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L'islamisme contribue à la pérennisation d'Israël
Les mouvements rétrogrades
Publié dans La Nouvelle République le 30 - 01 - 2024

Notre époque est cernée de toutes parts par les forces réactionnaires. Qu'elle s'exprime sous la forme religieuse, nationale, raciale ou ethnico-linguistique, la réaction a le vent en poupe. Parmi les mouvements rétrogrades les plus revendicatifs, vindicatifs et actifs, apparus ces dernières décennies sur la scène internationale, l'islamisme occupe le haut du podium dans le classement des forces obscurantistes, surpassé dorénavant par le nationalisme juif fanatique et génocidaire, désigné sous le nom euphémistique de sionisme.
L'idéologie archaïque islamiste s'est mise à s'agiter frénétiquement comme une bête blessée, dès l'instant où les sociétés semi-féodales et semi-coloniales des pays musulmans étaient bousculés dans leurs fondements. Au moment où leur base sociale s'étiolait, à la faveur de l'introduction de nouvelles structures économiques, sociales, politiques et idéologiques. Autrement dit, par suite de la mutation de leur formation sociale, de l'implantation du capitalisme, de la modernisation balbutiante de ces régions.
L'islamisme est l'expression d'une société musulmane travaillée par des mutations sociales profondes. C'est le dernier sursaut d'une bête agonisante tout juste capable de se défendre à coups de griffes religieuses pour tenter d'échapper à son absorption par le modèle capitaliste « occidental » dominant réputé pour sa force dissolvante des traditions archaïques. En vérité, comme je ne cesse de le répéter depuis plus de trente ans, le surgissement de l'islamisme préfigure le début de la fin des sociétés musulmanes. C'est un combat d'arrière-garde porté par les derniers « dinosaures » de l'islam, reliquats d'une société musulmane en voie de dissolution. Comme le sionisme, idéologie raciste d'émanation européenne, est le dernier vestige colonial du monde occidental.
L'islamisme est l'ultime râle d'agonie d'une société archaïque qui accouche au forceps de nouvelles structures socioéconomiques et politiques modernes trop disproportionnées pour le « col de l'utérus sociétal » étroitement enserré dans la tradition. Comme toute naissance difficile et traumatique, cela provoque des dommages collatéraux, cela impacte les fonctions psychologiques pouvant aboutir à la perturbation du fonctionnement cognitif, obérant le développement normal de la société. Mais, une fois le traumatisme de l'accouchement socioéconomique amorti, le processus de résilience sociétal se met en œuvre pour assurer une évolution normative et rationnelle de la société. Cependant, le surgissement de l'islamisme (dont le Hamas constitue un exemple caricatural) dans les pays musulmans a été également favorisé, alimenté, attisé et instrumentalisé par les puissances impérialistes (et l'entité sioniste dans le cas du Hamas, créé, soutenu et financé via le Qatar par Israël), la multiplication des conflits transplantés dans ces pays par ces puissances capitalistes en lutte pour le contrôle de ces régions stratégiques et pétrolifères. Ces tensions impérialistes se sont particulièrement exacerbées et accentuées après la disparition de l'URSS. En effet, au lendemain de l'effondrement du bloc soviétique, la nécessité de la redistribution de la carte du monde s'est posée avec acuité et invitée avec brutalité sur l'échiquier international. Pareillement, dans les pays occidentaux avancés du point de vue des forces productives et des moyens de production, confrontés à la récession économique et à la crise de gouvernance, on assiste à l'émergence du nationalisme chauvin, exprimé sous la forme du populisme et du bellicisme dont on aperçoit la première onde de choc en Ukraine, épicentre de la pandémie guerrière en voie de propagation dans l'ensemble du continent européen, du camp occidental. Et la seconde onde de choc en Palestine occupée, où l'Etat juif fasciste d'Israël réactive actuellement sa politique génocidaire chère à ses maîtres à penser, les nazis. Ces deux idéologies superficiellement rivales et virales (intégrisme islamique versus intégrisme populiste-nationaliste occidentalo-juif) mènent