L'apparition de la crypto monnaie n'est certainement pas fortuite. Sa création doit obéir sans aucun doute à un besoin qui ne peut être que le souci de disposer de sa richesse librement de façon indépendante sans avoir l'épée Damoclès des barons financiers occidentaux en particulier américains qui spéculent, sanctionnent, saisissent, ou rapinent par « coup de Bouse » vos biens financiers libellés en leur monnaie. Ce sont ces actions prédatrices qui ont fait que des gens, des entités et des états ne font plus confiance à ces devises dominantes devenant plutôt des moyens de chantages pour dominer et déposséder. Quand ce n'est pas suffisant, ils changent de règles en imposant d'autres plus drastiques pour vous appauvrir ; sinon par la force armée ou les éliminations ! Les pays, leurs citoyens et les entreprises sont donc, désormais, suffisamment avertis, par des preuves visibles, pour ne pas être des attrape-nigauds de ce système économique et financier moribond – érigé par eux pour leurs intérêts exclusifs – bâti sur la tricherie et le vol. Leurs investissements, placements, actifs financiers ou leurs immobiliers ne sont plus sécurisés. Ils resteront toujours objets à d'éventuels spoliations pour peu que la politique d'un pays n'arrange pas leurs objectifs sournois, illicites, écrasants. Négocier en dollar américain vous lie aux dispositions juridiques des USA, quel que soit l'endroit de la transaction. Leurs règles extraterritoriales vont de l'amende jusqu'à l'interdiction d'utiliser leurs dollars. La BNP Paribas s'est vue sanctionnée par une énorme amende (8,9 milliards de dollars en 2014) pour avoir violé l'embargo US. Il a fallu l'occasion du conflit atlantico-russe, par proxy ukrainien sur son sol, pour découvrir toute la mystification et l'escroquerie occidentale, avec son amoralité, pour que le reste du monde se réveille en cherchant un substitut plus sécurisant et plus juste. Cela, au moment où le système financier mondial, basé sur la spéculation, le virtuel et non sur le réel (la production de biens et services) est bousculé par une dédollarisation de l'économie, où tous les pays du monde, subissant les contraintes ou les punitions des barons de la finance et de la politique US, réfléchissent aux autres opportunités d'échanges et de paiements dont la crypto-monnaie. En effet, il y a bien matière à réfléchir à d'autres issues et moyens quand on se ligue pour vous bloquer, par le chantage, tous les moyens d'échange dans le but de vous soumettre à leurs ambitions. Certainement celui d'un « nouvel ordre mondial multipolaire » qui respecte la souveraineté des états et des peuples sans dictat ou tutelle d'une puissance hégémonique. La légalisation de la crypto-monnaie devrait être une étape dans la marche vers l'émancipation monétaire surtout, par exemple, pour certains pays africains qui peut être une étape vers la sortie du Franc CFA, monnaie néocoloniale (adossée à l'euro pour le pire), par la création d'une monnaie nationale gérée par les africains eux-mêmes au travers de leurs banques centrales nationales ! Crypto-monnaies enjeux d'influences géopolitiques Pour ce faire, il est indispensable que des blocs (ou groupes d'intérêts) communs se constituent avec leurs règles pour faire face à l'hégémonie atlantiste prédatrice. Le BRICS (et les pays souhaitant y adhérer) apparait comme le socle pour ce nouvel ordre. Actuellement, les crypto-monnaies sont au cœur des jeux d'influences géopolitiques, à l'exemple de la Chine et de la Russie qui ne sont pas hostiles à ce que les monnaies numériques puissent contribuer à faire perdre au dollar américain sa dimension de monnaie de réserve et fragiliser ainsi l'influence envahissante des Etats-Unis. Surtout pour en avoir fait, avec l'Euro, un instrument de sanction et de chantage allant jusqu'à déposséder les états et leurs citoyens de leurs avoirs ou de leurs biens inscrits sur leur territoire. Et même, paradoxalement, jusqu'à renier leur principe cardinal, berceau du libéralisme, qui est le marché, en s'évertuant à vouloir imposer au vendeur (la Russie) un prix plafond de son énergie pour l'empêcher de réaliser des ''superprofits'', disent-ils, suite à la forte augmentation des prix, conséquence justement de leurs sanctions ! Dans ce contexte des sanctions, sans précédent contre la Russie, suite à sa réaction sur le terrain ukrainien, la crypto-monnaie ne faisait pas partie des plans de la Russie pour contourner les restrictions afin de supporter les effets des sanctions. Les experts en cryptographie considèrent cela comme peu probable. Jake Chervinsky de la Blockchain Association ne considère pas que les crypto-monnaies font partie des plans de la Russie : « la Russie n'a jamais eu l'intention d'utiliser la crypto-monnaie pour échapper aux sanctions, sa stratégie était de diversifier les réserves en yuan et en or et non en cryptomonnaie et de déplacer les échanges commerciaux vers l'Asie et non vers les blockchains et de renforcer la production intérieure » Selon Ari Redbord, de TRM Labs, qui enquête sur les crimes liés aux crypto-monnaies, les besoins financiers de la Russie dépassent la capacité du marché de la cryptographie à les satisfaire, au regard des marchés d'exportation de la Russie, précisant que « la Russie ne peut pas remplacer des centaines de milliards de dollars par des crypto-monnaies, qui peuvent être bloquées ou gelées ». L'une des raisons des crypto-monnaies, est d'éviter ces menaces et risques