Au courant de l'année 622, sur ordre d'Allah le Tout-Puissant, le Prophète Mohamed (QSSSL) ordonna aux premiers musulmans de quitter La Mecque pour la ville-oasis de Yathrib (la future Médine), située à environ 350 km plus au nord. Lui-même ne tarda pas à s'y diriger avec son compagnon de toujours, le fidèle Abou Bakr Es-Seddiq, qui lui succèdera plus tard, en 632, à la tête du jeune Etat musulman. Auparavant, les Médinois avaient promis solennellement d'accueillir toute la communauté musulmane qui s'y rendrait et s'étaient engagés à les défendre et vivre avec eux comme des frères. C'était pour cela qu'ils reçurent l'appellation d'El Ançar alors que les exilés volontaires étaient appelés El Mouhadjiroun. Rappelons qu'à l'époque, la future capitale de l'Islam était habitée par les musulmans hôtes des émigrés qoraïchites et par les tribus suivantes : Al Aws, Al Khazradj, et trois tribus juives que sont Banou Qounaiqaâ, Banou Nadhir et Banou Quouraydha. Ces derniers jouissaient de grandes fortunes et dominaient le commerce du blé, du vin et des tissus. De plus, ils contrôlaient la totalité des puits d'eau et avaient beaucoup de terres. D'autre part, se considérant toujours comme étant un peuple «élu de Dieu», ces juifs méprisaient les Arabes, et en apprenant que le dernier prophète était issu de la plus noble des tribus arabes, Qoraïch, leur haine redoubla encore car ils pensaient que l'ultime messager d'Allah viendrait de leur communauté. A son arrivée à Médine, Mohamed Ibn Abdellah (QSSSL) s'occupa des nombreux problèmes qui se posaient inéluctablement dans la ville. Parmi eux, la pauvreté extrême des exilés, l'adversité sournoise des mécréants et la duplicité infinie des juifs. Le Prophète (QSSSL) prit rapidement trois mesures essentielles : il fit construire une mosquée, lieu de culte et creuset de la nouvelle société, tissa les liens fraternels entre ses compagnons d'exil et les musulmans de Médine, et, enfin, il définit clairement les rapports avec les juifs précisant leurs droits et leurs devoirs au sein du groupe des habitants de Médine. Une nouvelle société était en train de voir le jour à partir de cette date, société basée sur la fraternité, l'entraide, le respect, l'égalité, l'amour du travail et de l'effort ainsi que l'esprit de sacrifice. Cette cohésion fut démontrée amplement au cours de la future bataille de Badr couronnée par la première victoire décisive de l'Islam quelques mois après l'arrivée du Prophète (QSSSL) à El Madina El Mounawara. Le retour de la caravane qoraïchite de Syrie Au courant des premiers jours du mois sacré de Ramadhan de l'an 2 de l'hégire, le Messager de Dieu (QSSSL) apprit qu'une grande caravane commerciale à laquelle avaient participé tous les Qoraïshites était de retour de Syrie pour regagner La Mecque, étant conduite par Abû Souffyân, l'un des plus acharnés adversaires de l'Islam. Elle était financée, en réalité, par les biens saisis et spoliés par les idolâtres au détriment des musulmans persécutés qui avaient abandonné tous leurs biens dans leur ville natale en se réfugiant à Médine. Cette riche caravane d'une valeur de cinquante mille dinars comptait également mille chameaux et était sous la surveillance d'une quarantaine de cavaliers sous les ordres de son éminent chef et influente personnalité de La Mecque. Conscient de cette situation, le Prophète (QSSSL) fit appel à des volontaires pour intercepter cette grosse caravane et récupérer ainsi une partie des biens confisqués par les ennemis de l'Islam en 622. Cela était indispensable pour se procurer les moyens nécessaires afin de faire face aussi aux confrontations futures avec les ennemis de la nouvelle religion divine comme elle avait pour but d'affaiblir le potentiel économique de Qoraïch, donc de l'affaiblir militairement. Dans ce contexte, il est utile de préciser que le petit groupe de musulmans en route pour s'emparer de la caravane qoraïchite ne s'imaginait guère qu'il était sur le point s'engager dans une véritable – et décisive – bataille dont les conséquences furent déterminantes. A la veille de la première grande confrontation Sous la conduite de son prestigieux chef, Mohamed (QSSSL), la petite armée musulmane était composée de 313 hommes (77 Mouhadjer et 236 Ancar), deux chevaux seulement et soixante-dix dromadaires sur lesquels se relayaient deux ou trois hommes alternativement pour éviter la fatigue. Le Messager de Dieu (QSSSL) confia à Mouçab Ibn Oumayr l'étendard de l'armée musulmane, à Ali Ibn Abi Taleb la bannière des Mouhadjer et à Sâad Ibn Mouaadh celle des Ançar, ensuite il envoya des éclaireurs pour rassembler des informations sur la caravane pendant son chemin de retour et qui s'approchait lentement de la petite localité de Badr, située à environ une centaine de kilomètres au sud-ouest de Médine. De son côté, ayant appris qu'une armée musulmane était sortie pour assaillir la caravane qu'il avait la responsabilité de ramener indemne jusqu'à La Mecque, Abou Souffyan s'empressa d'envoyer un émissaire à La Mecque donner l'alerte aux Qoraïchites, et les ameuter afin qu'ils accourent défendre leurs biens. Sans perdre de temps, les polythéistes mecquois levèrent une forte armée dans laquelle tous leurs clans étaient représentés, à l'exception des Banou Adiyy. En vérité, ils voyaient là une occasion inespérée pour en finir avec les musulmans une fois pour toutes. Lorsque le Messager de Dieu (QSSSL) apprit la nouvelle, fidèle à son habitude, il demanda aussitôt conseil à ses compagnons sur la meilleure décision à prendre face aux événements :intercepter la caravane marchande et affronter l'armée la plus puissante du Hedjaz. (A suivre)