en réalité un même combat d'arrière-garde dans un contexte de crise économique structurelle du capitalisme. L'intégrisme d'extrême-droite se développe dans tous les pays du monde, aux Etats-Unis, en Europe et particulièrement en Israël où il s'illustre actuellement, outre par l'accession au pouvoir de partis fascistes, par les ratonnades, les pogroms, les expulsions des populations, l'assassinat des militants, les bombardements des populations civiles palestiniennes désarmées, en un mot par la politique génocidaire. C'est dans ce contexte de décadence du système capitaliste mondial, vecteur d'extrémismes religieux, populistes et nationalistes, qu'il faut inscrire, de manière générale, la maladie chronique du monde arabe affecté par la propagation pestilentielle de l'islamisme. Et, corollairement, la crise profonde du combat du peuple palestinien, tout à la fois pollué par le radicalisme islamique et abandonné par le monde entier, notamment par l'Arabie saoudite et la majorité des pays arabes, ralliés officiellement au sionisme. De manière générale, le repliement hystérique identitaire et le déploiement religieux terroriste, dans leurs versions islamique et judaïque caractérisent notre époque, affligée de dérélictions protéiformes. Partout, dans de nombreux pays, les deux formes d'expression réactionnaires populistes (identitaires) et religieuses (islamiste et judaïque) prennent en tenaille les populations soumises à leurs délétères influences idéologiques.
Pour nous cantonner à la dramatique situation de la Palestine, il faut se rendre à l'évidence : la Palestine n'est pas près de recouvrer son indépendance. Par la faute des Arabes, en particulier, et des musulmans, en général, la cause palestinienne est discréditée, disqualifiée, dévoyée. La cause palestinienne, problème colonial par essence, a été métamorphosée en guerre de religion entre juifs et musulmans, en combat intra-ethnique (entre la même population sémitique déchirée uniquement par des dissensions religieuses). La cause palestinienne a perdu sa matrice politique et coloniale. Indubitablement, ces trente dernières années, à la faveur de l'expansion de l'islamisme, la question palestinienne a été totalement phagocytée par les entités réactionnaires islamistes, notamment le Hamas, création de l'Etat d'Israël, pilier de l'impérialisme occidental au Moyen-Orient. Depuis plus de trois décennies, dans la majorité des pays musulmans, la croissance du nationalisme religieux est manifeste. Le mouvement de politisation de la religion, avec son renforcement des pratiques religieuses archaïques, a démarré au début des années 1980, à la faveur de la « révolution islamique » en Iran. C'est à cette période qu'émerge le phénomène de l'islamisation politique de la cause palestinienne, matérialisée par la fondation du Hamas. Cette organisation islamiste palestinienne se définit explicitement comme un « mouvement palestinien spécifique qui fait allégeance à Dieu, fait de l'islam sa règle de vie et œuvre à planter l'étendard de Dieu sur toute parcelle de la Palestine » (article 6 de sa charte). Le Hamas arbore de manière ostentatoire sa dimension confessionnelle, ses orientations islamiques, son « patriotisme religieux » (« le patriotisme est un article de foi religieuse », article 12). Avec sa propagande religieuse obscurantiste, le Hamas impose un ordre rigoriste à la population et aux prolétaires palestiniens. Le Hamas prône l'instauration d'un Etat islamique régi par la charia sur tout le territoire palestinien libéré. Pour rappel, le Hamas gère depuis 15 ans le statu quo (le chaos ?) à Gaza avec la complicité d'Israël qui conserve le contrôle économique du territoire. Il est utile de rappeler que le gouvernement israélien autorisait les transferts de fonds du Qatar au Hamas, pour affaiblir l'Autorité Palestinienne. Netanyahou a toujours été le soutien indéfectible du mouvement islamiste. « Quiconque veut empêcher l'établissement d'un Etat palestinien doit renforcer le soutien au Hamas et lui transférer de l'argent. C'est une partie de notre stratégie », déclarait Netanyahou en mars 2019 s'adressant au groupe Likoud de la Knesset, propos rappelés par le journal Haaretz dans son édition du 9 octobre 2023.
