Le coup de force contre le président Ali Bongo Ondimba «doit-il être traité comme celui du Niger ? Ou bien, fait-il partie de lot de ces putschs dont on pense qu'ils ne peuvent être pires que les démocratures auxquelles ils mettent fin ?», s'interroge à Conakry le quotidien Le Djely dans sa parution du mercredi 30 août. Et pour cause, «personne ne peut ignorer la singularité qu'était le Gabon. Pour ce quotidien guinéen, en effet, «il est difficile de compatir à la chute de ce régime», quand on sait qu'une seule et même famille a régné durant 55 ans sur le pays. Et c'est d'un ton ironique que Le Djely lâche : «Ali Bongo rentre dans l'histoire avec un record dont il aurait certainement aimé se passer. En effet, son troisième mandat restera le plus court de l'histoire, car il n'a duré qu'une heure tout au plus». Oui, quel paradoxe, quand on sait que le désormais ex-président aura passé 14 ans au pouvoir. Selon Le Djely, «Ali Bongo, victime de paranoïa ou d'un excès de confiance, a lui-même contribué à creuser sa tombe» à cause, du «blackout total sur le scrutin». Il faut rappeler qu'à la veille de l'élection présidentielle, le gouvernement du Gabon a instauré un couvre-feu, coupé internet et les média. «De la part d'un président diminué par la maladie, tout cela était sans doute très risqué. Qui plus est avec le contexte de révolte militaire qui prévaut sur le continent», analyse le journal guinéen. Le Djely pointe toutefois que les militaires-putschistes «sont tout autant comptables des tares que l'on impute au clan Bongo». Il faudra donc «veiller et rester lucide» et «s'atteler à mettre la pression pour que la transition annoncée puisse ouvrir la voie à un Gabon qui soit la fierté de tous les Gabonais».n