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Les trois axes directeurs de l'action du président de la République : bonne gouvernance, dialogue social et politique, développement économique
Pour le redressement national 2025/2030
Publié dans La Nouvelle République le 21 - 09 - 2024

J'ai reçu l'aimable invitation pour assister au Salon Algest de la sous-traitance qui ouvrira ses portes du 2 au 5 octobre 2024, au Pavillon A. Safex, à Alger, mais ne pouvant assister à cette importante rencontre, j'ai transmis aux organisateurs cette présente contribution. C'est que l'économie algérienne est caractérisée par une désindustrialisation, alors que ce secteur est un des facteurs déterminant de la croissance de l'économie nationale. La part de l'industrie dans le PIB et le PIB hors hydrocarbures (source officielle APS) est sur une courbe décroissante entre 1965/2023, 1965/1977, près de 13% du PIB, 11% entre 1985/1999 et 6,6% en 2000/2005 et, selon le ministère de l'Industrie et de la Production pharmaceutique, le secteur industriel national en Algérie contribue fin 2023 à 4,1% du PIB (source APS – 12 mai 2024). Entreprises publiques et privées ne dépassent pas 15% en 2023 de taux d'intégration, donc dépendantes des importations via la rente des hydrocarbures à plus de 85% pour leur fonctionnement.
La gouvernance est une question d'intelligence et de légitimité réelle et non fictive, impliquant des réaménagements dans l'organisation du pouvoir devant poser la problématique stratégique du futur rôle de l'Etat largement influencé par les effets de la mondialisation dans le développement économique et social, (pour la situation socio-économique 2023/2024 et les axes de la relance économique 2025/2030 (voir nos contributions internationales Paris Genève-Dakar Mond/Afrisue et Financial Afrik -août/septembre 2024).
3.-La nouvelle politique doit s'orienter comme je le préconise depuis les années 1980 (notre ouvrage sur l'économie algérienne paru à Office des Publications Universitaires – OPU Alger 2 volumes 560 pages 1980/1981) vers une réelle décentralisation autour de six à sept pôles régionaux socio-économiques homogènes, à ne pas confondre avec le concept dangereux du régionalisme qui annihile tout esprit de citoyenneté afin de rapprocher l'Etat du citoyen. Les exigences d'un Etat fort de sa droiture et de son droit, si elles constituent un outil vital pour la cohésion nationale et le destin de la nation, ne doivent pas occulter les besoins d'autonomie de pouvoirs locaux qui doivent être restructurés en fonction de leur histoire anthropologique et non en fonction des nécessités électoralistes ou clientélistes. La cohésion de ces espaces et leur implication dans la gestion de leurs intérêts et de leurs territorialités respectives enclencheraient alors une dynamique de complétions positives et rendrait la maîtrise des groupes plus facile pour la centralité politique nationale. L'autonomie des pouvoirs locaux ne signifie pas autonomie de gouvernement, mais un renforcement de la bonne gouvernance en fortifiant le rôle de la société civile, que seules des actions d'intérêt commun doivent légitimer et non le soutien de l'Etat.
Dans ce cadre, les collectivités locales sont régies par des textes qui ne sont plus d'actualité, autrement dit obsolètes. L'objectif central de la démarche est de transformer les collectivités locales «providence» en collectivités locales «entreprise». Cela suppose que toutes les composantes de la société et les acteurs de la vie économique, sociale et culturelle, soient impliqués, sans exclusive, dans le processus décisionnel qui engage la configuration de l'image de l'Algérie de demain qui devra progressivement s'éloigner du spectre de l'exclusion, de la marginalisation et de toutes les attitudes négatives qui hypothèquent la cohésion sociale. L'implication du citoyen dans le processus décisionnel qui engage l'avenir des générations futures, est une manière pour l'Etat, de marquer sa volonté de justice et de réhabiliter sa crédibilité en donnant un sens positif à son rôle de régulateur et d'arbitre de la demande sociale. L'image de collectivités locales managers repose sur la nécessité de faire plus et mieux avec des ressources restreintes. Il n'y aurait donc plus de place pour le gaspillage et le droit à l'erreur, ce qui exclut obligatoirement le pilotage à vue au profit d'actions fiabilisées par des perspectives de long terme d'une part, et d'autre part les arbitrages cohérents qu'implique la rigueur de l'acte de gestion.
4.- A la lumière des résultats de l'élection présidentielle du 7 septembre 2024, qui ont montré que les nombreux partis et bon nombre de segments de la société civile ayant eu peu d'impacts pour la mobilisation de la population, car déconnectés de la société, s'impose leur restructuration en adéquation avec les aspirations de la population algérienne, ainsi que l'accélération des réformes économiques qui seront déterminantes pour l'avenir de l'Algérie entre 2025 et 2030.
Comment ne pas rappeler, mais avons-nous été écouté, que j'ai tracé les axes directeurs de ces réformes politiques, sociales et économiques, fruit d'un travail collectif à la rédaction desquels ont contribué des collègues spécialistes en anthropologie, en droit, en économie et en sciences politiques (Réformes et démocratie – Office des publications universitaires OPU 1981, 420 pages reproduit dans Editions Amazon Paris 2018 et Casbah Editions 2 volumes, Mondialisation – Réformes et démocratie 500 pages 2005), et dans le programme de l'Association nationale de développement de l'économie de marché (ADEM), dont j'ai eu l'honneur d'être le président de 1992 à 2016. Ces propositions opérationnelles ont été reprises dans plusieurs contributions et conférences nationales et internationales depuis plus de 30 ans. Mais avons-nous été écoutés ? (Pr A. devant le parlement européen, à l'Université de Clemson en Caroline du Sud (USA), au siège de l'Uneco, devant les ambassadeurs accrédités à Alger, au siège du ministère des Affaires étrangères d'Algérie, à l'Académie interarmes de Cherchell, à l'Ecole supérieure de Guerre, à l'Institut militaire IMPED-MDN, devant les cadres de la DGSN et de l'Etat-Major de la Gendarmerie nationale, aux universités de Annaba, Constantine, Tizi-Ouzou, Béjaïa, Sidi Bel Abbès, Tlemcen, Oran, et à l'Ecole nationale d'administration d'Alger – ENA). Ces travaux d'une brûlante actualité s'inscrivent en partie dans la tradition déjà bien établie du concept de «transitologie» traitant des expériences des pays du Tiers-Monde et de l'ex-bloc socialiste, analysant les différentes politiques élaborées et exécutées en guise de réponses aux grands défis internes et mondiaux.
En conclusion, de nombreux défis attendent l'Algérie qui a toutes les potentialités pour devenir un pays émergent et être un acteur majeur de la stabilité de la région méditerranéenne et africaine, mais sous réserve de profondes réformes, du retour à la confiance, condition de la nécessaire mobilisation générale, fonction de la moralité de ceux qui dirigent la cité.
Abderrahmane Mebtoul
Professeur des Universités
Expert international


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