Ali Amrane a illuminé, samedi à Béjaia, le stade Ben allouache, rempli pour l'occasion comme un œuf, en offrant un concert, vivant et vibrant, lequel une heure durant, a fasciné et transporté le public. L'enfant de Maâtka, qui a pris autant de la maturité physique qu'antistatique, a brillé en effet de mille feux, en alternant le son ragé de sa guitare « électrique » et les nuances plus douces de ses cordes sèches, qui rappellent à la fois la dureté de ses montagnes d'origines et, aussi paradoxal que cela puisse paraitre, l'apaisement qu'elles procurent. Ainsi est l'artiste, à la croisée des chemins, avec des rythmes tantôt ultra-rock, tantôt pop ou empruntant tout simplement à la musique de chambre, allant d'un genre à un autre sans sourciller. Dans chacun des genres, la puissance de ses mélodies et de son verbe simple mais acéré annihile les distances et en abattent les cloisons laissant ses morceaux couler telle l'ivresse d'une cascade, à la fois parlante et éblouissante. Le public qui en a fredonner des partitions entières de son répertoire s'en est goulument délecter, notamment avec son morceau mythique «Houria», repris à l'unisson par des milliers de voix folles, aidé il est vrai par le jeu spectaculaire de l'orchestre et des musiciens, maitrisant parfaitement, il est vrai, leurs instruments. Soirée, lumineuse et pleine d'émotion autant pour le public que l'artiste, qui désormais, incarne à lui seul, l'apothéose du nouveau rock de la chanson kabyle. Du reste dans ce registre, un groupe qui en rassemble les qualités et la singularité s'y est nettement distingué. Il s'agit du groupe Targui (Adrar-InSalah), «Tikoubawin» (la nature), qui a fait une apparition détonante. Peu connu, auprès du grand public, il a émerveillé, par sa prestation et la qualité de ses musiques, tirés dans un genre authentique de l'Ahaggar mais emballés dans des rythmes et des sonorités qui empruntent beaucoup au folk et au rock. Présenté pour un tour de chant réduit, il en consommé plus d'une demi-heure, encouragé par le public, séduit et qui en redemandait sans jamais se rassasier. La communion entre les deux a bien eu lieu et l'accueil chaleureux qui a été réservé séparément à chacun des membres du groupe en est l'illustration. Bejaia a adopté pour longtemps «Tikoubaouine», tout comme il l'a fait pour les groupes «Inayene» de Bejaia et «Talsa» d'Elkseur, accueillis avec le même amour que celui que le public leur a donné depuis la décennie 80 et 90 et qui leur a montré à l'occasion la même ferveur. Il est vrai, que leur prestation, a été tout aussi sublime que les guests stars du jour : Ali Amrane et Tikoubaouine.