Les Nations unies sont totalement engagées à soutenir un transfert de pouvoir en douceur en Syrie à travers un « processus politique inclusif » qui garantisse les droits des minorités, a déclaré mercredi le secrétaire général de l' ONU. Le SG des Nations unis s'exprimait en Afrique du Sud où il participait à une réunion en prévision du sommet du G20 de l'année prochaine. «En ce moment même, nous assistons à la refonte du Moyen-Orient », a-t-il déclaré aux journalistes, soulignant que le droit des Palestiniens à leur propre Etat doit être « constamment réaffirmé ». La fin du régime de Bachar Al-Assad est un signe d'espoir, a-t-il ajouté, soulignant qu'il faut une Syrie unie « avec son intégrité territoriale pleinement rétablie ». M. Guterres a dit que son Envoyé spécial, Geir Pedersen, discute avec tous les « acteurs clés » en Syrie de la voie à suivre, ajoutant qu'il fait entièrement confiance au «peuple syrien, pour pouvoir choisir son propre destin ». Pénuries alimentaires et flambée des prix Alors que des pénuries alimentaires ont été signalées dans les grandes villes syriennes, notamment à Deir ez-Zor, Damas et Hama, le prix du pain a augmenté dans certaines localités de 900% entre le 27 novembre et le 9 décembre, ont indiqué mercredi les Nations unies. Dans son dernier rapport sur la situation en Syrie, le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA) note que les combats et l'instabilité ont de « graves conséquences économiques ». Des hausses de prix d'autres produits ont été signalées sur les marchés à travers le pays, le prix du poulet ayant augmenté de 119 %, ce qui affecte gravement l'accès des populations à l'alimentation de base. De manière générale, les prix ont augmenté entre le 27 novembre et le 9 décembre de 18 à 90 % sur tous les marchés. Or sur le terrain, les hostilités en cours limitent l'accès humanitaire – en particulier à Quneitra, Menbij et Deir ez-Zor – entravant les efforts de distribution de l'aide alimentaire et l'accès des agriculteurs à leurs terres alors que la saison des semis de blé commence. De plus, l'extrême fluctuation des taux de change a également entraîné une instabilité économique, provoquant la fermeture des magasins et la thésaurisation des produits par les marchands. Accès limité des services de nutrition dans le nord-est Dans ce climat d'incertitudes, la plupart des interventions en matière de nutrition, y compris les centres de surveillance nutritionnelle, qui fonctionnent sous l'égide du ministère de la Santé, sont toujours suspendues. De nombreux agents de santé et de nutrition se sont déplacés vers d'autres gouvernorats en raison de l'insécurité, selon l'OCHA qui ajoute que l'accès aux services de nutrition dans le nord-est de la Syrie reste limité à cause des hostilités en cours, les couvre-feux et les pénuries de carburant. Les services de nutrition à Ar-Raqqa sont suspendus depuis le 8 décembre. Trois cliniques mobiles à Deir ez-Zor et deux centres de nutrition à Menbij sont fermés. « Les stocks de produits nutritionnels préventifs sont insuffisants dans toutes les régions de Syrie », souligne l'OCHA, relevant que le stock de fournitures préventives et curatives de l'Unicef n'est suffisant que jusqu'en mars 2025 dans le nord-ouest de la Syrie. Face à cette situation de pénuries observées dans plusieurs localités syriennes, plus de 590.000 personnes dans le nord-ouest du pays ont reçu du pain, des repas chauds, des rations prêtes à consommer et d'autres formes d'aide alimentaire entre le 27 novembre et le 12 décembre. Une évaluation rapide des besoins est en cours dans l'ouest d'Alep et d'Idleb afin d'ajuster la stratégie d'assistance alimentaire. Selon l'OCHA, l'instabilité a freiné la réponse dans le nord-est de la Syrie, mais les partenaires continuent d'apporter leur aide par le biais de multiples modalités, y compris des repas chauds et des rations d'aliments secs. Des cas de «détresse importante» Par ailleurs, les hôpitaux syriens sont « submergés par le nombre élevé de cas de traumatismes [psychologiques] ». « Les partenaires de santé ont signalé une détresse psychologique importante parmi les civils, avec des signes de traumatisme particulièrement prononcés chez les enfants », a déclaré l'OCHA. « Les besoins en matière de santé dans le nord-est de la Syrie sont urgence pour soutenir le système de santé. Au total, 140 établissements de santé dans le nord-ouest de la Syrie sont confrontés à une grave pénurie de fonds, notamment des hôpitaux, des banques de sang et des centres de dialyse. Plus largement, la situation sécuritaire et humanitaire en Syrie reste volatile et dynamique quelques jours après l'effondrement du régime Assad le 8 décembre. Reprise des activités humanitaires pour quand ? Alors que les populations continuent de se déplacer, les partenaires humanitaires tirent la sonnette d'alarme quant aux niveaux élevés de contamination par des engins explosifs. Au moins 52 champs de mines de différentes tailles ont été identifiés au cours des 10 derniers jours et marqués entre Alep et Idleb, limitant le mouvement des civils et empêchant la livraison de biens et de services. Malgré les difficultés et l'instabilité, les agences onusiennes et leurs partenaires poursuivent leurs activités lorsque les conditions de sécurité le permettent. Toutes les ONG et tous les établissements de santé qui avaient suspendu leurs activités à Idleb et dans le nord d'Alep en raison des combats sont maintenant revenus à la normale. L'opération transfrontalière depuis la Türkiye se poursuit sans entrave. Le 10 décembre, 25 camions transportant de l'aide de l'ONU ont traversé la frontière vers le nord-ouest de la Syrie. Neuf camions transportant 219 tonnes de paniers alimentaires du Programme alimentaire mondial (PAM) ont traversé le poste frontière de Bab Al-Salam, tandis que 16 camions humanitaires ont traversé Bab Al-Hawa. Les activités humanitaires dans le nord-est de la Syrie restent toutefois largement limitées en raison de l'insécurité. Les ONG à Menbij restent fermées, ce qui entraîne la suspension des services sur l'eau et l'assainissement (WASH) dans le camp de Menbij, qui abrite près de 16.000 déplacés internes. « Les activités sanitaires dans tous les établissements de santé soutenus par les ONG sont également restées suspendues en raison d'informations faisant état de pillages », a précisé l'OCHA.