En face du haschisch marocain, d'autres formes de drogues sont en train d'émerger au pays, il s'agit des psychotropes et l'autre cocaïne, la drogue dure. Le trafic illicite et criminel de ces « nouvelles générations » de drogues a explosé depuis l'année 2018, où le nombre des saisis desdites drogues a battu tous les records. Entre la période allant du 1er janvier 2017 jusqu'au 1er juin 2022, la barre des vingt millions de substances de psychotropes saisies par les services de sécurité a été franchie suite au démantèlement dans la wilaya de Djelfa d'un réseau international de trafic de drogue, où plus d'un demi-million de psychotropes a été récupéré lors de cette opération de qualité. Neuf membres dudit réseau ont été arrêtés lors de cette affaire menée par les éléments du service Central de la lutte contre le trafic illicite de la drogue relevant de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN). En parallèle, les forces de l'Armée nationale populaire (ANP) ont saisi plus de trois millions de psychotropes depuis le 1er janvier 2021. Quant à la Gendarmerie nationale, cette dernière et à travers un communiqué datant du 3 août passé, a annoncé avoir récupéré plus de 20.000 psychotropes en l'espace de 48 heures seulement, suite aux différentes descentes et opérations effectuées dans de nombreuses wilayas du pays. Ces quantités considérables de psychotropes saisies dénotent l'inquiétante et l'effrayante évolution de trafic des psychotropes en Algérie. Un pays particulièrement ciblé par l'envahissement de différentes marques de drogues. Une sale guerre menée contre l'Algérie à travers les drogues. 2.000 vendeurs de psychotropes arrêtés en une année Sans emploi, de plus en plus de jeunes personnes décident de s'aventurer à la vente clandestine de psychotropes, car financièrement ce genre de trafic est très rentable malgré de grands risques. C'est ainsi que leur nombre a augmenté durant l'année 2021 puisqu'en face, de grosses quantités de psychotropes, en milliers, débarquent dans les quartiers et les nouvelles Cités au grand bonheur des réseaux de trafic. Ainsi, le trafic des psychotropes a connu une augmentation fulgurante durant l'année 2021, et sa présence partout a poussé la Gendarmerie et Sûreté nationale à agir en mobilisant leurs troupes à travers des enquêtes, descentes, perquisitions, arrestations et saisies de grosses quantités de substances stupéfiantes et toxiques. Durant l'année 2021, les différentes brigades territoriales relevant de la Gendarmerie nationale avaient procédé à l'arrestation de 2.056 trafiquants et saisi 2.364.342 comprimés de psychotropes. Comparativement à l'année 2020, il a été enregistré une hausse de 30 % du nombre des trafiquants et de 25% du nombre des consommateurs arrêtés. Le trafic de psychotropes a explosé durant l'année passée en raison de sa présence massive dans les milieux urbains et suburbains, poussant les gendarmes et policiers à la réplique. En résumé, l'Algérie est devenue une plaque tournante de trafic de psychotropes. Un trafic qui engendre des milliards de dollars pour les narcotrafiquants. Chaque année, prés de 8 millions de comprimés de psychotropes sont saisies par les différents services de sécurité composés de l'ANP, Gendarmerie et Sûreté nationales et des services des Douanes. Cette composition de forces est une véritable ceinture de force et un puissant bouclier humain contre le trafic de psychotropes, un crime organisé transfrontalier qui représente un grand danger pour la sécurité et la stabilité du pays. 2018, le rebondissement de la cocaïne Le trafic des drogues dures a, subitement, augmenté depuis 2018, l'année durant laquelle les services de sécurité ont découvert une cargaison chargée de 701 kilogrammes de cocaïne à l'intérieur d'un bateau en provenance du Brésil et transportant de la viande. Depuis, les affaires liées au trafic des drogues dures ont explosé, autant de mandats de perquisition et les arrestations de trafiquants ont grimpé avec. La cocaïne s'est faufilée jusqu'aux quartiers populaires, alors qu'il y a moins de quatre ans, cette drogue dure était réservée aux plus riches. A Bab El Oued, Ain Benian, Ouled Fayet, Chéraga, Dar El Beida, El Harrach, ici comme dans de nombreuses communes du pays, le trafic de cocaïne a sensiblement augmenté. Désignée par l'appellation «Tchouchna», la cocaïne mélangée avec d'autres médicaments pharmaceutiques est en train de s'étendre et de se répandre au pays. Perquisitions des domiciles, démantèlements de réseaux, arrestations de trafiquants et récupération de grosses quantités de cocaïne, les drogues dures ont envahis les quartiers populaires. Les rapports annuels de l'Office national de lutte contre le trafic de drogue (ONLCTD) font état d'une hausse considérable du trafic des drogues dures visant l'Algérie. En 2015, et selon les statistiques publiés par l'ONLCDT, la quantité de cocaïne saisie a frôlé les 86 kg, tandis qu'en 2016, le bilan est passé à 54,1 kg de cocaïne saisis. En 2017, les services de sécurité ont récupéré près de 500 grammes de cocaïne et près de 150 grammes d'héroïne, soit une année presque sans drogues dures. C'est à partir de l'année 2018 que le trafic des drogues dures a commencé à peser lourdement sur la stabilité du pays. Devenue tristement