Le ministère de l'Agriculture et du Développement rural a décidé la semaine dernière de lever les dérogations sanitaires pour l'importation de la poudre de lait, indispensable pour la production laitière, après quatre mois de blocage. Mis à mal par le manque d'approvisionnement en cette matière première, les producteurs laitiers ont poussé un cri de détresse et ont interpellé les autorités qui ont fini par répondre favorablement à leurs doléances. Cette décision a permis, selon le directeur des services vétérinaires au ministère de l'Agriculture et du Développement rural, Imad Idres aux pouvoirs publics de « mettre à jour le fichier des importateurs et de créer une plateforme pour recevoir leurs dossiers et d'établir les dérogations d'importation le jour même » et de «tracer un nouveau plan de développement de la filière de l'élevage laitier». Ainsi, le traitement des dossiers et la délivrance des autorisations d'importations de la poudre de lait se feront dans la même journée, selon l'invité d'hier de la radio nationale, chaîne III. Pour M. Idris, le marché national ne connaît pas de crise du lait en sachet (produit subventionné par l'Etat, en cours de révision), niant toute pénurie récurrente, affirmant, dans son sens, que « le gel n'a jamais touché l'Office national interprofessionnel du lait (ONIL) qui n'a pas cessé l'importation de la poudre de lait ». « Donc, il n'y a pas de pénurie sur le marché », a-t-il déclaré, assurant que durant la période du gel « plusieurs quantités de poudre de lait qui étaient bloquées au niveau du port, occasionnaient des surestaries au trésor public ont été débloquées et mises sur le marché ». Les autorités ont profité de cette période, aussi, pour assainir et d'actualiser le fichier des importateurs de la poudre de lait dont l'ONIL qui approvisionne, selon l'invité, « quelques 130 laiteries privées et les 15 laiteries publiques du Groupe Giplait, il y a ensuite les importateurs transformateurs puis, les importateurs revendeurs ». Cette mise à jour a permis d'«établir la traçabilité de la poudre de lait importée », a-t-il indiqué, rappelant que « l'Algérie a importé entre 400 et 500 mille tonnes de poudre de lait, en 2020, pour une facture d'un milliard 200 millions de dollars. Les importations de l'ONIL couvrent près de 48% de cette quantité. Il a réitéré l'importance de l'utilisation du lait frais produit localement pour réduire la dépendance du pays à l'importation de la poudre de lait et participer au développement de la filière de l'élevage des vaches laitières et l'activité de la collecte du lait au niveau national. M. Idris a affirmé, à ce sujet, que le ministère de l'Agriculture et du Développement rural « vient d'adopter un programme spécial pour l'année 2022 dans l'objectif d'augmenter la production du lait cru, notamment à travers le repeuplement des bâtiments d'élevage en vache laitière et la lutte contre leur abattage ». Il est prévu, dans ce cadre, « l'importation de vaches laitières pour repeupler les bâtiments d'élevage qui sont pratiquement vides. Mais en parallèle, nous allons protéger ces bêtes, en infligeant des peines contre les abattoirs qui pratiquent l'abattage clandestin de ces vaches », a-t-il précisé, ajoutant que « des instructions fermes ont été données aux inspecteurs vétérinaires des abattoirs pour renforcer leur contrôle contre ces pratiques illégales et d'entamer des poursuites judiciaires à l'encontre des convenants ». Ces mesures d'incitations devraient permettre « d'augmenter le volume du lait cru (collecté auprès des éleveurs) estimé actuellement à 800 millions de litres par an et de réduire les importations de la poudre de lait qui avoisine les 500.000 tonnes /an pour un montant de 1,2 milliards de dollars », a-t-il indiqué, appelant ainsi les producteurs laitiers à s'impliquer et à contribuer au développement de leur activité et utiliser le lait frais dans leur production. Cette démarche permettra de répondre à la demande croissante des produits laitiers à des prix abordables. Depuis plusieurs mois, plusieurs produits laitiers connaissent une hausse de plus de 20 dinars (beurre, lait en carton, etc). En plus d'autoriser l'importation de vaches laitières, le ministère de l'Agriculture prévoit de mettre en œuvre un « programme d'insémination pour développer la filière de l'élevage en parallèle. Ce programme vise « d'introduire la vêle entre 12 à 18 mois », a-t-il indiqué, assurant qu'à travers ces mesures, le ministère de tutelle veut « obliger les éleveurs à prévenir le cheptel contre des maladies contagieuses et mortelles ». « Aussi assurer une meilleure traçabilité du cheptel sur le marché et éviter les pénuries », a-t-il fait savoir.