Au vrai, depuis sa création par l'entité sioniste, le mouvement islamiste palestinien, le Hamas, sert d'alibi à Israël pour maintenir et pérenniser sa politique de la terre brûlée. De manière générale, l'islamisme et le sionisme ont des intérêts convergents, pour ne pas dire des intérêts identiques, dans la mesure où ils justifient, garantissent et pérennisent l'existence l'un de l'autre. De fait, pour les islamistes du monde entier, la défense de la Palestine constitue une cause essentiellement islamique. Car il s'agit, selon ces intégristes musulmans, de protéger une « terre islamique ». Dès lors, avec l'islamisation de la cause palestinienne, l'antagonisme colonial originel oppose, non les sionistes aux Palestiniens, mais bien les juifs aux musulmans. Or, pour les authentiques anticolonialistes, la question palestinienne est fondamentalement d'ordre colonial. Une entité, affublée du nom Israël, dont les occupants se définissent de confession juive, colonise une population arabe, le « peuple palestinien». Aussi, nous combattons des colons désignés sous le nom d'israéliens, et nous nous contrefichons totalement de leur confession religieuse. De même, si nous défendons la cause de la population palestinienne colonisée, nous le faisons au nom des principes fondamentalement humains, de la lutte contre toutes les injustices, et non du fait de son appartenance à la religion musulmane (qui ne nous nous intéresse aucunement, car la religion relève de la sphère intime, et ne peut faire, pour nous, l'objet de politisation ni être instrumentalisée pour mener des combats idéologiques ou des guerres).
A suivre…
Khider Mesloub
Nul doute, la cause palestinienne s'est diluée en combat religieux. De problème colonial international, la question palestinienne, par la faute des islamistes, a été fondamentalement dévoyée, transformée en guerre confessionnelle régionale entre musulmans et juifs. Aussi a-t-elle perdu, aux yeux de l'opinion publique internationale, son caractère politique, sa matrice colonialiste.
Les Arabes, en particulier, et les musulmans, en général, sont responsables de cette désaffection du soutien de l'opinion publique au peuple palestinien, pourtant victime d'occupation coloniale par les sionistes. À cet égard, il n'est pas inutile de rappeler que, de nos jours, 95% des fervents sionistes à l'échelle planétaire ne sont pas juifs. Il suffit de citer la France et les Etats-Unis, pays totalement acquis au sionisme, inféodés à Tel Aviv.
L'ironie de l'histoire, c'est que naguère, jusqu'aux années 1980, à l'époque progressiste du combat anti-impérialiste et anticapitaliste, avant l'émergence des mouvements islamistes, la cause palestinienne était portée aux nues. Elle constituait le ticket d'entrée de l'engagement politique. Tous les partis de gauche, socialistes et communistes, étaient pro-palestiniens. Y compris au sein des formations politiques de droite s'exprimait une empathie pour la cause palestinienne. On peut affirmer que la majorité de la population mondiale soutenait la cause palestinienne.
Ces dernières décennies, la donne a changé : l'idéologie arabo-islamiste a dénaturé cette lutte anticoloniale des Palestiniens. Elle a sapé la cause palestinienne. Elle a réduit la question coloniale palestinienne à une revendication religieuse islamique, rendant ainsi service à Israël, cette entité sioniste raciste basée sur la religion.
Dès lors, aux yeux de l'opinion publique internationale, le « conflit israélo-palestinien » revêt désormais un caractère religieux, de surcroît intra-ethnique et régionale. Il s'inscrit dans un affrontement confessionnel entre juifs et musulmans, un « schisme religieux séculaire », « une controverse théologique », une « querelle de clocher », « d'orgueil de minaret » (le mouvement islamiste Hamas a sciemment baptisé son attaque éclair « déluge d'Al Aqsa », du nom de la mosquée de Jérusalem, pour rappeler sa matrice religieuse). La dimension coloniale du conflit territorial est totalement opacifiée, escamotée, éclipsée.
En raison de la discrétisation du monde musulman, pollué par l'islamisme, confronté à un terrorisme meurtrier massif, accablé par des guerres sanguinaires, accusé (à tort ou à raison) de répandre le terrorisme partout dans le monde, l'opinion publique internationale, du fait de la transformation de la question coloniale palestinienne en un conflit religieux, s'est-elle détournée de la cause palestinienne. Pour l'opinion internationale, le sionisme ne représente pas un problème de dépossession des terres palestiniennes, d'occupation territoriale, de déplacement de la population palestinienne, mais une guerre de religion livrée à son adversaire sémite islamique palestinien, soutenu par l'ensemble des musulmans. C'est un conflit fratricide entre peuples sémites divisés par leurs obédiences confessionnelles adverses.