célèbre, l'affaire dite «Ferry cocaïne» qui avait, en mai 2018, défrayé la chronique suite à l'interception par un détachement des forces marines de l'Armée nationale populaire (ANP) de plus de 700 kg de cocaïne au Port d'Oran. Il s'agit de la plus importante saisie de cocaïne jamais réalisée. En effet, au cours de cette grosse affaire de crime organisé, 701 kilos de cocaïne ont été découverts à l'intérieur d'un bateau en provenance du Brésil et transportant de la viande. Une affaire criminelle dont l'ex-patron de la police, Abdelghani Hamel, est impliqué ainsi que cinq autres individus parmi eux, son chauffeur personnel ainsi qu'un importateur Kamel Chikhi. Egalement, plusieurs personnes dont des magistrats et des procureurs étaient impliqués dans cette affaire. Deux ans près cette grosse affaire de trafic de cocaïne, les services de sécurité ont mis la main sur une autre quantité considérable des drogues dures, cette fois ce sont près de 500 kilogrammes de cocaïne répartis en 442 plaquettes qui ont été interceptés en juin 2021 aux larges d'Arzew (Oran) dans le Nord-Ouest du pays. La grosse prise a été réalisée le jour de la célébration de la Journée mondiale de la lutte contre le trafic de drogue, le 26 juin 2021. De la cocaïne dans des appartements huppés d'Alger Durant le mois de mai passé, les efforts élaborés par les brigades anti-stups relevant de la Sûreté nationale ont permis l'anéantissement d'un dangereux réseau de trafic de cocaïne à Alger. Quatre trafiquants ont été arrêtés et une quantité estimée à 2 kilogrammes et 250 grammes de cocaïne a été saisie, outre la récupération de 150 comprimés de psychotropes de marque Prégabaline et trois véhicules et motos utilisés dans le transport et la vente illégale des drogues dures. D'autre part, et pas plus loin qu'avant-hier, une nouvelle prise de cocaïne a été réalisée, cette fois dans la wilaya d'Ouargla, ce qui dénote la présence et l'étendue des drogues dures à travers le territoire du pays. Ici, les éléments de la brigade de recherche et d'investigation (BRI) relevant de la sûreté de wilaya d'Ouargla ont saisi 11,43 grammes de drogue dure (cocaïne), a annoncé avant-hier un communiqué de la DGSN. Par ailleurs, et durant le mois de janvier passé, les services de la sûreté de wilaya de Sétif avaient annoncé l'élimination d'un réseau international composé de 11 individus spécialisés dans le trafic de drogue dure et saisi environ 3.000 comprimés psychotropes et 40 grammes de cocaïne. Selon le chargé de la communication de la sûreté de wilaya, le commissaire de police Abdelouahab Aissani, «l'opération avait permis également la saisie de deux véhicules touristiques utilisés pour les déplacements des membres de ce réseau qui compte parmi ses membres huit individus issus d'une wilaya frontalière», souligne-t-il. L'opération avait été concrétisée après l'exploitation de renseignements faisant état d'un éventuel transport d'une importante quantité de drogue dure destinée à la vente sur le territoire de la wilaya de Sétif par des individus issus d'une wilaya frontalière dans l'Est du pays, ainsi qu'un autre groupe d'individus issus de la ville de Sétif dont les renseignements ont fait état de leur implication dans des affaires de trafic de drogue dure. «Les investigations et les recherches menées, dans ce contexte, avaient permis l'arrestation de 11 suspects, la saisie de cette quantité de psychotropes et de drogue dure, en plus des deux véhicules touristiques», avait indiqué l'officier de police Aissani. Les frontières, l'autre combat aux drogues Si la drogue arrive à se faufiler jusqu'aux quartiers populaires des villes du pays, malgré un quadrillage adéquat et une présence en force des services de sécurité, un autre combat est menée cette fois c'est au niveau des frontières terrestres et maritimes. C'est à partir de ces lignes frontalières que les réseaux marocains et africains de trafic de drogue éjectent des tonnes de haschisch marocain et des millions de psychotropes, jusqu'à inonder les quartiers populaires en différentes drogues. Avec la complicité des réseaux locaux de trafic de drogue, des centaines de kilogrammes de kif marocain débarquent dans les villes du pays, tout en alimentant les quartiers populaires et les Cités nouvelles. Ces quantités de drogue qui échappent aux filets des services de sécurité sont vendues dans les cités peuplées, où la consommation ne cesse d'augmenter en touchant de nouveaux profils de gens. Lors de son intervention sur les ondes de la Chaîne I de la Radio nationale, à l'occasion d'une conférence-débat, le lieutenant colonel, Ali Boucharba, responsable de la Direction de l'information et de la communication de l'Etat-major de l'Armée nationale populaire (ANP), a révélé avant-hier l'interception de plus de 5 millions de comprimés de psychotropes par les différents détachements de l'ANP durant la période allant du 1er janvier 2021 au 1er juillet 2022. Durant la même période, plus de 60 tonnes de kif marocain ont été également récupérés par les forces de l'ANP et plus de 1.000 trafiquants ont été arrêtés, ce qui dénote la lutte implacable et farouche à laquelle l'Armée algérienne mène contre le crime transfrontalier organisé. Il est clair que l'Algérie fait face à une guerre de drogue à des tentacules multiples.