La France qui soutient le Maroc au Sahara occidental, est impliquée dans la perpétuation du dernier fait colonial en Afrique, a déploré récemment le représentant du Front Polisario en France, Mohamed Sidati. «L'implication de la France permet de perpétuer le dernier fait colonial en Afrique», a déclaré le représentant sahraoui au cours du «Mois décolonial» qui se tient à Grenoble durant tout le mois de juin. M. Sidati s'exprimait au cours d'une table ronde animée par le militant altermondialiste Patrick Farbiaz. Le diplomate a dénoncé l'appui logistique en armement apporté par la France au Maroc pour «la poursuite de la guerre au Sahara occidental» ainsi que son «soutien politique à l'expansionnisme marocain». «La France a couvert toutes les turpitudes du régime de Rabat, pour lui éviter l'isolement et la condamnation, notamment au Conseil de Sécurité de l'ONU», a-t-il rappelé. «Avec son droit de veto, elle a obtenu du Conseil qu'il n'adopte pas l'attribution d'un mandat de surveillance des droit de l'homme à la MINURSO, la mission de paix de l'ONU sur le terrain», a ajouté le diplomate sahraoui au cours de cet évènement qui a réuni à Grenoble les peuples palestinien, sahraoui et kurde. «On vit aujourd'hui les retombées de cette politique néfaste dans l'ensemble de notre région», a enchainé Mohamed Sidati, relevant que «la stratégie d'annexion et d'agression menée par le Maroc avec le soutien tacite de la France, a conduit à la reprise de la guerre au Sahara depuis le 13 novembre dernier». Il a estimé que «le temps est venu pour la France de reconsidérer sa politique préjudiciable pour le peuple sahraoui et pour tous les peuples de la région. Il y va de sa crédibilité et de son intérêt», a-t-il dit à ce propos. M. Sidati a indiqué que le régime marocain «réagit violemment, par les pressions et le chantage, à l'endroit des pays européens qui ne reconnaissent pas sa forfaiture et son fait accompli au Sahara occidental, en particulier contre l'Espagne, avec la tentative de submerger Ceuta et Melilla par des milliers de migrants, notamment des mineurs marocains». Mais n'«a rencontré que réprobation de la part des institutions européennes, notamment du Parlement européen», qui récemment condamné l'utilisation par le Maroc de la migration comme moyen de pression politique sur l'Espagne. «Rendre justice au peuple sahraoui qui lutte depuis des lustres pour son autodétermination et son indépendance contribuera à la stabilité du Maghreb», a indiqué Mohamed Sidati, expliquant que cette lutte s'«inscrivait totalement dans la ligne de la défense africaine des principes d'autodétermination et d'indépendance dans le respect des frontières acquises à l'indépendance». De son côté, le militant altermondialiste Patrick Farbiaz a rappelé que le peuple sahraoui luttait contre «l'occupation et le colonialisme». «C'est pourquoi, bien que son sort relève de la responsabilité des Nations Unies, un soutien indéfectible lui est dû, et ce d'autant plus que la France est engagée aux côtés du régime marocain d'occupation du Sahara occidental», a soutenu Patrick Farbiaz. «La position de Madrid n'a pas changé et ne changera pas» Le secrétaire d'Etat espagnol chargé de la promotion de l'image extérieure de l'Espagne, Manuel Muniz, a affirmé mercredi que la position de Madrid sur le Sahara occidental n'a pas changé et ne changera pas, malgré les relations très tendues avec le Maroc et la pression qu'il exerce sur l'Espagne pour pousser ce pays à reconnaître sa prétendue souveraineté sur les territoires sahraouis. Au cours de sa visite de deux jours à Berlin, M. Muniz a souligné que la position espagnole dans ce conflit est «connue et constante, inchangée depuis des décennies, en plus d'être parfaitement encadrée dans les résolutions du Conseil de sécurité et dans le consensus international». «Nous soutenons depuis le début la demande du Conseil de sécurité des Nations unies, celle de mener un dialogue entre les parties sahraouie et marocaine sur le statut de la région sous l'arbitrage de la Minurso (Mission des Nations unies pour l'organisation du référendum au Sahara occidental)», a-t-il affirmé à l'agence de presse espagnole EFE. «C'est notre position. Elle n'a pas changé et ne changera pas», a-t-il soutenu. Le Secrétaire d'Etat a également indiqué que l'Espagne souhaitait la nomination d'un nouvel envoyé spécial de l'ONU pour le Sahara occidental, un poste vacant depuis que l'Allemand Horst K?hler a quitté ses fonctions en mai 2019 en raison de problèmes de santé. L'Allemagne, un pays qui a également connu une crise diplomatique avec le Maroc en raison de sa position sur le Sahara occidental, «partage la même position de l'Espagne», a-t-il précisé. La ministre espagnole des Affaires étrangères, Arancha Gonzalez Laya, avait déclaré que «l'Espagne était toujours fermement attachée à une solution politique, une solution qui doit être trouvée dans le cadre des Nations unies». «C'est la position espagnole (…) cette position ne peut changer parce que l'Espagne est un pays respectueux de la légalité internationale», a-t-elle ajouté. Depuis quelques mois, les relations entre Madrid et Rabat sont tendues, l'Espagne accusant, le Maroc, notamment d'employer différents moyens de pression et de chantage afin de la pousser à reconnaître sa prétendue souveraineté sur le Sahara occidental. La récente admission, dans un hôpital espagnol, du président sahraoui, Brahim Ghali en avril dernier a compliqué davantage les relations entre les deux pays, lorsque 8.000 migrants ont rejoint en mai dernier l'enclave espagnole de Ceuta depuis le Maroc, à la faveur d'un relâchement des contrôles marocains. La ministre espagnole de la Défense, Margarita Robles, a accusé le Maroc d'avoir instrumentalisé des centaines de mineurs pour traverser les frontières après l'afflux dans l'enclave de Ceuta de milliers de migrants, qualifiant l'épisode d'«inacceptable». En réponse à ce geste, le Parlement européen a adopté jeudi dernier, à une large majorité une résolution dans laquelle il a rejeté l'utilisation par le Maroc de migrants mineurs non accompagnés, comme moyen de pression sur l'Espagne. APLS : de nouvelles attaques contre les sites des forces de l'occupation marocaine Les unités de l'Armée populaire de libération sahraouie (APLS) ont mené de nouvelles attaques intenses contre les retranchements des forces de l'armée d'occupation marocaine dans des points distincts le long du mur du sable (mur de la honte), a indiqué, mercredi, le communiqué militaire n 217 du ministère sahraoui de la Défense. Selon le communiqué rapporté par l'Agence de presse sahraouie (SPS), «des unités avancées de l'APLS ont bombardé, mardi, les retranchements des forces d'occupation dans les deux zones Rous Bennamira et Oudi Ezziyet dans le secteur de Farsia». Mercredi, les unités de l'armée sahraouie ont également ciblé les retranchements des forces de l'occupation dans la zone Oudi Becherarek dans le même secteur, a ajouté la même source. Les attaques de l'APLS se poursuivent contre les forces d'occupation qui subissent de lourdes pertes humaines et matérielles le long du mur de la honte (mur de sable), conclut le communiqué.