Les grands médias occidentaux ne font pas leur travail. Ils n'informent plus. Ils déforment, mentent, ne vérifient plus leurs sources, ou plus aisé encore, omettent volontairement de parler de ce qui devrait être la priorité de l'information, pour nous distraire avec des sujets sans le moindre intérêt. Ce type de journalisme sera bientôt remplacé. Des humanoïdes prendront la place de ceux qui se seront couchés devant la caste de la haute finance, pensant qu'ainsi ils préserveraient leur job. C'est juste l'inverse qui se prépare et ces pleutres ne pourront s'en prendre qu'à eux-mêmes, ils auront participé activement à leur propre disparition. Des robots nous liront des infos concoctées de toutes pièces par l'I.A d'agences de communication au service du pouvoir en place. Pas de vague. Pas d'accroc. Aucun sujet trop clivant. Une propagande bien huilée. Aseptisée. Pour une population anesthésiée à petites doses de faits divers insipides, inodores et incolores, ponctués de jeux débiles. L'effroyable génocide de la population palestinienne auquel nous assistons est le résultat de notre indifférence pour ce qui se déroule depuis des décennies dans ce coin de territoire que nous n'avons jamais mis en priorité de nos préoccupations. Par un récit tronqué et fallacieux sur quantité de points, et un relais cinématographique abondant, l'idéologie sioniste a inlassablement travaillé l'inconscient collectif européen, afin qu'il accepte qu'en mémoire des juifs spoliés et exterminés par l'Europe nazie, leurs descendants et apparentés méritent une terre d'accueil qui, dans la foulée, nous absoudraient de nos fautes passées, quand dans le même temps, nous abandonnions les Palestiniens, chassés de chez eux, perdant d'un coup tous leurs droits. Et au fil du temps, plutôt que d'accepter différentes propositions de partage, même à leur évident avantage, les sionistes ont poussé leurs acteurs les plus extrémistes à en exiger toujours plus, jusqu'à envisager le vol total par annexion des terres arabes, et l'expulsion de leurs propriétaires par n'importe quel moyen, y compris le génocide actuel. Voilà le résultat de notre laisser-faire et notre incapacité à tracer des limites et faire respecter le Droit. Nous rendant du même coup, complices – quand ce n'est pas carrément, soutiens actifs – par désinvolture et manque de courage. Dans le cadre des Missions d'Observateurs civils en Palestine occupée, les Palestiniens rencontrés sur place nous ont demandé avec insistance d'être leur voix pour relayer l'information qu'ils ne pouvaient transmettre eux-mêmes, empêchés de voyager pour la plupart afin de venir témoigner de leurs conditions de survie. Au retour de différentes missions entre 2001 et 2004, j'entamais une série d'articles dont l'un à propos de la bande de Gaza qui m'était apparue comme un vaste camp concentrationnaire, voire même sous certains aspects, d'extermination. Cela m'a valu une volée de bois vert, même de la part de soi-disant militants pro- palestiniens qui estimaient que j'y allais 'trop fort' et qu'il était des mots et des expressions qu'il ne fallait pas utiliser. Réservés apparemment, aux seules victimes juives des camps nazis sous le IIIè Reich. En 2008, je publiais dans «La Démocratie Mensonge» que ce à quoi nous assistions en Palestine occupée relevait du «génocide». Et explicitais l'usage de cette terminologie avec la définition détaillée qu'en donne le Droit international. Ouh là là, qu'avais-je lâché comme «scud»? ! L'on m'a fait comprendre une fois encore – et pas toujours de la plus aimable façon – qu'il était des termes «tabous» à usage exclusif et dévolus à la seule communauté juive. Et qu'il était quasiment sacrilège de les dévoyer de la sorte. D'aucuns me renvoyaient même à la célèbre phrase attribuée à A. Camus, à propos de «mal nommer les choses, ajoute au malheur du monde, etc...» Quelques années plus tard, à la vue de la dégradation continue de ce qui se passait en territoires palestiniens, j'écrivais un article expliquant que le gouvernement sioniste entrait dans un compte à rebours qui le mènerait à sa perte.Cela m'a valu là encore, une volée de bois vert et quelques noms d'oiseaux de la part de ceux qui en étaient encore à défendre les Accords d'Oslo et leur solution à 2 Etats vivant côte à côte, dans une paix juste et