Le 9 août dernier s'est éteint le moudjahid Mohamed-Salah Benabdesslam. Un homme de valeurs parti en silence, sans faire de bruit. Toux ceux qui l'on connu décrivent un homme discret, modeste et qui n'aime pas se mettre sous les feux de la rampe. Lui qui a pourtant derrière lui un parcours riche d'un militant qui a consacré les plus belles années de sa vie à la cause nationale. Né 13 janvier 1936 dans le quartier populaire de Sidi Djeliss, Mohamed-Salah Benabdesslam a fréquenté l'école française durant les cycles primaire et moyen, parallèlement aux cours qu'il suivait au sein de l'établissement de l'association des Uléma musulmans, ouvert dans le quartier d'Arbaine Cherif, où il apprendra la langue arabe et les fondements de la religion musulmane. Agé à peine de 19 ans, il rejoindra les rangs du FLN en 1955. Il sera chargé de la collecte d'armes et de munitions acheminées vers la Ferme dite Lemghayeche dans l'ex-région de Bizot, actuelle Didouche Mourad, et qui fut l'un des centres de l'ALN dans la zone II, devenue la wilaya II historique après le congrès de la Soummam. L'une de ses premières opérations fera date dans l'histoire de la ville. Un évènement dont les anciens habitants de Constantine se rappellent encore de nos jours. Il s'agit de l'attentat commis en février 1956 contre le commissaire de police Corse San Marcelli, chef du 2ème arrondissement, dont le siège se trouvait à la place Rahbet Essouf. Une opération que Mohamed-Salah Benabdesslam mènera avec réussite avec le moudjahid Saïd Boulahlib. San Marcelli sera tué dans le sabbat situé près de la mosquée Sidi Lakhdar, selon les témoignages de ceux qui ont vécu cet attentat. Depuis, le commissariat du 2ème arrondissement sera fermé puis transféré à l'ex-rue Clemenceau (actuelle Larbi Ben M'hidi). L'opération a provoqué une onde de choc parmi l'administration coloniale et a été longuement rapportée par la presse. Après l'arrestation d'un de ses compagnons, Si Salah sera poursuivi par les services de police. Sa famille sera obligée de changer plusieurs fois de domicile, après les pressions et les perquisitions effectuées quasi quotidiennement à la maison parentale située à l'ex-cité Faubourg Lamy (actuelle Emir Abdelkader). Un témoin des massacres de Sakiet Sidi Youcef Si Salah sera ainsi contraint de quitter Constantine pour rejoindre le maquis de la wilaya II. Sous le commandement de Si Messaoud Boudjeriou, il prendra part à plusieurs opérations dans la forêt de Chettaba, la région d'El Ghorab, mais aussi en ville où il fut chargé avec un groupe de fidayine de faire exploser le bar fréquenté par les militaires français à la cité du Chalet de Pins, lors d'une nuit du Ramadhan de l'année 1957, en plus d'autres attentats commis dans la ville. La même année qui a vu Si Salah prendre part à la bataille de Oued Seguen, dans la région de Oued Athmenia, la bataille d'El Mayeda dans la région d'El Milia, et la bataille de Chekayel dans la région de Collo. En traversant la ligne Challe lors d'une mission vers la Tunisie, Si Salah sera un témoin des massacres du petit village frontalier de Sakiet Sidi Youcef, bombardé par l'aviation française, un jour de marché. En Tunisie, et après avoir reçu une instruction militaire de haut niveau, il sera chargé de la responsabilité d'une fabrique d'explosifs destinés à l'armée de libération, installée dans une villa à Tunis. Poursuivi depuis 1956 par les services de sécurité français pour les différentes actions qu'il a menées à Constantine, en témoignent les multiples procès verbaux de mandat d'arrêt rédigés à son encontre, Si Salah Benabdesslam sera condamné une première fois le 15 mai 1959 par le tribunal permanent des forces armées de la région de Constantine à 20 ans de travaux forcés par contumace. Le même tribunal prononcera à son encontre la peine de mort par contumace le 12 novembre 1959 et le 7 mars 1960, avec la saisie de tous ses bien. Si Saleh aura la chance de vivre la joie de l'indépendance. Déclinant plusieurs postes de responsabilité qui lui ont été proposés, il a préféré se consacrer à sa famille et à son travail au sein du secteur des textiles entre 1966 et 1967, avant d'opter en 1969 pour la Sonacome jusqu'à son départ à la retraite en 1988. L'une des images qu'on garde de lui est celle illustrée par cette photo prise par un photographe égyptien près de la frontière tunisienne. Une photo très célèbre publiée dans les manuels scolaires, et affichée dans tous les coins du pays. On y voit un groupe de moudjahidine en kachabia, portant des mitraillettes. En premier, sur la rangée de droite figure le célèbre Daoudi Slimane, plus connu par Hamlaoui. Juste à gauche se tient debout Mohamed-Salah Benabdesslam.