L'Organisation des pays producteurs de pétrole (Opep) et ses alliés non-Opep, chapeautés par l'Arabie saoudite et la Russie, maintiennent le cap décidé en octobre 2022 et juin 2023 de réduire la production de pétrole de plus de 3,6 millions de pétrole par jour (Mbj), dans l'ensemble. En effet, tous les regards étaient tournés, ces derniers jours, vers l'Arabie saoudite et la Russie qui ont surpris le marché en prolongeant les baisses supplémentaires de production de pétrole, et ce, jusqu'à la fin de 2023. Cette décision vient ainsi crisper un marché très tendu qui manque de plus en plus d'offres. Cependant, l'effet a été immédiat sur les cours du pétrole qui ont atteint leur plus haut niveau depuis dix mois. Ils ont franchi la barre des 90 dollars le baril. Cette annonce a, également, fait réagir les marchés financiers ainsi que les analystes du secteur et les acteurs du marché pétrolier. «Les fondamentaux étaient déjà solides avant cela, mais ceci est un tournant», a indiqué, l'analyste Phil Flynn, de Price Futures Group, expliquant que «cela montre que l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) et la Russie sont décidées à réduire leur offre et à montrer qu'elles dominent le marché mondial». Ses propos ont été recueillis par le site spécialisé leprixdubaril.com qui a, également, repris les commentaires des analystes de Rystad, lesquels prévoient «désormais un déficit de 2,7 millions de barils par jour de l'offre par rapport à la demande au dernier trimestre de l'année». L'Arabie saoudite s'est engagée à prolonger la réduction de production d'un million de barils de pétrole (bpj) jusqu'à fin décembre, décision entrée en vigueur en juillet à septembre. Suivie par la Russie qui, à son tour, motivée par d'autres facteurs, décide de baisser sa production de 300.000 barils par jour supplémentaires. Les deux grands producteurs de l'or noir ont réussi à réguler l'offre et à faire grimper les prix du baril de pétrole à son plus haut niveau. Néanmoins, d'autres facteurs interviennent dans le redressement des cours de l'or noir, à l'instar de la baisse des réserves de pétrole brut américain et l'éventuelle reprise de la demande chinoise suite à l'éloignement du risque de faillite du géant chinois de l'immobilier, à l'origine de la crise économique dans le pays. Intervenant dans ce cadre, l'analyste Jorge Leon, de Rystad s'est-il interrogé sur l'évolution de cette situation, estimant que «la grande question est de savoir si les Saoudiens s'inquiètent de la demande au quatrième trimestre, en particulier en Chine, au point qu'ils prennent des mesures préventives». Contrairement à lui, l'analyste Phil Flynn s'inquiète de la décélération de l'économie américaine. «La demande n'est pas le problème. Elle reste à des niveaux records, malgré les mauvais indicateurs d'activité récemment observés en Europe et en Chine, tandis que l'économie américaine décélère doucement», a-t-il souligné. La crise énergétique s'installe dans la durée.