durable, et le blabla diplomatique habituel. Complètement déconnecté de la réalité du terrain.Peu après, dans un nouvel article, j'ai osé dresser des équivalences entre le sionisme et le nazisme. Je ne m'étendrai pas sur ce que j'ai dû essuyer comme virulentes remarques et admonestations de toutes parts, sans même parler de sites qui ont refusé de publier mon article. M'invitant pour les plus courageux d'entre eux, à modérer quelque peu mes propos. Il y a juste cinq ans, en septembre 2019, après de multiples interventions toujours plus violentes de la part des différents gouvernements sionistes à l'encontre des Palestiniens, dont plusieurs épisodes guerriers meurtriers contre la population encagée de Gaza, j'écrivais un autre article intitulé «Toute tentation de guerre pourrait être la dernière pour Israël». Cela provoqua une déferlante de quolibets et de huées de la part de ceux qui arrogants, me répétaient qu'Israël était la plus puissante armée de la région et sans doute l'une des plus fortes au monde, sans parler de son indéfectible allié américain, et que je prenais mes désirs pour la réalité. Un peu plus tard, je m'obstinais à prévoir la fin de ce régime de terreur, expliquant même qu'il faudrait probablement aller jusqu'à la destruction de la mosquée al-Aqsa de Jérusalem pour que l'oumma se réveille enfin et réalise le tsunami que cela annonçait pour le monde arabo-musulman d'abord, avec en corollaire l'effondrement de cet Etat paria qu'est 'Israël' et la fin de cette immonde colonie sioniste qui aura fait tant de dégâts autour d'elle... mais dans des affres et des douleurs incommensurables. L'on m'a ri au nez, raillé, me soufflant avec quelque condescendance que je divaguais et qu'il était grand temps «de me calmer», et d'arrêter «d'écrire n'importe quoi...» Pourtant, à la vue de ce qui se passe depuis le 7 octobre 2023, à l'exception de l'épisode de la destruction de la mosquée al-Aqsa, tout ce que j'ai écrit s'est réalisé et colle au plus près des terribles réalités que chacun peut voir de ses propres yeux. Résultat des tergiversations et des atermoiements de tous ceux qui, se mêlant de ce dossier, ont choisi de ménager peu ou prou le régime sioniste, au nom d'une culpabilité toujours présente et non résolue, d'autant qu'elle est soigneusement entretenue par ce régime criminel qui en a fait son fond de commerce. Mais, le 16 septembre dernier paraissait un article sur le site Palinfo, dont le contenu confirme mon alerte et mes craintes quant à la mosquée al-Aqsa, sous le titre : «Un extrémisme millénaire... Une communauté terroriste tente de bombarder al-Aqsa». L'article est une fiction. Celle-ci est postée par le groupe «Communauté des Enfants du Mont Moriah» ayant publié une vidéo d'un missile de guerre frappant la mosquée Al-Aqsa et la détruisant, afin que le 3è Temple soit construit à sa place. Chacun appréciera... et prendra peut-être la mesure de ce qui risque de se jouer bientôt en cet endroit si sensible et devenu explosif du monde.Je terminerai en confirmant ce que j'entrevois pour le futur proche de la région : par ses actes d'une violence intolérable, l'entité coloniale telle qu'elle existe actuellement est de plus en plus rejetée à travers le monde, et disparaîtra sous les coups opiniâtres de la résistance palestinienne et de ses quelques alliés fidèles, au profit du retour aux frontières de la Palestine historique. Le prix à payer pour y parvenir enflera encore et risque d'atteindre des centaines de milliers de victimes, de part et d'autre. Mais les Palestiniens le savent et ne reculeront plus. Ils connaissent l'histoire et savent que c'est le prix à payer pour se débarrasser d'un occupant colonial et accéder à leur liberté. Tout comme ils savent que, passés les moments de liesse d'accéder enfin à leur autodétermination, les lendemains seront difficiles et sanglants, entachés par de multiples règlements de comptes. Mais, par-dessus tout, ils sont déterminés à mettre un terme à leur interminable Nakba! Daniel Vanhove * Daniel Vanhove est l'auteur de plusieurs livres sur la Palestine dont : co-auteur de « Retour de Palestine », 2002 – Ed. Vista ; « Si vous détruisez nos maisons, vous ne détruirez pas nos âmes », 2004 (Préface de Ilan Halevi – Ed. M. Pietteur. Il contribue à diverses publications, dont Mondialisation.