Pour démontrer sa détermination à mater le mouvement des Gilets jaunes, illustrer sa conception gouvernementale fondée sur la loi du talion, Edouard Philippe, alors Premier ministre, avait déclaré sans détour, dans une interview accordée au JDD le 23 décembre 2018 : « Je prends des coups. Je peux en donner aussi ». J'aime ça ». Il avait ainsi confessé n'éprouver aucun scrupule à tabasser un adversaire, abattre un ennemi. Directement. Ou via ses forces de l'ordre. Ainsi, le premier magistrat du gouvernement Macron, Premier ministre de son état, est un fervent adepte de la loi du talion. Cette loi qui se résume par l'expression « Œil pour œil, dent pour dent ». Mais avec les gouvernants et leur Etat, puissamment armé, qui frappe pour l'exemple, cela devient : « un œil pour 10.000 yeux crevés, dent pour 10.000 mâchoires broyées » Par sa déclaration tonitruante, torturante, tuante, le Premier ministre du gouvernement Macron légitime la violence, justifie la légitime défense. Notamment celle perpétrée par la police, Sa milice. Aussi, selon Edouard Philippe, quand on reçoit des coups, il faut savoir rendre des coups. C'est même un devoir, pour la personne attaquée, de répliquer. À l'évidence, selon notre cogneur ministériel Edouard Philippe, disciple de la force brute, la vie ressemble à un ring de boxe : tous les coups sont permis. Gare à celui qui baisse la garde. Il offre aussitôt à l'adversaire l'avantage de vaincre. Ne dit-on pas que l'attaque est la meilleure défense. D'aucuns enseignent que la violence est l'accoucheuse de l'histoire. Que l'histoire a toujours été une histoire de lutte de classes. « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est le plus sacré des droits » Cela étant, Edouard Philippe s'inscrit dans la tradition de la Révolution française. Celle des sans-culottes. De la Révolution sociale de 1793, pour qui la riposte contre l'injustice est un droit sacré, un devoir moral. L'insurrection contre la tyrannie du pouvoir, un droit inaliénable. En effet, aux moments convulsifs de la Révolution Française, en 1793, dans la Constitution de l'An I, n'a-t-on pas institué le droit à l'insurrection contre la tyrannie du pouvoir comme principe intangible accordé au peuple martyrisé. « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. », stipule le texte de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1793. Principe d'autodéfense populaire retiré de la Constitution par la bourgeoisie thermidorienne en 1795. Aujourd'hui, le peuple laborieux de France est socialement et économiquement attaqué dans son existence, bafoué dans sa dignité, précipité dans la paupérisation. Ces dernières années, en butte à une violente remise en cause de ses acquis sociaux, au démantèlement des services publics, pour se défendre contre la dégradation effroyable de ses conditions de vie, le prolétariat de France a été acculé à se révolter. Initialement, pacifiquement. Mais devant le déchaînement de violences des frères d'arme d'Edouard Philippe, partisans de la brutalité bestiale, les policiers, bras armé de la bourgeoisie, certains protestataires plus combatifs et enhardis, appliquant à la lettre la devise du Premier ministre, adepte de la loi du talion, ont décidé de rendre coup pour coup, par légitime défense. Pour se défendre contre la violence du pouvoir, le peuple exaspéré réplique contre ce pouvoir de la violence. Néanmoins, sous l'ère de la Macronie, à suivre la logique de classe des dirigeants du pouvoir macronien, ces voyous en costume cravate, comme au temps de l'esclavage, le peuple doit subir la répression, se faire fouetter, sans devoir réagir légitimement contre les brutalités policières, sans avoir aucune légitimité de se défendre. Au nom de ce principe inique bourgeois selon lequel seul l'Etat, bras armé de la bourgeoisie, dispose du droit légitime de la violence. Quoi qu'il advienne (10.000 yeux crevés). Quoi qu'il en coûte (10.000 mâchoires broyées). En France, la démocratie de la matraque est l'arme de la matraque de la démocratie Pis. La classe dirigeante française, cynique et sadique, refuse dorénavant au peuple, non seulement son droit de manifester sans subir préalablement les fouilles humiliantes et arrestations préventives arbitraires, mais lui inflige également des exactions et des violences policières sanglantes s'il s'avise à fixer librement son itinéraire de manifestation, à occuper massivement l'espace public pour revendiquer ses droits, dénoncer les injustices. En France, la démocratie de la matraque est l'arme de la matraque de la démocratie. Depuis son intronisation à l'Elysée, Macron a les mains souillées de sang. Il est devenu le chef d'Etat-major des assassins en uniforme. Aucun président de la cinquième République ne peut s'enorgueillir d'être responsable de tels massacres et violences policières (excepté le début de la présidence de de Gaule durant la Guerre de libération de