écrite par Ali Tamert et mise en scène par Azeddine Abbar. Dans la conception du «théâtre dans le théâtre», quatre comédiennes de différents niveaux culturels et sociaux, se disputent le personnage du premier rôle d'un spectacle non encore conçu, après avoir été mises en compétition, par leur metteure en scène, par ailleurs autoritaire et féministe, pour trouver un personnage héroïque que chacune devra présenter. Relevée encore par la présence de la servante, sixième personnage comique aux propos provocateurs, la trame du spectacle répercute un microcosme de la société algérienne, à travers le déchirement et la haine entretenus par les personnages entre eux, qui renvoient aux relations sectaires et égocentriques observées entre les individus d'une même société. Métaphore sur l'ordre établi dans la société algérienne, proie à tous les égoïsmes et à l'individualisme, le spectacle, rendu par Amina Touati, Naouel Benaissa, Maya Imène Laimèche, Dalila Nouar, Naouel Aouak et Chahra Benbekriti, vise à réveiller les consciences sur la nécessité et l'utilité du vivre ensemble et l'importance de s'investir dans l'exercice de la citoyenneté.
Ajoutant de l'esthétique au spectacle, la scénographie, faite d'un éclairage aux couleurs vives et d'un décor unique a dominance rouge signé Mourad Bouchahir, a consisté en la reproduction d'une scène avec ses rideaux et une loge d'artiste, avec des meubles contenant différents costumes et accessoires de coiffure et de maquillage. La bande son, œuvre de Abdelghani Mahmoudi, a également été d'un apport concluant au spectacle, travaillant sur le profil des différents personnages, qui par moment, s'unissent dans la douleur lorsqu'il arrive que leur rivalité soit mise de côté pour évoquer leur vies personnelles, en souffrance des mêmes problèmes existentiels. Les cinq femmes finiront par comprendre que leur mal provenait de leur cheffe artistique, tenue pour seule responsable de l'instauration de cet esprit de division et de rivalité démesurée. Montée en 2019, la pièce de théâtre «El djidar el khames» (le cinquième mur) est produite par le Théâtre régional de Sidi Bel-Abbès, en collaboration avec le Fonds national de la promotion des Arts et des Lettres.
Le monodrame, «Saha l'Artiste», une immersion dans l'univers de la création artistique dénonçant la condition de l'artiste dans une société de consommation, a été présentée dimanche à Alger, dans le cadre du 14e Festival du théâtre professionnel (FNTP), devant un public restreint. Tenu au strict respect des mesures de prévention contre la propagation de la pandémie de la Covid-19, le public du Théâtre municipal d'Alger-Centre a pu apprécier, 60 mn durant, la prestation du comédien Ahcène Azazni et du musicien Amar cherifi, dans un spectacle écrit et mis en scène par Omar Fetmouche. Un violoniste, auquel manquait un fil à son instrument, se rend vite compte que tous les magasins de musique qu'il connaissait ont été transformés en «fast-food», dans une société de consommation «délabrée», où le «souci du gain facile», règne en maître absolu. Dans un environnement hostile à toute créativité artistique où il est impossible de trouver une corde de violon, le musicien décide de quitter le pays, et va pour ce faire, voir «Moul el khit», un affairiste débrouillard détenant toutes les ficelles pour contourner toutes sortes de problèmes, qui lui procurera un visa.
De l'autre côté de la Méditerranée, l'artiste s'épanouit et trouve son compte, allant jusqu'à étudier la contre-basse, instrument qu'il a adopté et acheté sans son étui, se voyant, à son retour au pays, contraint de le faire transiter dans un cercueil, faisant croire que c'est la dépouille de sa femme, une française qu'il avait épousée et réussi à convertir à l'Islam. Interprétant pas moins d'une quinzaine de personnages, Ahcène Azazni a conquis le public dans une prestation de haute facture, où Amar Chérifi, chanteur chaâbi à la mandole, reprenait la trame en chanson dans différentes variations modales, dans les modes Araq-H'çin, Moual, et Sehli, entre autres, et assurait les transitions, donnant ainsi à son instrument des élans de narrateur. «Nouvelle forme», mêlant le théâtre à la musique que Omar Fetmouche entendait «tester» avec son staff, cette fusion des genres «intéressante» de l'avis des spectateurs, a permis, «une plus grande proximité avec le public», ce qui, a-t-il ajouté, a rendu le message «plus accessible».
De «Moul el khit» jusqu'à Aammi Hmida, passant par, quelques clients d'un restaurant, le vieux tailleur de pierre tombale, le douanier, le chauffeur du corbillard de fortune, le policier, le malfrat déguisé en «Capitaine crochet», la tante Zohra et le gardien du cimetière, Ahcène Azazni, chevronné des planches, a bien porté le texte, faisant montre de toute l'étendue de son talent de comédien professionnel. La corde manquante au violon aura ainsi révélé tous les maux de la société, permettant à Ahcène Azazni de poser avec brio, la problématique de «l'espace de créativité artistique et de production en Algérie». Produit en 2019 par la Coopérative «Théâtre Sindjab» de Bordj-Ménaïel, en collaboration avec le TNA, le monodrame «Saha l'Artiste», spectacle programmé en «off» au 14e FNTP, sera suivi par la pièce de théâtre en compétition, «Es'Sefqa» (la transaction) du Théâtre régional de Tizi-Ouzou. Le 14e Festival national du théâtre professionnel se poursuit jusqu'au 21 mars avec dix spectacles en compétition au TNA, et neuf autres en off, programmés au Théâtre municipal d'Alger-Centre et à l'espace Hadj-Omar, une salle annexe au TNA.


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