L'historien français, originaire d'Algérie, Benjamin Stora, spécialiste de l'histoire contemporaine du Maghreb et auteur d'un rapport sur «Les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d'Algérie» commandé par le Président français Emmanuel Macron, a, indirectement, rejeté les propos de ce dernier concernant l'existence de l'Etat algérien avant la colonisation française. En répondant à Robert Menard, un autre Français, né en Algérie, Benjamin Stora recadre en fait Emmanuel Macron. «Ce que dit Robert Ménard est faux, parce que la régence d'Alger avait tous les attributs d'une souveraineté. La preuve, en 1827, le consul de France à Alger reçoit un coup d'éventail ; il y avait donc un consul de France à Alger, lance Benjamin Stora, à la limite de la colère mais sur un ton visiblement ironique sur l'ignorance de ceux, dont le Président Macron, qui ignorent l'histoire d'un pays, l'Algérie, pourtant proche géographiquement et historiquement. Benjamin Stora insiste en ajoutant qu'il y avait donc des consuls qui se sont succédés pendant des années à Alger, il y avait donc un Etat». C'était jeudi soir sur la chaîne française LCP dans l'émission animée par Myriam Encaoua, «Ça vous regarde». Benjamin Stora a rappelé que tous les écoliers de France ont appris l'histoire du coup d'éventail qui a provoqué trois ans après l'invasion de l'Algérie par les troupes françaises. «Ce n'est pas vrai de dire qu'il n'y avait pas d'Etat algérien», affirme Benjamin Stora qui conseille à Robert Ménard et au Président Macron, implicitement, de revisiter son histoire. Il termine en faisant remarquer que sous la régence d'Alger, il y avait un Etat où les minorités ethniques, dont les Juifs, étaient protégées par l'Empire ottoman beaucoup plus qu'en Europe occidentale. Les propos irresponsables du Président Macron ont constitué un dérapage trop grand pour ne provoquer dans les relations entre l'Algérie et la France, qu'une crise «passagère». Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger, Ramtane Lamamra, a qualifié jeudi les propos du Président français Emmanuel Macron sur l'Algérie de «grave erreur», affirmant que l'Algérie rejette toute ingérence dans ses affaires internes. «Nous avons répondu comme nous devrions répondre très fortement et très fermement», a déclaré le chef de la diplomatie algérienne à l'agence de presse turque «Anadolu» en marge de la troisième réunion Afrique-Italie. Il s'agit, d'une question qui concerne le peuple algérien, seul qualifié à s'élever contre ces propos hostiles et «défendre collectivement notre indépendance et notre souveraineté face à ce que nous considérons comme une grave erreur de la part des autorités française», a précisé le ministre. «Nous faisons comprendre à tous les partenaires et en particulier la France que l'Algérie ne peut pas compromettre sa dignité pour la coopération et l'Algérie ne peut accepter aucune interférence dans ses affaires internes», a souligné Ramtane Lamamra, reconnaissant que l'Histoire de l'Algérie avec la France est «complexe et difficile». A Oran, ce jeudi, en marge des travaux du premier colloque régional d'évaluation de l'activité de son secteur, Laid Rebigha le ministre des Moudjahidine et Ayant-droits, a commenté les dernières déclarations du Président français, en déclarant : «Nous, Algériens, respectons notre histoire et nous œuvrons à la mettre à la place qui lui sied. Il n'y aura aucun effet de ce genre de déclarations émanant d'ici et là». «Nous poursuivrons notre œuvre de consolidation et de préservation de la mémoire nationale et sa transmission aux générations montantes», a-t-il poursuivi. De son côté, le ministre de la Communication, Ammar Belhimer, a estimé jeudi que les propos hostiles du Président français à l'endroit de l'Algérie prouvent que «la mentalité coloniale est présente à des niveaux officiels en France», soutenant que «la souveraineté nationale est une question existentielle qui ne tolère aucun marchandage ni aucune surenchère». «Je n'aborderai pas la teneur des déclarations du Président français mais je tiens à dire que la souveraineté nationale est une question existentielle pour l'Algérie, qui ne tolère aucun marchandage ni aucune surenchère, que ce soit à des fins électoralistes ou politiciennes ou pour s'attirer les faveurs d'un électorat qui voue de la haine à l'Algérie», a affirmé Ammar Belhimer dans un entretien au journal «Wassit Mag».