L'Agence nationale de sécurité sanitaire prévoit de créer un «Centre de vaccinologie» pour s'approprier et maîtriser les technologies de développement des vaccins. Il s'agit d'une «action urgente à mener face à l'émergence de nouveaux virus», d'après ce qu'a estimé le directeur de l'Agence, le Pr Kamel Sanhadji. Lors de son passage à l'émission «L'invité de la rédaction» sur les ondes de la Radio algérienne de la Chaine lll, le Professeur Senhadji a affirmé que «la création d'un Centre dédié à l'étude et au développement des vaccins relève de la cohérence». Selon lui, «il ne suffit pas de fabriquer le Sputnik V pour palier l'urgence. Il y a aussi les autres technologies de vaccins qu'il faut maîtriser. Dans ce Centre de vaccinologie, la technologie de l'ARN sera privilégiée», prévoit le Pr Kamel Sanhadj. D'après le directeur de l'Agence nationale de sécurité sanitaire, il s'agit d'une technologie accessible aussi bien sur le plan scientifique que financier. Ce Centre de vaccinologie, a expliqué le même responsable, «devra être adossé à un hôpital de confinement». Il faut imaginer le pire des scénarios, celui d'une épidémie type Ebola, et là il faut avoir des structures isolées pour pouvoir prendre en charge ces maladies émergentes graves». Même s'il a exprimé sa satisfaction sur l'efficacité du vaccin classique face au Covid-19 et à ses nombreux variants, le Pr Sanhadji a insisté sur la nécessité d'acquérir et de maîtriser les nouvelles méthodes de développement des vaccins qui offrent une rapidité de réaction aux mutations des virus. «Le développement de différentes technologies de vaccins, notamment l'ARN messager, est un saut qualitatif scientifique intéressant puisqu'il permet, au cas où des variants échappent à la couverture vaccinale, de se mettre à jour en seulement 6 semaines, lorsque les vaccins classiques nécessitent deux ans de culture du virus», a ajouté le même responsable. Il a, également, préconisé d'accélérer le rythme de vaccination de la population. «Je parle en tant que scientifique. Il n'y a pas pire que de vacciner à bas bruit parce que cela donne au virus le temps et l'opportunité de muter», a estimé le Pr Sanhadji, disant regretter que le nombre de doses, importées jusque-là, soit insuffisant. «L'immunité collective n'est pas atteinte», a-t-il mis en garde, tout en appelant la population à maintenir la vigilance et à continuer à respecter les gestes barrières. «Heureusement que la situation épidémiologique en Algérie reste modeste par rapport aux flambées constatées actuellement en Europe», a relevé le directeur de l'Agence nationale de sécurité sanitaire qui fait également part de sa déception. «Je suis déçu. Que de temps perdu pour l'Algérie. Il y a encore 20 ou 30 ans, on savait faire des petites choses concernant la vaccination, mais on a perdu notre savoir-faire. La deuxième déception, c'est celle de la solidarité internationale et de l'engagement qui n'a pas été tenu sur le système Covax, qui commence à fonctionner depuis, à peine, une dizaine de jours», s'est inquiété le Pr Sanhadji.