Le Maroc a mené d'intenses actions de lobbying auprès des responsables kényans et africains afin d'annuler la récente réunion du Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine (CPS) sur le Sahara occidental, a rapporté samedi le quotidien kenyan "Nation". Le journal a dévoilé des aspects des manœuvres cachées des services marocains qui ont tenté d'exercer une pression notamment sur le chef du mouvement démocrate orange (ODM), le Kenyan Raila Odinga qui est actuellement le Haut représentant de l'Union africaine (UA) pour le Développement des infrastructures, afin de le persuader d'intervenir auprès du président kényan pour empêcher ou reporter la réunion. Le même journal a révélé également que le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a appelé son homologue kényane, Raychelle Omamo, pour tenter de faire passer des messages contenant des arguments fallacieux concernant le conflit du Sahara occidental. Le journal kenyan a conclu que les multiples tentatives et pressions du Maroc n'ont pas empêché le président kényan, Uhuru Kenyatta de convoquer la réunion du mardi 9 mars. Les participants à cette réunion ont appelé à un "cessez-le-feu immédiat" au Sahara occidental et demandé à la troïka de l'Union africaine et à l'Envoyé spécial de l'UA pour le Sahara occidental Joachim Chissano de "redynamiser le soutien à la médiation dirigée par l'ONU". A l'occasion, les membres du CPS ont déclaré que "le conflit au Sahara occidental avait retardé les efforts d'intégration régionale", appelant le secrétaire général de l'ONU à accélérer la nomination d'un envoyé personnel pour faciliter la médiation et soutenir les efforts de paix au Sahara occidental. La même source, rappelle que l'année dernière, en décembre, l'ex-président des Etats-Unis Donald Trump a décidé unilatéralement de reconnaitre la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, ce à quoi l'Union africaine s'est rapidement opposée et a déclaré que la question devait être résolue par le biais du référendum d'autodétermination ordonné par le Conseil de sécurité de l'ONU dont les Etats-Unis sont un membre permanent. Les Etats-Unis avaient voté plus tôt en octobre pour la prolongation de la mission des Nations Unies pour l'organisation d'un référendum d'autodétermination au Sahara occidental (Minurso) jusqu'au 31 octobre 2021. La même résolution 2548 de l'organe exécutif de l'ONU avait également appelé à la reprise des négociations sans conditions préalables et souligné "la nécessité d'une solution juste, durable et mutuellement acceptable" au conflit du Sahara occidental.