Aussi n'est-il pas surprenant que la majorité de l'opinion publique internationale, favorisée par la propagande sioniste, ait fini par se rallier à la cause d'Israël, érigé en victime – dans cette guerre de religion où ce pays juif est encerclé par les pays islamiques (sic) – et, par extension, à adhérer au sionisme.
L'abominable islamisme a rendu le génocidaire sionisme plus humain. Le sionisme est même devenu la religion sacrée de la majorité de pays, notamment occidentaux. Ces pays occidentaux, s'ils combattent à juste titre toute institutionnalisation du blasphème réclamée par les musulmans, ils ont en revanche légalisé, sous l'offensive du lobby sioniste, le blasphème relatif au sionisme. Désormais, notamment en France, critiquer le sionisme, du fait de sa sacralisation, constitue un « blasphème républicain ». C'est-à-dire une atteinte à la République. Sionisme est ainsi devenu synonyme de République française. « Toucher à un juif en France, c'est toucher à toute la République », proclament en chœur tous les dirigeants français. Aussi, l'antisionisme devient un interdit, un tabou. En France laïque, nous sommes entrés dans l'ère de l'idolâtrie du Sionisme, nouveau totem de la classe dominante adepte du Veau d'or.
C'est dans ce contexte de sacralisation du sionisme qu'il faut inscrire la manipulation opérée par les sionistes sur l'amalgame entre antisionisme et antisémitisme, désormais gravé dans les consciences. Effectivement, c'est à bon escient que le sionisme exploite cette dénaturation du projet de lutte anticoloniale du peuple palestinien pour l'assimiler à de l'antisémitisme. En particulier quand la lutte est portée par des non-Palestiniens, surtout des musulmans, immédiatement taxés d'antisémitisme.
La réduction de la lutte du peuple palestinien à un conflit interconfessionnel entre musulmans et juifs a favorisé grandement cette machination sioniste, orchestrée notamment en France où l'antisionisme est en voie de criminalisation par son association à une forme d'antisémitisme, dans le prolongement de la définition de l'antisémitisme de l'Alliance internationale pour la mémoire de l'holocauste (IHRA), entérinée par plusieurs pays et défendue par Emmanuel Macron devant le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF).
Aussi, pour ce qui de la France, l'« étape importante (qui) a été franchie le mardi 3 décembre 2019, avec le vote à l'Assemblée nationale d'une résolution, déposée par le député La République En Marche (LREM) Sylvain Maillard, et soutenue par le gouvernement, assimilant toute critique à l'égard de l'Etat d'Israël à de l'antisémitisme », s'inscrit-elle dans cet effritement de la cause palestinienne, impulsé par les mouvements réactionnaires islamistes, responsables de la dénaturation du combat anticolonialiste palestinien, converti en conflit interconfessionnel. En effet, désormais en France, depuis la loi du 3 décembre 2019, l'antisionisme est caractérisé comme une forme d'antisémitisme. Et pour cause !
Pour autant, ce n'est pas la puissance du lobby sioniste qui a permis le vote de cette résolution, mais l'affaiblissement de la cause palestinienne, phagocytée par les mouvements islamistes (au discours teinté, il est vrai, d'antijudaïsme primaire). Ainsi, le lobby sioniste est parvenu à étendre l'épouvantail de l'antisémitisme, favorisé par les islamistes, pour mieux subvertir la lutte antisioniste ; parvenu à stigmatiser l'antisionisme. Par une forme d'inversion accusatoire, les sionistes deviennent les victimes. Leur loi assimilant l'antisionisme à de l'antisémitisme, confectionnée sur mesure et dans la démesure de leur domination impérialiste des consciences malheureuses, permet de criminaliser désormais toute critique du sionisme ou d'interdire toute manifestation de soutien aux Palestiniens sous prétexte d'apologie du terrorisme.
