Ecrivain de stature internationale, Mohammed Dib était moins connu du large public en tant qu'artiste bien que son talent d'artiste-peintre ait été reconnu par ses pairs. Pour honorer cette autre facette de cette grande figure culturelle algérienne, le Centre Culturel algérien de Paris organise du 3 décembre 2021 au 29 janvier 2022, une exposition-hommage à l'occasion du centenaire de sa naissance intitulée : Mohammed Dib et l'art : «Le regard pour l'ombre» .L'événement organisé par le Centre culturel algérien de Paris, en partenariat avec la Société Internationale des Amis de Mohammed Dib se veut donc un « hommage à l'artiste que fut aussi Mohammed Dib en conviant à ses côtés les peintres qu'il a connus et appréciés, ses proches dans l'art, et des artistes contemporains que son écriture puissamment évocatrice a inspirés. Mohammed Dib a toujours manifesté un intérêt pour les arts, sur lesquels il s'exprime dans plusieurs de ses livres. Il s'est lui-même essayé à la peinture dans sa jeunesse, et ses photographies prises à Tlemcen en 1946, et révélées cinquante ans plus tard au public, ont été exposées en Europe, à Bamako, à New-York. Enfin, les aspects picturaux sont évidents dans son œuvre : « Ce qui est sûr, c'est que je suis un visuel, un œil. Cela ressort dans mes écrits» , disait-il. L'exposition qui lui est dédiée aujourd'hui permet de découvrir deux tableaux de l'auteur et plusieurs de ses photographies. Les amitiés des années algériennes sont évoquées par les œuvres de Louis Bénisti, François Fauck, Sauveur Galliéro, Jean de Maisonseul, Bachir Yellès. Suivent les années parisiennes avec Abdallah Benanteur, Mohammed Khadda, Rachid Koraïchi. Les créations plus récentes de Philippe Amrouche, Noureddine Benhamed, El Meya, Khadija Seddiki traduisent les sensations suscitées par la lecture des textes de Mohammed Dib» , lit-on sur le site du CCA de Paris. Auteur prolifique, il a fait son entrée dans le champs littéraire en publiant coup sur coup «La grande maison» en 1952, «L'incendie» en 1954, et «Le métier à tisser» en 1957, une trilogie qui suffira à brosser le tableau de la vie de l'Algérien marginalisé et noyé par la misère et les affres du colonialisme en disant «nous avons été quelques-uns à sentir ce besoin de nommer l'Algérie, de la montrer». Né le 21 juillet 1920 à Tlemcen, Mohamed Dib, qui avait déjà exercé en tant qu'enseignant, comptable, dessinateur ou encore fabricant de tapis, a publié son poème «Eté» en 1946, dans la revue suisse «Lettres» , suivi en 1947 de «Véga» dans la revue «Forge» dirigée à Alger par l'écrivain français Emmanuel Roblès. En 1948, lors d'une rencontre organisée par le mouvement de jeunesse et d'éducation populaire à Blida, il fait la connaissance d'Albert Camus, Jean Sénac et de Jean Cayrol, ce dernier va publier ses premiers romans en France. A la sortie de son roman «La grande maison» il travaille en tant que journaliste à «Alger républicain» et a pour collègue celui qui deviendra le célèbre auteur de «Nedjma» , Kateb Yacine. Après le recueil de nouvelles « u café» (1955), le roman «Un été africain» (1959) et les contes pour enfants «Baba sekrane» (1959), Mohamed Dib entame un nouveau cycle romanesque avec «La danse du roi» (1968), «Dieu en barbarie» (1970) et «Le maître de chasse» (1973) qui explorent la société algérienne postindépendance. L'auteur gagne encore en notoriété auprès du grand public algérien avec l'adaptation par la télévision de «La grande maison» et de «L'incendie» en feuilleton intitulé «El Hariq», réalisé en 1972 par Mustapha Badie. A cette période Mohamed Dib avait enseigné aux Etats-Unis et se rendait régulièrement en Finlande pour des travaux de traduction d'écrivains finlandais ce qui donnera également naissance à une «Trilogie nordique» publiée à partir de 1989 comprenant «Les terrasses d'Orsol», «Neiges de marbre» et «Le sommeil d'Eve». Son œuvre continue de s'enrichir avec des textes pour le théâtre comme «Mille hourras pour une gueuse» présentée au Festival du théâtre d'Avignon en France, ou le récit poétique «L'aube d'Ismaël» (1996) adapté récemment sur les planches. Disparu en 2003 à l'âge de 82 ans, Mohamed Dib aura laissé une œuvre considérée comme «la plus importante de la production algérienne en langue française» de l'avis de l'universitaire Naget Khadda. Depuis 2001 l'association culturel «La grande maison» œuvre, avec le consentement de l'auteur de son vivant, à promouvoir l'œuvre dibienne, à l'organisation d'ateliers d'écriture, de théâtre de cinéma et de dessin, à rendre accessible un fonds documentaire important et à assurer la relève avec la création du Prix littéraire Mohamed Dib.