Alors que la nouvelle administration américaine menace de s'emparer du territoire de Gaza, le chef de l'Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a renouvelé, jeudi, son engagement à aider les résidents de l'enclave, dont les droits continuent, selon lui, « d'être violés ». Philippe Lazzarini a dénoncé la « déshumanisation systématique » dont font l'objet les habitants de Gaza depuis le début de la guerre dans le territoire, en octobre 2023. «Les Palestiniens, y compris ceux de Gaza, comptent », a rappelé le chef de l'UNRWA. « Leurs droits, leur vie et leur avenir comptent », a-t-il insisté, avant d'ajouter que les droits de l'homme ne peuvent pas être « appliqués de manière sélective ». Les commentaires de M. Lazzarini faisaient suite à la proposition du Président américain, Donald Trump, en début de semaine, de « prendre le contrôle » de Gaza et de déplacer définitivement toute la population palestinienne – une mesure qui, selon le Secrétaire général de l'ONU, s'apparenterait à un acte de « nettoyage ethnique ». Dans son message, M. Lazzarini a justement rappelé les propos d'António Guterres, pour qui « la paix exige la fin de l'occupation et la création d'un Etat palestinien indépendant, dont Gaza serait partie intégrante ». Le chef de l'UNRWA a déclaré que ses équipes «sont déterminées à continuer de fournir une assistance essentielle aux réfugiés palestiniens qui en ont le plus besoin, jusqu'à ce que les institutions palestiniennes autonomes deviennent une alternative durable et viable ». L'UNRWA fait cependant face à d'énormes défis dans l'accomplissement de sa tâche. Le mois dernier, deux lois israéliennes sont entrées en vigueur qui proscrivent aux autorités du pays tout contact avec l'agence et interdisent les opérations de cette dernière en Israël, y compris à Jérusalem-Est, que le pays occupe depuis 1967. Dans ce cadre, l'UNRWA a évacué ses locaux dans la ville sainte, et temporairement redéployé son personnel international en Jordanie, cependant que son personnel local demeure sur place et continue de fournir de l'aide aux Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza. Parallèlement, le chef des opérations humanitaires de l'ONU était en visite à Gaza, où il a annoncé, jeudi, que plus de 10 000 camions d'aide humanitaire étaient rentrés depuis le début du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, le 19 janvier dernier. Lors d'un point de presse, Farhan Haq, le porte-parole adjoint du Secrétaire général, a rapporté M. Fletcher s'était rendu, vendredi, dans un abri géré par l'UNRWA à Deir al Balah, dans l'enclave. A cette occasion, M. Fletcher a rencontré des familles déplacées, qui lui ont fait part des difficultés qu'elles ont endurées au cours des 16 derniers mois. Il s'est également entretenu avec le personnel de l'abri des défis auxquels ils sont confrontés pour fournir une aide essentielle aux déplacés. Cet abri de l'UNRWA est l'une des nombreuses écoles de Gaza transformées en lieu d'accueil pour familles déplacées durant la guerre, privant du même coup les enfants d'un accès à l'éducation. M. Fletcher s'est ensuite rendu à Jérusalem, via le point de passage de Kerem Shalom, où il a rencontré les responsables des agences humanitaires de l'ONU et d'autres organisations. Les responsables ont notamment discuté de la meilleure façon de soutenir l'intensification de l'aide humanitaire à Gaza, ainsi que de poursuivre l'aide essentielle à travers la Cisjordanie. Plus de 10 000 camions d'aide depuis le début du cessez-le-feu La communauté humanitaire a franchi un jalon important, jeudi, avec l'annonce que plus de 10.000 camions d'aide humanitaire avaient pénétré dans Gaza depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, le 19 janvier dernier. C'est le chef de l'aide humanitaire de l'ONU, Tom Fletcher, qui a annoncé la nouvelle, dans la matinée, alors qu'il était lui-même sur le point de pénétrer dans le nord de Gaza à la tête d'un convoi. M. Fletcher a précisé que les camions en question contenaient de la nourriture, des médicaments et des tentes de première nécessité pour les habitants de l'enclave, après plus d'un an de bombardements israéliens ininterrompus entre le début de la guerre, en octobre 2023, et l'entrée en vigueur de la trêve. Au cours des derniers jours, M. Fletcher a dit avoir eu des « discussions pratiques » avec les autorités israéliennes à Tel-Aviv et à Jérusalem, y compris le Président du pays, pour garantir que « l'aide humanitaire vitale de l'ONU continue d'être acheminée à grande échelle vers Gaza ». Par ailleurs, Farhan Haq, le porte-parole adjoint du Secrétaire général de l'ONU, a rapporté lors d'un point de presse, à New York, que plus d'un demi-million de personnes sont revenues dans le nord de Gaza depuis le début du cessez-le-feu, d'après les estimations du bras humanitaire des Nations unies (OCHA). Les besoins en nourriture, eau, assainissement, soins de santé et tentes sont énormes, alors que certains retournent dans leurs maisons avec des pelles pour déblayer les décombres, selon le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef). Dans une mise à jour, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a quant à elle dit avoir reçu 63 camions de fournitures médicales de la part de partenaires humanitaires pour réapprovisionner ses trois entrepôts à Gaza. En outre, plus de 100 malades et blessés ont été évacués vers l'Egypte pour des soins médicaux d'urgence depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu temporaire. Parallèlement, des services de santé primaires et secondaires sont fournis dans toute la bande de Gaza. L'OCHA précise que cinq ambulances sont entrées à Gaza pour renforcer la capacité de réponse aux urgences. Le PAM présent sur le terrain Le Programme alimentaire mondial (PAM) sont désormais opérationnelles dans l'enclave, ainsi que les 22 boulangeries soutenues par le même programme. Depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, le PAM a également fourni des compléments alimentaires à plus de 80.000 enfants et femmes enceintes ou allaitantes à Gaza, et l'Unicef a continué de distribuer une aide nutritionnelle aux nourrissons. Le porte-parole adjoint a en outre indiqué que les partenaires humanitaires ont examiné plus de 30 000 enfants de moins de cinq ans pour détecter la malnutrition depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu. Parmi eux, 1.150 cas de malnutrition aiguë ont été identifiés, dont 230 cas de malnutrition aiguë sévère. En outre, Haq a signalé que l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a distribué près de 100 tonnes d'aliments pour animaux, afin de soutenir les éleveurs de Deir al Balah et Khan Younis, au profit de centaines de personnes travaillant dans le secteur agricole.