«Je tiens, au préalable, à féliciter Mme Salma Hadadi pour son élection au poste de vice-présidente de la Commission de l'Union africaine (UA), représentant l'Algérie après une compétition loyale avec la candidate marocaine qui n'a pas déméritée, étant un honneur pour l'Algérie l'essentiel étant de défendre les intérêts supérieurs de l'Afrique. Sa mission est importante face aux importantes tensions sécuritaires et conflits que traverse le continent où une nouvelle architecture des relations internationales se dessine entre 2025/2030». L'Afrique est un continent possédant des richesses colossales, ce qui explique les actions de déstabilisation d'acteurs externes et les rivalités des grandes puissances et de certains pays émergents où nous assistons à des rencontres périodiques, USA, Afrique-Chine, Afrique-Russie, Afrique et où après plusieurs rencontres, la prochaine rencontre programmée le 13 mars 2025, Europe-Afrique pour ne citer que les principaux acteurs. Le monde traverse une turbulence inégalée comme en témoigne l'accroissement des budgets militaires à travers le monde ; plusieurs pays exportateurs d'armes se disputent l'influence en Afrique subsaharienne, la Russie ayant dépassé pour la première fois la Chine pour devenir le plus grand fournisseur de la région, où sa part des importations d'armes par les est passée de 21% durant la période 2013-2017 à 26% au cours de la période 2018-2022, tandis que la part de la Chine a chuté de 29 % à 18 %, la France ayant augmenté sa part de 4,8 % à 8,3 %, ce qui fait d'elle le troisième plus grand fournisseur d'armes à l'Afrique subsaharienne. Les autres principaux fournisseurs d'armes aux pays africains au cours des cinq dernières années sont les Etats-Unis (16%), la Chine (9,8 %) et la France (7,6 %) et la Russie 40 %. Au total, l'Afrique représente 5% des importations d'armes enregistrées à l'échelle mondiale durant les cinq dernières années contre 41% pour la région Asie & Océanie, 31% pour le Moyen-Orient, 16% pour l'Europe et 5,8% pour les Amériques, les pays d'Afrique subsaharienne ayant représenté 2 % du total des importations mondiales d'armes majeures entre 2018 et 2022. Ces achats sont venus s'ajouter aux centaines de milliers d'armes tous genres, dont 15 000 missiles sol-air étaient dans les entrepôts de l'armée libyenne, qui ont été accaparés par différents groupes terroristes qui opèrent au Sahel, puis par d'autres groupes venus d'autres régions. Les ingérences de puissances étrangères, en Afrique ont bouleversé toute la carte géopolitique de la région avec des impacts sécuritaires, favorisant le terrorisme et les flux migratoires. Contrairement à certaines supputations, selon le centre d'études stratégique pour l'Afrique en 2023, la plupart de la migration africaine se produit à l'intérieur du continent puisque les migrants cherchent des emplois dans des centres économiques voisins où 8% des migrants africains sont à l'intérieur du continent, l'Afrique ne représentant que 14 % des migrants du monde, comparé à 41 % venus d'Asie et 24 % d'Europe de l'Est. D'une manière générale, pour l'Afrique, la lutte contre le terrorisme devra s'attaquer à l'essence, une bonne gouvernance et le développement, le tout sécuritaire ayant des limites, nécessitant une coopération des pays de la zone devant lever les contraintes du fait que la corruptibilité générale des institutions, pèsent lourdement sur les systèmes chargés de l'application des lois et la justice pénale en général qui ont des difficultés à s'adapter aux nouveaux défis posés par la sophistication des réseaux du crime organisé (la cyber-criminalité). C'est que la collaboration inter-juridictionnelle est ralentie par l'hétérogénéité des systèmes juridiques en Afrique. De plus, la porosité des frontières aussi bien que la coordination entre un grand nombre d'agences chargées de la sécurité aux frontières posent des problèmes où la stratégie doit viser à attirer graduellement les utilisateurs du système informel vers le réseau formel et ainsi isoler les éléments criminels pour mieux les cibler tout en diminuant les dommages collatéraux pour les utilisateurs légitimes. Pour l'Afrique, il reste un long chemin à parcourir pour renforcer son intégration économique, devant être réaliste, existant pas une Afriques mais des Afriques, devant passer par des sous intégrations régionales répondant aux avantages comparatifs de ces sous ensembles. Selon la Cnued, le taux d'intégration en 2O23 de l'Afrique est d'environ 15/17% avec un PIB en 2023 estimé à 2 800 milliards de dollars contre 2 500 en 2022, environ 2,7% du PIB mondial , presque l'équivalent de celui de la France qui a une population de 68 millions d'habitants, et le PIB de l'ensemble des cinq pays du Maghreb moins de 3% d'intégration, pour 110 millions d'habitants, avoisine 500 milliards de dollars, presque l'équivalent de celui de la Belgique pour 11 millions d'habitants, montre qu'il lui reste, un long chemin à parcourir. Il s'agira d' accélérer la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) adopté le 1er janvier 2021, 54 pays africains l'ayant signé et 47 ratifié, qui selon la Banque mondiale pourrait permettre aux pays africains de faire sortir de l'extrême pauvreté 30 millions d'habitants et d'accroître le revenu de 68 millions d'autres personnes qui vivent avec moins de 5,50 dollars par jour et sur les 450 milliards de dollars de gains potentiels, environ 300 milliards proviendraient des mesures de facilitation du commerce visant à lever les freins bureaucratiques et à simplifier les procédures douanières. L'accord devrait réduire les droits de douane entre les pays membres et traitera d'aspects de politique générale liés notamment à la facilitation des échanges et aux services, tout en englobant des dispositions réglementaires telles que les normes sanitaires et les barrières techniques au commerce. La mise en œuvre des mesures de la ZLECAF permettrait de réorganiser les marchés et les économies de la région et de stimuler la production dans les secteurs des services, de l'industrie manufacturière et des ressources naturelles. Cette l'intégration sous- régionale à travers la création d'un marché commun de biens et de services renforcera la complémentarité économique du continent , stimulera le commerce intra-africain, augmentera les revenus de l'Afrique et permettra à des millions d'Africains de sortir de l'extrême pauvreté. En conclusion, l'Afrique, selon la majorité des observateurs internationaux sera la locomotive de l'économie mondiale entre 2030/2040/2050, pouvant facilement multiplier son PIB quatre ou cinq, entre 2030-2035. Mais pour l'amélioration du niveau de vie de sa population, l'Afrique sera avant tout ce que les Africains voudront qu'elle soit, mais supposant des entreprises compétitives en termes de coût/qualité, ce qui renvoie à la bonne gouvernance et à la valorisation du savoir, pilier du développement des Nations. Abderrahmane Mebtoul, Professeur des universités,