La commune d'Ouled Yaïch dans le prolongement à la ville de Blida abrite plus de 100.000 habitants. Elle est devenue avec le temps la plus grande agglomération de la wilaya de Blida. Durant les années 1970, c'était une petite bourgade. Les plus anciens habitants de la région sont des Aïchi dont la ville porte le nom d'ailleurs, Ouled Yaïch. Des quartiers comme Touarès, Ben Amour, Meliani, cité Russe et Espagnole ont donné forme à la ville. A partir des années 1980, la ville, dotée d'un énorme foncier, connaît des programmes de développement. A la faveur du premier projet, la ville accueille de nouveaux habitants avec la réalisation de 1.000 logements sociaux locatifs. C'est à partir de ce méga-projet d'habitations que la commune d'Ouled Yaïch commence à se développer de manière rapide. Mais l'absence d'une vision futuriste dans le domaine de l'urbanisme a fait de Ouled Yaïch, une ville dortoir et sans âme. D'ailleurs, c'est toujours autour des anciennes maisons de style colonial que le centre-ville garde quelque peu son cachet. Les multiples projets de logements, toutes formules confondues : social, AADL, LSP. LPA ou LPP, n'ont pas réussi non plus à donner un style à Ouled Yaïch. L'avancée du béton s'est bien évidemment fait au détriment de l'environnement. La ville est dépourvue de jardins ou d'espaces verts. Même à l'intérieur des cités, à l'image du quartier des 1000 logements, les espaces verts sont abandonnés. Ils sont souvent squattés, servant de kiosques à tabac, ateliers de mécanique et autres activités illicites. Connue par son grand nombre d'habitants, la commune d'Ouled Yaïch attire des commerçants venus des quatre coins du pays. Des restaurants, des fast-foods, de nouvelles boutiques d'habillement new look et autres commerces attirent journellement des milliers de visiteurs. Au quartier Benyamina, situé au centre-ville, on démolit les anciennes bâtisses pour construire de nouvelles et y installer des commerces. Le boom commercial réactive la ville Le dynamisme que connaît l'activité commerciale dans cette commune a, en fait, provoqué le bonheur de certains propriétaires de biens qui louent leurs commerces au prix fort. A plus de 20 millions de centimes le mois. Malgré des tarifs pratiqués, les commerçants se bousculent pour s'offrir un local dans cet endroit stratégique. «Parfois le propriétaire gagne plus que nous, parfois on partage le bénéfice. Les frais de la location sont excessivement chers et les propriétaires profitent de la situation sans payer un sous au fisc, alors que nous, on est persécuté par toutes sortes de contrôle. Mais, c'est comme ça, il faut bien gagner sa vie», confie un restaurateur spécialisée dans les grillades. «Plus, on a de clients, plus le propriétaire du local pratique une nouvelle augmentation», confie-t-il. Ce quartier commercial Benyamina a littéralement métamorphosé Ouled Yaïch. Les restaurants spécialisés dans la grillade ne désemplissent pas et ferment tard la nuit. Situé sur un axe stratégique, le boulevard Benyamina est sécurisé. Il y a des patrouilles de police et un réseau de caméras de surveillance. Les chasseurs du foncier sont à l'œuvre. Les vieilles maisons bien situées au centre-ville sont rachetées par les promoteurs immobiliers qui seront démolies et transformées en bâtiments de plusieurs étages. Il faut dire que ces promoteurs immobiliers qui dorment d'un seul œil ont pu, quand même, égayer le parc immobilier en optant pour une construction moderne des locaux abandonnés. Et si certains quartiers de la ville connaissent une modernisation dans l'urbanisme, d'autres, à l'image du quartier de 600 logements sociaux et AADL, subissent une dégradation du cadre de vie. Ce quartier populaire sous l'emprise des dealers, sombre dans la violence et toutes sortes de trafic. Une trentaine de locaux appartenant à l'OPGI et à l'AADL sont abandonnés après avoir été saccagés, certains sont transformés en lieux de débauche. Mis en vente par les organismes publics, aucun local n'a trouvé preneur, malgré des prix revus à la baisse. Aucun commerçant n'oserait prendre le risque d'investir dans ces quartiers totalement sous l'emprise de