puisqu'elles s'affichent indépendantes des Etats et des banques. Elles assurent affirment-on une sorte « d'immunité » aux mesures prises par les Etats. Cependant, il a été constaté le blocage de 25.000 portefeuilles russes (devises numériques) par la plateforme Coinbase pour des « activités illégales » liées à l'Ukraine. Il y a donc bien surveillance quelque part ! « Au cours des dernières semaines, les gouvernements du monde entier ont imposé une série de sanctions à des individus et à des territoires en réponse à l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Les sanctions jouent un rôle essentiel dans la promotion de la sécurité nationale et la dissuasion des agressions illégales et Coinbase soutient pleinement ces efforts des autorités gouvernementales», a déclaré Paul Grewal, directeur juridique de la société. Il ajoute que l'identité des contrevenants a été communiquée au gouvernement américain pour « mieux soutenir l'application des sanctions » (selon le Figaro Tech & Web). Notons qu'il existe des sites décentralisés (moins rémunérés) qui ne réalisent pas d'opérations d'identification du client. Presque tous les narratifs des occidentaux sur les crypto-monnaies, depuis l'imposition des sanctions, tournent autour de la possibilité, de la capacité des Russes à les contourner. C'est même la hantise des décideurs occidentaux évitant de voir que c'est leur économie qui sombre dans la récession du fait des effets retour des sanctions. La « dédollarisation » provoquée par les USA Dès lors que les redoutables sanctions visent à « anéantir l'économie de la Russie » en lui coupant les moyens d'échanger en dollars, cette dernière active l'adoption des monnaies locales pour les paiements des transactions en particulier le yuan, la roupie, le rouble et même des crypto-monnaies pour certaines opérations d'échanges. Jamie Dimon (JPMorgan Chase Co), avertissait début mars sur les conséquences de l'exclusion de la Russie de Swift: « être exclu de Swift, c'est dire que je ne peux pas utiliser un outil de communication. Mais ce n'est pas dire que je ne peux pas faire de business ». Ce qui veut dire que les sanctions peuvent être contournées avec d'autres options que le dollar dans les échanges qui doivent permettre de casser le monopole du Swift. La « dédollarisation » est un processus provoqué par les USA eux-mêmes par leur politique d'exclusion aggravée par l'apparition des crypto-monnaies. Il a fallu la crise ukrainienne et les formidables sanctions contre la puissante Russie pour que cette dernière, avec l'accord de l'autre puissante Chine, pour voir la « dédollarisation » faire partie des objectifs de ces deux puissances. La Russie a depuis longtemps augmenté ses réserves en or au détriment du dollar. La Chine a réduit sa dépendance du fait de sa forte économie, ses importations/exportations et ses investissements à travers le monde. En mars 2022 déjà, devant les médias chinois, Sergueï Lavrov insistait : « Il faut réduire les risques de sanctions en renforçant notre autonomie technologique, en passant à des règlements en monnaies nationales et mondiales autres que le dollar. Nous devons nous éloigner progressivement de l'utilisation de systèmes de paiement internationaux contrôlés par l'Occident ». La question des crypto-monnaies reste donc encore ouverte. Des législations vont suivre les évolutions de la pratique, de nouvelles méthodes apparaitront. Il s'agit bien de ne pas se retrouver soumis à des sanctions imposées par des Etats ou par des organismes par abus ou revanche. On a constaté que même la Suisse (connue pour sa neutralité) a suivi la bande atlantiste en bloquant les actifs cryptos de certains citoyens russes. On comprend que l'on procède à des blocages actifs cryptos ou autres dans les cas de criminalités (blanchiment d'argent, détournement, terrorisme etc.), mais dans le cas d'espèce contre la Russie on a affaire à un cas atypique de sanction politique – dans le but de « détruire son économie » – illégale, dictée par une position dominante de monopole contraire à toutes les règles commerciales concertées. Il suffit de voir la rapidité avec laquelle les décisions de sanctions ont été prises. Si telle était la règle légale quelles seraient alors les sanctions contre les pays occidentaux auteurs de l'esclavage, de la colonisation et des agressions, comparé à l'action de la Russie qui était défensive, après des années de mises en garde ! .Terminons par cet extrait de discours du Président Vladimir Poutine lors du forum de discussions du Club Valdaï le 27 octobre 2022 :« L'effondrement de l'Union soviétique a également détruit l'équilibre des forces géopolitiques. L'Occident s'est senti victorieux et a proclamé un ordre mondial unipolaire dans lequel seuls sa volonté, sa culture et ses intérêts avaient le droit d'exister. Un changement de cap est un processus douloureux mais naturel et inévitable. Le futur ordre mondial prend forme .... Et dans cet ordre mondial, nous devons écouter tout le monde, tenir compte de tous les points de vue, de toutes les nations, de toutes les sociétés, de toutes les cultures, de tous les systèmes de visions du monde, d'idées et de croyances religieuses, sans imposer une seule vérité à quiconque et seulement sur cette base, en comprenant notre responsabilité vis-à-vis du destin – le destin des peuples, de la planète – pour construire une symphonie de la civilisation humaine. » Djerrad Abdelmoumene Master en organisation et stratégies