Le réseau de corruption dirigé par le Maroc au Parlement européen (PE) a visé un nombre beaucoup plus important d'eurodéputés, a indiqué la co-présidente du groupe de la Gauche au PE, Manon Aubry. Dans une déclaration à la chaîne de télévision franco-allemande Arte, la députée européenne de la France insoumise a affirmé que les révélations faites jusque-là sur le «Marocgate», retentissant scandale de corruption au sein de l'institution de l'Union européenne (UE), pourraient bien n'être que la partie émergée de l'iceberg. «Ce qu'il y a en dessous de l'eau, c'est un réseau de corruption qui, initialement, semble être parti du Maroc et probablement a visé un nombre beaucoup plus important de députés (européens), raison pour laquelle il y a eu une réticence de la part des autres groupes politiques à ce qu'on aborde la question», a-t-elle souligné. Depuis plusieurs jours, les révélations sur le «Marocgate» ne cessent de s'accumuler. Jeudi, le journal italien «Il Corriere della Sera» a fait savoir que Rabat aurait mené des actions d'ingérence au sein de plusieurs autres européennes, en ayant recours à la corruption pour soudoyer des personnalités influentes. «D'autres institutions européennes auraient également fait l'objet d'ingérences par le biais d'un réseau de personnalités influentes, dont l'ex-eurodéputé Antonio Panzeri, l'ancienne vice-présidente du Parlement européen Eva Kaili et Francesco Giorgi, compagnon de cette dernière et assistant parlementaire – tous en état d'arrestation – qui ne représentent que quelques maillons», a indiqué ce journal, citant des documents de l'enquête sur les pots-de-vin au Parlement européen. Selon des révélations du quotidien allemand «Der Spiegel», si le grand de corruption qui éclabousse Bruxelles et le Parlement de l'UE depuis quelques semaines n'avait pas éclaté, la famille de la première personne citée, en l'occurrence Pier Antonio Panzeri, «serait actuellement à Marrakech au Maroc au lieu d'être en prison». En effet, le journal a fait savoir que «deux chambres avaient été réservées -aux frais du gouvernement marocain- du 27 décembre au 5 janvier à l'hôtel La Mamounia, un établissement avec spa et casino à partir de 1 800 euros la nuit» pour les fêtes de fin d'année. Selon les derniers développements de l'enquête sur les pots-de-vin au Parlement européen, «la politique du groupe Socialistes et Démocrates (S&D) aurait été influencée au nom du Maroc par une équipe de trois Italiens» dont les noms sont cités dans cet ordre: Pier Antonio Panzeri, l'actuel député Andrea Cozzolino et leur conseiller Francesco Giorgi. Le Maroc se serait tourné vers ce groupe parlementaire pour «cultiver ses multiples intérêts en le faisant guider dans ses opérations par Mohamed Belahrache, un officier de la DGED (Direction générale des études et de la documentation), les services secrets de Rabat». Cet officier marocain aurait agi par l'intermédiaire de l'ambassadeur du Maroc en Pologne, Abderrahim Atmoun, qui «travaillerait en étroite collaboration avec les services secrets marocains» et qui aurait rencontré plusieurs fois Panzeri et Cozzolino à Bruxelles et Varsovie. Pour mener leurs opérations, les trois Italiens auraient compté «sur la collaboration d'un groupe d'eurodéputés -tous membres du groupe parlementaire S&D- décrits comme des +amis+ dont les plus proches seraient Eva Kaili, Arena Maria, Moretti Alessandra et Benifei Brando Maria».