gangs. Les habitants souffrent dans le silence et n'osent pas se révolter contre ces repris de justice de peur de représailles. Les multiples interventions de la policen'ont pas dissuadé ces dealers qui sèment la terreur jour et nuit. «Nous vivons constamment sous la menace. A tout moment, vous risquez d'être agressé par des dealers qui sont sous l'effet de la drogue. Avant, on voyait ces actes de violence dans les films américains, aujourd'hui, nous vivons ces situations et nous les subissons au quotidien. Le pire, c'est que la situation empire de plus en plus et nos enfants ont peu de chance d'éviter la délinquance qui, malheureusement, est omniprésente dans notre quotidien», explique un habitant du quartier populaire des 120 logements. Pour combattre ce fléau de délinquance qui dépasse l'entendement dans ces grandes cités, une sûreté urbaine verra bientôt le jour ainsi qu'une Brigade mobile de la police judiciaire (BMPJ). Commerce informel Avec la densité de sa population, la commune d'Ouled Yaïch n'attire pas uniquement les commerçants qui activent dans le formel, mais aussi dans l'informel. Tous se vend et s'achète dans cette localité où le moindre espace sur le trottoir est squatté par des jeunes qui vendent articles vestimentaires, ustensiles de cuisine, téléphones, gadgets et autres produits qui attirent les clients. «C'est un phénomène de société qui a pris de l'ampleur ces dernières années dans la commune d'Ouled Yaïch, particulièrement. C'est une ville qui attire des centaines de jeunes habitant les villages avoisinants, qui versent dans l'informel», confie un jeune habitant d'Ouled Yaïch, réparateur de téléphones. Pour absorber les commerçants qui activent dans l'informel, l'APC a construit et aménagé un marché couvert à la place de la Liberté. Un autre a été érigé dans le quartier Ben Amour afin d'éviter aux habitants des différentes cités, le déplacement vers d'autres quartiers. Mais de par sa position, ce marché n'attire malheureusement pas les commerçants. Il est à moitié vide et rares sont les clients qui le fréquentent. Le hic, c'est que les commerçants préfèrent exposer leur marchandise en dehors du marché et sur les trottoirs. D'autres occupent carrément les abords des routes avec leurs camionnettes pleines à craquer de légumes et fruits. Au quartier Hay Fettal, faute de commerçants, un marché couvert a été transformé en salle de sports. «Nous travaillons à éradiquer ce phénomène de marché informel. J'avoue que c'est difficile, car on a laissé faire depuis des années. Aujourd'hui, nous sommes dans l'incapacité de mettre fin à ce problème de commerce illicite qui nuit à la société», avoue un élu de l'APC. Ce dernier évoque aussi le problème du bidonville qui ne cesse de gagner du terrain dans cette commune qui se distingue par son urbanisme anarchique. «Nous avons inscrit des opérations d'aménagement dans les quartiers des 360 logements, 250 logements qui ont été lancés et d'autres dans les quartiers du 20-Août, 130 logements, 120 logements», argumente l'élu avant de soulever le grand problème de la circulation routière que rencontre la ville. A ce sujet, il rassure qu'une étude d'un plan de circulation a été élaboré par un bureau d'études afin de trouver des solutions. La ville d'Ouled Yaïch constitue une porte d'entrée sur la ville de Blida. Les transporteurs des voyageurs et de marchandises des localités de la région Est, traversent la commune d'Ouled Yaïch avant de rentrer à Blida. Aujourd'hui, avec l'intensification de l'urbanisme, il est difficile de se frayer un chemin. Le projet d'une déviation a été lancé par la wilaya de Blida. Il passera par la commune de Guerouaou avant d'aboutir sur l'axe de l'autoroute qui mène à la ville de Blida. Un projet qui pour le moment reste en stand-by chez les responsables et attend le budget qu'il faut pour son démarrage. Zone industrielle : Plus de 100 entreprises L'une des plus grands avantages de la commune d'Ouled Yaïch, c'est l'activité d'une zone industrielle sur son territoire. Plusieurs entreprises importantes contribuent à plus de 80% du budget de la commune. La levée du confinement, a augmenté substantiellement