Pour la Cour des comptes, le recouvrement des créances «n'est pas bien organisé, ni suffisamment intégré au système d'information de la banque», ce qui affecte la rentabilité de l'établissement bancaire et d'«où les difficultés de la direction de recouvrement des créances à utiliser les données comptables générées par la base de données aux fins de maximiser le recouvrement». Dans son rapport annuel 2023, publié samedi dernier, la Cour des comptes a consacré une partie d'analyse au recouvrement des créances non-performantes par la Banque de Développement Local (BDL), dont le volume des impayés de cette catégorie de créances, à fin décembre 2021, s'élevaient à 364,29 milliards de dinars représentant 33,5% de l'encours total brut de la clientèle (volume des crédits qui ne sont pas encore recouvrés). C'est un risque bancaire qu'un crédit ne soit pas remboursé dans le délai fixé par l'établissement financier, ce qui est non seulement néfaste au fonctionnement de la banque, mais aussi au financement de l'économie nationale. C'est ce qu'a expliqué la Cour des comptes dans son rapport, estimant que la BDL ne recouvre qu'une infime partie des créances non performantes d'«où l'incidence négative sur sa situation financière et ses résultats d'exploitation». Le rapport a noté une «hausse continue de la proportion des impayés dans l'encours total brut des crédits à la clientèle tout au long de la période 2019 à 2021», expliquée par «une augmentation des créances non performantes». «Les dispositifs aidés et aux entreprises privés affichent des taux élevés d'impayés, respectivement de 70,88% et 18,87% des encours correspondants, à fin 2021», relève le même document, précisant que «de façon plus générale, en vertu des règles prudentielles, les créances compromises (classées en C3) du secteur privé dont le recouvrement est considéré comme compromis et qui constituent des contentieux complexes préjudiciables à la banque, représentent un peu plus de 30% de l'ensemble des engagements sur ce secteur». Cette situation affecte la rentabilité de la banque, mais aussi sa contribution au financement de l'économie nationale. Le faible recouvrement des créances non performantes durant cette période est «favorisée par les déficiences liées aux conditions de fonctionnement des services de recouvrement dont les tâches et les responsabilités ne sont pas suffisamment définies et formalisées à la lumière de la nouvelle organisation mise en place, au cours de la période 2016-2020, et des changements qui sont intervenus par la suite dans l'administration interne», explique le rapport de la Cour des comptes. «De surcroît, le volet recouvrement des créances n'est pas bien organisé, ni suffisamment intégré au système d'information de la banque, d'où les difficultés de la direction de recouvrement des créances à utiliser les données comptables générées par la base de données aux fins de maximiser le recouvrement», a-t-il ajouté, considérant que les mesures prises par la banque d'Algérie, à la suite de la pandémie de la Covid-19, et d'autres conditions conjoncturels favorables..., mais «seraient insuffisantes pour parer aux faiblesses structurelles internes qui risquent d'être amplifiées du fait de l'aggravation des créances classées nécessitant un aprovisionnement significatif». Pour diminuer le risque de crédits, la banque est amenée, explique le rapport, «à constituer annuellement des provisions pour couvrir les risques de crédit inhérents à ces créances. Celles-ci ont atteint 113 Mds de DA à fin décembre 2021 (contre 88 Mds de DA à fin 2019), soit une hausse de 24,4 %». Quant aux créances non-performantes ou classées sont «couvertes par des provisions à hauteurs de 31 %», précise la Cour des comptes dans son rapport, affirmant que «le recouvrement de créances impayées nécessite la mise en place d'une organisation et des mécanismes de fonctionnement adaptés, de procédures et de méthodes rigoureuses d'analyse, de suivi et d'enregistrement comptable». La Cour des comptes a mis en avant l'importance de maîtriser les systèmes d'information.