l'Algérie). En l'espace de quelques années, au cours des multiples mouvements sociaux, en partant de celui des Gilets jaunes jusqu'à la récente révolte des jeunes prolétaires des quartiers populaires de l'été 2023, en passant par les multiples contestations sociales, plus d'une dizaine de morts ont été enregistrés, des milliers de manifestants blessés, certains gravement estropiés, d'autres éborgnés. Des milliers d'arrestation, des centaines de personnes condamnées, certaines à des peines d'emprisonnement ferme. Force est de constater que, pour discréditer et neutraliser les mouvements de contestation légitimement révoltés, le pouvoir macronien aura employé tous les moyens : la manipulation médiatique, la calomnie, les arrestations préventives, la répression tous azimuts, l'utilisation de casseurs assermentés. Du reste, l'instrumentalisation de ces casseurs vise à discréditer toutes les révoltes sociales et politiques, associées à la violence. De là s'explique l'outrancière focalisation médiatique sur les violences de ces casseurs. Cette focalisation s'applique à occulter la vraie source de toutes les violences : la violence sociale patronale et gouvernementale infligée aux millions de travailleurs précipités dans la paupérisation. Une violence sociale appuyée par la violence répressive étatique. Les médias stipendiés se gardent bien d'épiloguer sur ces violences patronales et gouvernementales, sur la violence des mesures antisociales (des millions de personnes réduites à l'indigence pour cause de chômage, exclusion sociale, de retraite misérable, de salaires faméliques, d'isolement familial notamment pour les femmes seules avec enfants, etc.) De même, l'ensemble des médias et la classe dirigeante s'indignent des quelques vitrines brisées ou matériels brûlés, mais n'expriment jamais d'indignation devant la vie de millions de travailleurs brisée par la misère, brûlée socialement dans la fleur de l'âge. Si la violence des manifestants est conjoncturelle, celle de l'Etat français est structurelle Aujourd'hui, les Casseurs de la santé publique, des transports publics, de l'enseignement public, des services publics, du code du travail, des emplois, de la retraite, des entreprises, des conditions de vie, ne sont pas les manifestants, les protestataires, les jeunes prolétaires révoltés, mais l'ensemble de la classe dirigeante française, le gouvernement Macron. Les destructions sociales systématiquement perpétrées par la bourgeoisie française et son Etat impérialiste sont incommensurables plus dévastatrices et criminelles, comparées aux dégâts véniels provoqués par les quelques individus excités lors des manifestations. Le système capitaliste défendu par le gouvernement Macron se livre quotidiennement en France et dans le monde entier à la démolition d'usines encore performantes, réduit à la famine des centaines de millions d'êtres humains, bombarde fréquemment des pays souverains sous des prétextes fallacieux, comme il l'a fait en Irak, en Libye, en Syrie, et dans de nombreux pays d'Afrique. Si la violence des manifestants est conjoncturelle, résiduelle, souvent légitime, notamment face à la répression des forces de l'ordre surarmées, la violence de l'ordre capitaliste est, quant à elle, structurelle, consubstantiellement liée au système de production dominant. La violence patronale et étatique est légalisée. Elle s'exerce en toute impunité, soutenue par une Justice de classe inféodée à la puissance de l'argent, à la mafia de la finance et de la politique. De même le vol, selon qu'il est commis par un citoyen ou l'Etat, est répréhensible ou légitimé. Ainsi, en 2007-2008, lors de la crise des subprimes, et en 2020-2021, à la faveur de la crise économique déguisée en crise sanitaire pour justifier et légitimer les généreuses subventions étatiques octroyées aux capitalistes, avec l'approbation et l'appui de toutes organisations politiques et syndicales, le gouvernement Macron a dévalisé les fonds publics pour renflouer les trésoreries des banques et trusts privés. Ce plan de sauvetage des banques et entreprises privées a coûté des centaines de milliards d'euros au contribuable. Il s'est agi d'un véritable hold-up perpétré par l'Etat voyou « démocratique » au profit des capitalistes menacés de faillite. Or, jamais un tel plan « ORSEC » de sauvetage n'a été réalisé pour venir en aide aux travailleurs en détresse, aux millions d'êtres humains affamés. Une chose est sûre, seule la lutte radicale paye. Comme l'a démontré le mouvement des Gilets jaunes. Grâce à sa détermination, sa volonté d'ignorer les règles bourgeoises, sa fermeté d'occuper et de bloquer les lieux stratégiques économiques, à son souverain mépris de toute négociation politique avec le pouvoir, le mouvement des Gilets Jaunes a rompu avec le légalisme politique, le pacifisme social. Et a appliqué à sa manière la devise d'Edouard Philippe : «Œil pour œil, dent pour dent».