la caisse de la commune à travers les rentrées fiscales. A titre d'exemple, la commune a enregistré une hausse cette année par apport à l'année dernière. Selon Noureddine Mestfaoui, administrateur à la commune d'Ouled Yaïch, la recette fiscale passe de 61 milliards de centimes en 2020 à 73 milliards de centimes en 2022. «C'est grâce à la reprise de l'économie que nous avons engrangé quelques milliards de centimes de plus. Cette rentrée nous permettra de lancer quelques projets gelés à cause justement du financement», explique l'administrateur, avant d'annoncer que 19 projets ont été lancés dans le cadre du Programme communal de développement (PCD). Selon lui, une grande partie de ces chantiers ont été financés grâce à l'apport de la recette fiscale. «Un gain important pour le développement de la commune qui inscrit 9 projets sur 11 sur son propre budget», souligne l'administrateur. Parmi ces programmes, la réalisation de nouveaux bureaux de poste dont un a été réceptionné au quartier Fettal et un autre à la ferme expérimentale. Le troisième bureau de poste est lancé dans le quartier de 250 logements dont le taux d'avancement des travaux a atteint les 20%. «L'objectif de ces projets est de rapprocher les citoyens de leur administration, réduire la tension ou la charge sur les bureaux de postes centrales et surtout éviter le déplacement aux personnes retraitées», tient à préciser Noureddine Mestfaoui, avant d'évoquer certains projets lancés au profit des jeunes. Il annonce la réalisation de stade de football au gazon artificiel à Haï Fettal et deux autres dans les quartiers de 240 et 140 logements. Un grand intérêt a été accordé au secteur de l'éducation, puisque l'APC a réalisé la réfection de 15 établissements scolaires et l'introduction des équipements de chauffage central dans certains écoles situées dans des zones rurales. En ce qui concerne le logement, l'administrateur explique qu'aucun projet de logements n'est inscrit pour le moment au profit de la commune d'Ouled Yaïch, alors qu'elle enregistre 5.000 demandes. Difficile, aujourd'hui, d'inscrire de nouveaux projets de logements dans la commune qui a épuisé tout le foncier existant. Il faut dire que l'urbanisme est réparti de manière anarchique et sans aucune anticipation. Plusieurs lots de terrain attribués aux citoyens pour la construction de maisons individuelles souffrent toujours de l'absence de l'assainissement et de réseau d'AEP. Ces quartiers, dont la majorité sont toujours inachevés, offrent une image lugubre, à l'exemple du douar Letouat où trottoirs et chaussées ne sont pas pris en compte. Dans ce quartier, on construit des villas de trois étages et on grignote quelques centimètres du trottoir. Douar Letouat : Les menuisiers en territoire conquis Douar Letouat, situé au cœur de la ville, est une concentration de villas, non achevées, construites sans schéma urbanistique. Les propriétaires réservent généralement le rez-de-chaussée à des locaux pour pouvoir les louer et en tirer profit pour terminer la construction. Cette formule attire des dizaines d'artisans menuisiers pour louer ces garages à bon prix et loin du regard des contrôleurs. La majorité de ces menuisiers activent dans l'informel et sans aucune autorisation de la part des services du commerce. Ils fabriquent des chambres à coucher, des éléments de cuisine, des fauteuils, des canapés et autres articles. Des clients de plusieurs wilayas du pays s'approvisionnent de cette «zone d'activité» non déclarée où le bruit assourdissant des machines se fait entendre toute la journée. Certains propriétaires de maison déplorent ce vacarme de machines, d'autres ont préféré vendre leur bien et fuir. Des parents d'élèves et directeurs d'école se plaignent de cette autre matière toxique, le vernis, utilisé par certains menuisiers qui travaillent en plein air. «Le vernis est une matière toxique que certains menuisiers, spécialistes du vernissage de bois, utilisent en dehors de leurs ateliers et près des écoles. Les élèves ont du mal à respirer. Nous avons attiré l'intention des autorités compétentes mais rien n'a été fait», explique, un habitant du douar Letouat.