La Syrie va pouvoir réintégrer la Ligue arabe, après en avoir été écartée en 2011. Une décision prise dimanche au Caire par les ministres arabes des Affaires étrangères et qui officialise un réchauffement en cours depuis plusieurs années, accéléré par le séisme du 6 février. Les ministres arabes des Affaires étrangères ont décidé, dimanche 7 mai au Caire, de réintégrer le régime syrien à la Ligue arabe après l'avoir écarté en 2011 après la répression d'un soulèvement populaire ayant dégénéré en guerre dévastatrice. Cette décision survient sur fond de réconciliation entre l'Arabie saoudite et l'Iran, et alors que le président syrien a cruellement besoin d'investisseurs pour s'atteler à l'énorme chantier de la reconstruction dans son pays. «Les délégations du gouvernement de la République arabe de Syrie siégeront de nouveau à la Ligue arabe», indique le texte voté à l'unanimité à huis clos à la Ligue arabe, dans la capitale égyptienne. Le président Bachar al-Assad est donc «le bienvenu s'il le veut» au sommet annuel des chefs d'Etat de l'organisation panarabe le 19 mai à Jeddah, en Arabie saoudite, a précisé le secrétaire général de la Ligue arabe Ahmed Aboul Gheit. Damas a indiqué vouloir «renforcer la coopération» au sein d'une région qui avait ostracisé le président syrien à partir de 2011. Bachar al-Assad est récemment sorti de son statut de persona non grata, profitant notamment d'un élan de solidarité mondial en février après un séisme qui a dévasté de vastes régions syriennes, ainsi que la Turquie. Pour le spécialiste de la Syrie Fabrice Balanche, «c'est une victoire diplomatique» pour Damas, notant qu'il n'y a «plus aucun obstacle à la réouverture de l'ensemble des ambassades arabes en Syrie». Ahmed Aboul Gheit a cependant indiqué dimanche qu'il relevait de chaque Etat arabe de normaliser ou pas ses relations avec Damas. Il s'agit d'un retournement spectaculaire sachant qu'en 2013, l'opposition anti-Assad avait pu occuper le siège de la Syrie lors d'un sommet de la Ligue arabe à Doha au Qatar, un des pays qui a soutenu les rebelles syriens. Ce riche Etat du Golfe a voté dimanche pour la réintégration du régime syrien dans l'organisation panarabe mais sa position «sur la normalisation» avec Damas «n'a pas changé», a assuré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Majed Al-Ansari. Toute normalisation avec Damas devrait être liée à des progrès politiques «qui répondent aux aspirations du peuple frère syrien», a-t-il dit. La guerre en Syrie a impliqué des acteurs régionaux et internationaux, morcelé le pays, fait environ un demi-million de morts et des millions de réfugiés et de déplacés. Si les principaux fronts se sont tus, aucune solution politique n'a encore été trouvée. Outre l'élan de solidarité internationale après le séisme du 6 février, Bachar al-Assad a bénéficié d'un changement radical de la donne régionale, avec le réchauffement entre Téhéran et Riyad. Mi-avril, le ministre syrien des Affaires étrangères Fayçal Moqdad avait effectué une visite surprise en Arabie saoudite, une première depuis le début du conflit. Damas a aussi vu défiler récemment les représentants de pays arabes qui refusaient jusqu'alors de normaliser leurs relations avec la Syrie, certains faisant même du départ de Bachar al-Assad une condition sine qua non. La Syrie mise désormais sur une pleine normalisation avec les pays arabes, notamment les riches monarchies du Golfe pour financer sa coûteuse reconstruction.n