La Commission de l'Union africaine (UA) a rendu publique, jeudi, la décision prise par les chefs d'Etat africains, au sujet du Sahara occidental en dépit d'un intense lobbying et d'une féroce campagne médiatique menés par Rabat, visant à faire croire à l'échec de la réunion tenue, le 9 mars, par le Conseil de la paix et de la sécurité de l'Union africaine, consacrée, en partie, à la question sahraouie. La décision du CPS remet la question sahraouie dans son véritable contexte de décolonisation, en insistant sur le droit inaliénable du peuple sahraoui à l'autodétermination ainsi que sur la responsabilité de l'organisation continentale. Ni les contrevérités diffusées par la presse marocaine, ni les méthodes connues de la délégation du Maroc à l'UA, n'ont réussi à empêcher la diffusion de cette décision très favorable à la cause sahraouie. L'organe décisionnel de l'organisation africaine, prévoit également une série de mesures pour la réactivation du rôle de l'UA, notamment à travers la mobilisation du CPS, la réouverture du Bureau de l'UA à Laâyoune occupée, l'organisation d'une visite sur le terrain, le mandat octroyé à l'Envoyé de l'UA qui est appelé à reprendre d'urgence son engagement auprès des parties en conflit. Il rappelle, en outre, aux Nations unies l'impératif d'expédier le processus de désignation d'un envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU et de remettre sur les rails le processus de règlement sur des bases crédibles. Le Conseil interpelle aussi le SG de l'ONU afin de demander à son Conseiller juridique de fournir un avis juridique sur l'ouverture de consulats dans le territoire non autonome du Sahara occidental. Il est également demandé aux trois membres africains du Conseil de Sécurité de l'ONU, à savoir le Kenya, le Niger et la Tunisie, de défendre cette position commune au sein du Conseil. Il s'agira aussi pour eux de faciliter la coordination sur cette question entre le Conseil de Paix et de Sécurité de l'UA et le Conseil de sécurité des Nations Unies. Sur un autre plan, il est attendu de la Troïka de l'UA de revitaliser d'urgence son engagement avec le Maroc et la République arabe sahraouie démocratique (RASD) en vue de trouver pacifiquement une solution permanente à la crise. Il a été aussi décidé que «le Conseil de paix et de sécurité s'acquitte de son mandat sur le conflit du Sahara occidental, conformément aux dispositions pertinentes du Protocole et aux décisions pertinentes de la Conférence, en examinant la situation au Sahara occidental le cas échéant, au niveau des chefs d'Etat et de gouvernement, y compris en recevant des informations de la Troïka de l'UA». Se déclarant «préoccupé» par l'impasse persistante dans laquelle se trouve le processus politique engagé sous les auspices des Nations unies, le CPS a tenu à rappeler que le plan de paix onusien devait «parvenir à une solution politique mutuellement acceptable qui permette l'autodétermination du peuple du Sahara occidental». Ainsi, une fois de plus, la diplomatie sahraouie prend le pas sur le lobbying mené par le Maroc auprès de certains responsables africains, et sur les contrevérités manifestes diffusées par la presse marocaine afin d'empêcher la tenue de la réunion du CPS et ses manœuvres pour que le quorum ne soit pas atteint. Le Conseil de paix et de sécurité de l'UA a tenu, le 9 mars dernier, une réunion au niveau des chefs d'Etat et de gouvernements consacrée à l'examen du conflit au Sahara occidental. Dans les jours précédant la réunion du CPS, le Maroc a mené d'intenses actions de lobbying auprès des responsables kényans et africains afin de l'annuler. Des médias kényans ont dévoilé des aspects des manœuvres cachées de la diplomatie marocaine qui a tenté d'exercer une pression notamment sur le chef du mouvement démocrate orange (ODM), le Kenyan Raila Odinga qui est actuellement le Haut représentant de l'Union africaine (UA) pour le Développement des infrastructures, afin de le persuader d'intervenir auprès du président kényan pour empêcher ou reporter la réunion. Ces sources, ont révélé également que le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a appelé son homologue kényane, Raychelle Omamo, pour tenter de faire passer des messages contenant des arguments fallacieux concernant le conflit au Sahara occidental.