Plus globalement, il ne suffit pas de fustiger les islamistes. Les dirigeants palestiniens sont également responsables de cette dérive, coupables de la désagrégation de la cause palestinienne. Assurément, à observer la compromission des principaux représentants officiels palestiniens, le président Mahmoud Abbas en tête, avec l'entité sioniste, pays théocratique et suprémaciste, on saisit mieux les motifs de cette désaffection de la cause palestinienne.
En vérité, la Palestine a toujours représenté un jeu politique pour les dirigeants bourgeois palestiniens, uniquement intéressés par le pouvoir. Et un enjeu idéologique pour tous les dirigeants autocrates des pays arabes et musulmans, tous plus corrompus les uns que les autres du fait de leur manne pétrolière et financière, aux fins de dévoyer l'attention de leurs respectives populations des problèmes socioéconomiques et politiques internes.
Il en est ainsi du régime monarchique marocain. Depuis deux mois, sous le patronage du régime de Makhzen, plusieurs manifestations ont été organisées « en solidarité avec le peuple palestinien », « pour dénoncer le massacre des Gazaouis par Israël » (sic). Mais où étaient-ils ces millions d'hypocrites Marocains quand, durant des années, leur pays, c'est-à-dire leur roi, participait au génocide du peuple yéménite dans le cadre de la coalition militaire musulmane dirigée par l'Arabie saoudite ? Pour rappel, en huit ans, la guerre au Yémen aura été l'un des conflits armés les plus meurtriers du début du XXIe siècle : plus de 380 000 Yéménites ont été massacrés, 4 millions déplacés, 80 % de la population est toujours dépendante de l'aide humanitaire, 17,3 millions de personnes sont impactées par le désastre humanitaire, dont 5 millions en situation proche de la famine, donc voués inéluctablement à mourir, par la faute de la guerre génocidaire menée par la coalition d'une dizaine de pays musulmans dont le Maroc.
En réalité, tous ces dirigeants arabes, valets de l'impérialisme, après avoir implicitement œuvré des décennies durant à la perpétuation de l'occupation de la Palestine, pour mieux pérenniser leur maintien au pouvoir par l'instrumentalisation de la cause palestinienne, aujourd'hui, ils se sont explicitement résolus à s'allier à Israël pour obtenir leur aide diplomatique et logistique en vue de consolider leur régime vacillant, menacé d'éclatement (plusieurs pays arabes, Bahreïn, Emirats arabes unis, Maroc, Soudan ont même normalisé leurs relations avec Israël).
Au final, l'islamisme constitue le meilleur soutien de l'Etat d'Israël, du fait de son alliance et de sa collusion avec l'impérialisme, et le meilleur garant de la conservation des structures rétrogrades traditionnelles des pays arabes, pays par ailleurs incapables de rivaliser avec la haute technologie israélienne et la supériorité militaire sioniste.
Qui plus est, l'islamisme considère tout juif comme un sioniste. Or, c'est exactement ce que tente d'accréditer le sionisme. Ce faisant, l'islamisme renforce davantage son alliance objective avec le sionisme. En fait, le sionisme et l'islamisme constituent l'avers et le revers de la même médaille réactionnaire, nuisible et pour les juifs et pour les citoyens de confession musulmane.
Incontestablement, la déconsidération et l'éclipse de la cause palestinienne (favorisée par l'idéologie réactionnaire islamiste) dans le monde s'inscrivent globalement dans le déclin du combat progressiste, le reflux mondial de la lutte du prolétariat international, la régression de la conscience de classe ouvrière, le dépérissement des partis révolutionnaires, l'abâtardissement du marxisme ; en un mot, dans l'affaissement du projet d'émancipation humaine.
Seule la reprise de la lutte radicale du mouvement ouvrier international, des peuples opprimés, du prolétariat mondial, dans une perspective de renversement du capitalisme, pourra redonner ses lettres de noblesse au combat du peuple palestinien, combat conduit dans une optique à la fois anticapitaliste et anticolonialiste contre l'entité sioniste, loin des scories religieuses islamiques réactionnaires et des scélérats régimes arabes inféodés définitivement au sionisme.


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