L'année 2023 a été similaire à l'année 2022 en matière de lutte contre le trafic des drogues. Une année de folie qui a été marquée par un nombre très considérable des saisies de psychotropes, encore en dizaines de millions de capsules récupérées par les services de sécurité, tous corps confondus. L'Algérie tout comme de nombreux pays du Continent africain, notamment ceux du Sahel, a été frappée par les mutations géopolitiques et leurs dommages collatéraux causés par l'ampleur du trafic des drogues et le grand banditisme transfrontalier. En 2023, la barre des dix millions de psychotropes a été dépassée est de loin compte-tenu des rapports mensuels faites par les services de sécurité sur le trafic des drogues, entre autres sur le kif traité venant du Maroc, sur les psychotropes qui débarquent de la Libye et sur la cocaïne qui vienne de d'Amérique latine. Le changement mondial auquel nous assistons aujourd'hui a créé l'émergence de nouveaux types de drogue à l'image des psychotropes, drogues de synthèse et cocaïne qui semblent s'installer dans la durée en Algérie. Cette mutation nouvelle des drogues n'a pas concerné uniquement l'Algérie puisque de très nombreux pays africains ou même dans le monde entier sont en train de subir le « nouvel ordre » des drogues mondiales. Dans les pays de l'Afrique de l'Ouest ou ceux du Sahel, les capsules ''Tramadol'' fabriquaient dans la clandestinité font de grands ravages parmi les sociétés civiles. Au Togo tout comme au Burkina Faso, des millions de personnes consomment régulièrement les comprimés de psychotropes au grand bonheur des réseaux de narcotrafiquants où les « affaires » marchent parfaitement bien. Au Mali et au Niger tout comme en Mauritanie ou même en Tunisie et en Libye, des vagues en millions de psychotropes ont frappé et n'ont épargné aucun de ces pays voisin de l'Algérie. Chez-nous, les psychotropes ont envahis presque les 58 wilayas du pays, alors que certaines villes sont devenues des plaques tournantes du grand trafic des substances « magiques ». L'année 2023 a été, sans aucun doute, l'une des périodes où les saisies des psychotropes ont été parmi les plus considérables en terme de ces cinq dernières années. El-Oued, la passerelle des psychotropes La crise politique qui persiste depuis plus d'une décennie déjà en Libye et l'instabilité sécuritaire de ses territoires terrestres, notamment et surtout les frontières l'a séparant avec l'Algérie et avec la Tunisie, ont entraîné la région dans une nouvelle sphère de grand banditisme et vaste trafic des drogues et l'émergence d'un crime organisé transfrontalier couvrant et occupant une grande partie de cette vaste bande frontalière. La manne financière qui alimente le grand trafic de psychotropes en Libye et au Sahel en général, semble être la même qu'aux Seychelles, des îles où le grand trafic de l'héroïne est contrôlé par les Emirats arabes unis (EAU). La wilaya d'El-Oued, capitale du Souf, surnommée la ville aux mille coupoles, est en train de subir les conséquences aléatoires graves de la situation géopolitique qui prévaut dans les pays voisins, où les multi-crises politiques et militaires qui planent et persistent en Libye, au Tchad, au Mali et au Niger ont causé la naissance et l'émergence du trafic des drogues, en tous genres, faisant d'El-Oued, une plaque tournante du trafic des psychotropes, cocaïne et cannabis marocain. El-Oued est devenue, en un laps de temps, voire depuis l'année 2017, le nouvel Eldorado, sinon la véritable passerelle des narcotrafiquants des psychotropes, dont les barons sont Marocains. Située à 100 km au Nord-Est de Touggourt, à 220 km de Biskra, à 210 km au Nord-Est d'Ouargla et à 630 km au Sud-Est d'Alger, la wilaya d'El-Oued est à proximité de la frontière algéro-tunisienne, et la vaste commune d'Oued Souf jouxte plus de 250 kilomètres de bande frontalière avec la Tunisie, une zone régulièrement ciblée par les réseaux criminels de trafic des psychotropes et drogues de synthèse. Depuis 2017, l'année où le trafic des substances de psychotropes avait sérieusement pris de l'ampleur dans la ville frontalière d'El-Oued, le nombre des capsules chimiques saisie par les services de sécurité, tous corps confondus y compris les Forces de l'Armée nationale populaire (ANP), a dépassé les 50 millions d'unités, ce qui signifie largement que la ville aux mille coupoles est la cible privilégiée des narcotrafiquants internationaux et locaux et une portière indispensable pour leurs activités criminelles. El-Oued semble être devenue un poste de transit important pour le trafic international de drogue et son positionnement géographique, jouxtant avec la Tunisie et se trouvant non loin de la Libye, ont été des facteurs intéressants pour les narcotrafiquants étrangers. La wilaya frontalière d'El-Oued fait face à un envahissement sans précédent des psychotropes, le nombre des saisies durant ces cinq années parle de lui-même, où l'on dénombre plus de dix millions de substances narcotiques main-mises pour une valeur marchande dépassant les 3.000 milliards de centimes. Pis, l'apparition de nouvelles générations de psychotropes (qui agissent plus fortement et principalement sur l'état du système nerveux central) tels que « Prégabaline », « New Erica », « double signature » et bien d'autres, dont la plupart sont des drogues de synthèse, fabriquées dans des ateliers, voire des laboratoires clandestins en activités hors du territoire algérien, a brusquement augmenté le nombre des narcotrafiquants puis l'apparition de nouveaux jeunes barons, ce qui a entraîné, par ailleurs, l'évolution du trafic des psychotropes et autres drogues de synthèse dans les quartiers. La sonnette d'alarme a été déjà tiré que ce soit par la DGSN tout comme la Gendarmerie nationale ou, également, les services des Douanes, révélant tous une hausse très considérable du trafic des psychotropes à El-Oued.