En l'absence de pluies, comment assurer un approvisionnement régulier de la population en eau potable durant l'année en cours et également donner de l'eau à l'agriculture pour permettre une bonne récolte ? Lors de la dernière réunion du Gouvernement, une communication sur le programme d'urgence d'approvisionnement en eau potable et les mesures prises pour pallier le stress hydrique au niveau des wilayas concernées, a été présentée par le ministre de l'Hydraulique. Le fait de reconduire les plans d'urgence en matière de distribution de l'eau prouve que la situation hydrique n'est pas encore totalement satisfaisante. L'eau manque souvent dans les robinets du fait du rationnement plus ou moins sévère, selon les localités, qui dure maintenant depuis des mois, et, dans les cas les plus critiques, ce sont les camions-citernes qui approvisionnent en eau potable certains quartiers, le temps de remplir les citernes sur les terrasses et les jerrycans un peu partout dans le domicile. Les capacités de mobilisation des 80 barrages du pays passeront de 8,3 milliards de m3 actuellement, à près de 9 milliards de m3 en 2024, grâce à la mise en service de cinq nouveaux barrages. Les spécialistes, se référant aux études internationales consacrées aux ressources en eau dans la région, rappellent, à chaque occasion, que l'Algérie, pays aride, va encore connaître des périodes de sécheresse. Pour assurer la sécurité hydrique, ils ont suggéré de réduire la dépendance de la pluviométrie pour les ressources en eau. La stratégie de mobilisation des eaux non conventionnelles – dessalement de l'eau de mer et réutilisation des eaux usées épurées – va dans ce sens. Il y a deux semaines, en Conseil des ministres, le Président Abdelmadjid Tebboune a rappelé la nécessité de généraliser les stations de dessalement de l'eau de mer tout le long du littoral algérien. Il a en outre souligné «la nécessité d'assurer la distribution continue et rationnelle de l'eau face à la fluctuation pluviométrique aux niveaux national et international» et de «revoir les plans de gestion de la distribution d'eau de manière à assurer une distribution équitable de l'eau potable entre les quartiers et selon un calendrier raisonnable». Allusion évidente à l'économie de l'eau, le chef de l'Etat a enjoint d'utiliser les dernières technologies pour réguler la consommation d'eau en vue de préserver cette ressource vitale. Ce jeudi, lors d'une séance plénière consacrée aux questions orales à l'Assemblée populaire nationale (APN), le ministre de l'Hydraulique, Taha Derbal a évoqué les projets de dessalement, affirmant que les travaux de réalisation de 5 stations d'une capacité de production de 300.000 m3/jour par le ministère de l'Energie se fait «à un rythme soutenu» pour la réception de ces projets à la fin 2024. Il a fait observer que les eaux souterraines exploitées de 35 à 40%, il y a cinq ans, représentent aujourd'hui un taux d'exploitation de 60%. A ce propos, il a affirmé l'attachement des pouvoirs publics à assurer toutes les facilitations en matière d'octroi des autorisations pour la réalisation des puits et forages agricoles, faisant état de 26.000 autorisations octroyées l'année dernière à l'échelle nationale, soit le double des autorisations délivrées en 2021. Des instructions ont été émises par les ministères de l'Intérieur et de l'Agriculture portant examen et traitement des demandes d'autorisation de forage et d'exploitation des puits dans «des délais ne dépassant pas 30 jours», a souligné Taha Derbal. La veille, mercredi, des mesures d'urgence en faveur des agriculteurs pour pallier le stress hydrique impactant les périmètres agricoles ont été adoptées par le Gouvernement, après avoir entendu une communication conjointe du ministre de l'Agriculture et du Développement rural et du ministre de l'Hydraulique, relative notamment aux cultures stratégiques contribuant à assurer la sécurité alimentaire nationale. Il s'agit de prendre les mesures correctives nécessaires, notamment celles relatives à la campagne céréalière. Celle-ci fait l'objet d'un suivi rigoureux par le comité national installé au niveau du ministère de l'Agriculture et du développement rural. Les mesures d'urgence adoptées en faveur des agriculteurs concernent le recours à l'irrigation d'appoint et au forage des puits avec l'utilisation des systèmes d'irrigation économes d'eau qui permettent d'économiser jusqu'à 70% de cette ressource hydrique et d'obtenir de meilleurs résultats.