Ils étaient trois à rester en vie sur les 32 joueurs qui ont formé l'équipe de la Liberté. Maintenant, ils ne sont plus que deux. Mohamed Maouche et Defnoun Abderahmanne. Jamais, au grand jamais, un pays n'a connu une révolution comme celle qu'a connue l'Algérie. C'est sous la houlette de feu Boumezrag et du Front de Libération Nationale qui ont eu l'idée de constituer une équipe nationale composée de joueurs professionnels pour rejoindre la Tunisie. Au début, personne ne savait qu'elle était leurs rôles ? Monter au maquis et prendre les armes à la main. Bien au contraire, ils ont abandonné leurs carrières pour jouer au football avec ce qui allait devenir l'Equipe de la liberté. Les trente-deux footballeurs ont parcouru le monde pour dénoncer l'injustice, les tortures, que la France faisait subir aux Algériens. Rachid Mekhloufi n'avait que 22 ans. Il était très jeune pour pouvoir prendre une décision aussi importante. A savoir répondre positivement à l'appel pour faire partie de l'équipe de la Liberté, lui qui avait déjà porté les couleurs de l'équipe de France. Rachid Mekhloufi avait tout abandonné afin de rejoindre l'équipe de football qui allait devenir le porte-flambeau de la cause algérienne. Mekhloufi Rachid a fait trembler les stades de France, l'inter-gauche qu'il était, le distributeur de jeu hors-pair, le grand stratège qui a défendu les Verts de l'AS Saint-Etienne, un club français qui a dominé le football des bleus dans les années 1960 avec les Robert Herbin, Jean Michel Larqué… Mais Rachid Mekhloufi a préféré les Verts de la Liberté. Il a beaucoup donné au football algérien, avant et après l'indépendance. Il a excellé dans l'art du contre-pied et dans celui d'envoyer le cuir au fond des filets, grâce à un tir aussi soudain que précis. Il a réussi le doublé en 1968 en Coupe de France et en championnat en étant le maestro de la formation stéphanoise. Né le 18 août 1936 à Sétif, il débuta sa carrière footballistique à l'USMS avant de tenter l'aventure professionnelle à Saint-Etienne, un club de première division française puis avec les couleurs de l'équipe de France. Il rejoint l'équipe de la Liberté à Tunis. En 1962, après un bref passage au Servette de Genève où se trouvait son ex-entraîneur Snella, il retourne à l'ASSE avec laquelle il partage plusieurs titres et trophées. Il quitte ce club pour Bastia comme entraîneur-joueur où la réussite ne fut pas de son côté. Voilà un footballeur qui n'a jamais cessé de crier à qui veut l'entendre, que faire partie de l'équipe de la Liberté vaut plus que les trésors du monde, et que le fait de n'avoir pas pu être un mondialiste en 1958, il n'y a aucun regret à ce sujet puisque pour lui l'Algérie, la patrie, l'indépendance, la liberté passaient avant tout… Dans les années postindépendances, Khabatou, Ibrir et Firoud lui ont confié la direction des Verts. Ce sera ainsi durant six ans jusqu'au fameux match de Tunis comptant pour la Coupe du monde de 1968. Il offre à l'Algérie deux médailles d'or, l'une aux Jeux Méditerranéens de 1975 et l'autre aux Jeux Africains d'Alger de 1978. Par la suite, il supervisa la sélection africaine et la sélection arabe. En 1982, il est nommé Directeur technique à l'occasion du Mondial espagnol puis il repart en France, plus spécialement à Mulhouse qui venait d'acquérir Salah Assad. Rachid Mekhloufi a acquis une popularité grandiose dans son pays et sa vie est exemplaire. Un homme qui a beaucoup donné à son pays. En cette triste occasion, l'ensemble du personnel de La Nouvelle République, à leur tête le Directeur général, présente leur sincère condoléances à la famille du défunt. A Allah nous appartenons, à lui nous retournons.